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Ce qu’a dit Lotfi Abdelli sur Abir Moussi est abject, mais non à la censure !

Celles et ceux qui se sont soulevés pour la dignité de Abir Moussi ont dit des atrocités mille fois pires sur Lotfi Abdelli, sa femme, sa mère, ses enfants et même sur le public féminin qui a ri de son humour. Rien ne justifie la censure et les fatwas hostile à l’art et à la liberté.

Par Leila Toubel *

Je suis sans voix et sans mots quand des «progressistes» des «démocrates» et des «artistes» applaudissent la censure du spectacle de Lotfi Abdelli. Quelle est la différence entre tout ce «beau monde» qui exhibe liberté et modernité et les islamistes/salafistes qui ont saccagé le palais Abdellia, à la Marsa, à cause d’une exposition, qui ont saccagé la salle de cinéma Africa à cause d’un film et pris en otages des spectateurs, qui ont attaqué des artistes devant le théâtre municipal à cause d’un défilé de costumes, qui ont empêché une représentation théâtrale de feu Nejib Khalfallah pour son seul intitulé?! Il n’y a aucune différence à quelques détails près, mais le résultat est le même.

Etouffer la parole n’a jamais dompté personne

Je ne vais pas aller par quatre chemins, ce qui s’est passé avec Lotfi Abdelli est une démonstration de force, un avertissement à toutes et tous ceux qui oseront toucher Abir Moussi, présidente du Parti destourien libre (PDL) ou la critiquer, c’est cette machine qui a imposé l’omerta pendant 23 années de dictature, cette machine toujours aux mains du RCD, un parti-tyran qui renaît de ses cendres après avoir servi Ennahdha juste après la révolution en se laissant pousser une barbe et qui se remet en marche aujourd’hui avec les mêmes mécanismes pourris et immondes.

Ce qu’a dit Lotfi Abdelli est abject, un humour de très mauvais goût; il a dépassé les bornes – il n’a jamais épargné quiconque et il a été fortement applaudi par les mêmes personnes qui le maudissent et le lynchent aujourd’hui –, mais il y a le boycott et il y a la justice comme recours dans une société qui essaye de bâtir une démocratie, alors que la censure est l’arme des régimes totalitaires et fascistes; museler les bouches, étouffer la parole n’a jamais dompté personne.

Jetez-moi vos pierres, si vous savez combien je m’en fous !

Celles et ceux qui se sont soulevés pour la dignité de Abir Moussi ont dit des atrocités mille fois pires sur Lotfi Abdelli, sa femme, sa mère, ses enfants et même sur le public féminin qui a ri de son humour, des vidéos avec des gens pitoyables, des photos montées, des insultes homophobes et misogynes comme j’en ai vus lors des campagnes de lynchage menées par des islamistes.

Les gens ont trouvé une belle occasion pour vomir leur mal-être, leur haine qui devient le Covid-20 de notre malheureuse société, leur hypocrisie insoutenable; ces mêmes gens qui ont traité Bochra Bel Hadj Hmida et Saida Garrach de mercenaires parce qu’elles ont témoigné d’un fait liée à l’histoire de Abir Moussi; ces mêmes gens qui n’ont jamais vu un spectacle de théâtre de leur vie et qui nous ont fait leur fatwa hostile à l’art et à la liberté; ces gens qui ont cautionné la médiocrité des télés poubelles, des feuilletons délirant de bassesse, qui suivent et écoutent les chroniqueuses et chroniqueurs qui déballent, dans les talk-shows télévisés et radiophoniques, la petitesse d’esprit, la vulgarité, l’absence d’analyse, qui parlent un vocabulaire dépourvu de sens et de bon sens.

Je suis triste, dégoûtée et en colère, allez-y, jetez-moi vos pierres, si vous savez combien je m’en fous !

* Dramaturge et comédienne.

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