Conflit dans le nord: Barack Obama s'est-il embourbé en Irak?

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Conflit dans le nordBarack Obama s'est-il embourbé en Irak?

En autorisant des frappes aériennes tout en reconnaissant ne pas avoir de calendrier précis, le président américain s'est impliqué dans un dossier qui pourrait l'accaparer jusqu'à la fin de son mandat.

Pas de troupes de combats au sol, frappes aériennes ciblées contre les jihadistes de l'État islamique (EI), envoi de conseillers militaires sur le terrain (130 supplémentaires viennent d'arriver): le président américain a décliné depuis une semaine sa stratégie. Mais en affirmant que les États-Unis étaient prêts, en fonction de l'évolution du climat politique à Bagdad, à aider un nouveau gouvernement «dans sa lutte contre les forces terroristes», M. Obama se projette aussi plus avant. «Le président Obama semble avoir adopté une stratégie d'engagement militaire sur la durée en Irak», estime Anthony Cordesman, du Center for Strategic and International Studies, saluant une nouvelle approche qui est peut-être «la bonne», mais qui est aussi à «hauts risques».

Certains de ses adversaires républicains n'ont pas tardé à dénoncé la démarche, jugeant impératif de taper plus fort et plus vite face à l'avancée fulgurante des jihadistes ultra-radicaux. Pour les sénateurs John McCain et Lindsey Graham, il faut pourchasser les combattants - et les leaders, de l'EI en Irak comme en Syrie, sans attendre un hypothétique changement politique dans la capitale irakienne. Deux objectifs ont été mis en avant pour l'heure par la Maison Blanche: protéger les Américains stationnés à Erbil, capitale du Kurdistan irakien, et éviter un génocide dans les montagnes de Sinjar. Une vingtaine de soldats américains qui ont effectué mercredi une mission de reconnaissance sur place ont rapporté qu'il y avait «beaucoup moins de Yazidis sur place que craint auparavant».

Même dans l'hypothèse où la majeure partie des Yazidis parviennent à échapper au pire, la défense d'Erbil devra se poursuivre et il apparaît désormais peu probable que Washington accepte comme un fait accompli le contrôle par l'EI de pans entiers du territoire et abandonne un nouveau gouvernement irakien à son sort. Si l'opération américaine s'inscrit dans la durée, les cibles visées pourraient être appelées à évoluer. «Jusqu'ici, nous avons assisté à des frappes très limitées contre quelques cibles très vulnérables», tels que des camions et véhicules blindés stationnés sur des routes, souligne Stephen Biddle, du Council on Foreign Relations.

(L'essentiel/AFP)

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