Tunisie: Moncef Marzouki succède à Ben Ali comme président "de la 1e république arabe libre"

  • Moncef Marzouki, devant l'Assemblée constituante de Tunis le 12 décembre 2011.
    Moncef Marzouki, devant l'Assemblée constituante de Tunis le 12 décembre 2011. Fethi Belaïd AFP
  • M. Marzouki avec le Premier ministre Hamadi Jebali, à l'Assemblée, à Tunis, le 12 décembre 2011.
    M. Marzouki avec le Premier ministre Hamadi Jebali, à l'Assemblée, à Tunis, le 12 décembre 2011. Fethi Belaid AFP
  • Portrait de l'ancien opposant, élu Président de la Tunisie Portrait de l'ancien opposant, élu Président de la Tunisie
    Portrait de l'ancien opposant, élu Président de la Tunisie AFP
Publié le , mis à jour
© 2011 AFP

Moncef Marzouki, médecin et farouche opposant de gauche au régime Ben Ali, a été élu lundi à la présidence de la Tunisie par l'Assemblée nationale constituante issue de l'élection du 23 octobre, premier scrutin pluraliste libre de l'histoire du pays.

Moncef Marzouki, 66 ans, dirigeant du Congrès pour la République (CPR, gauche nationaliste), a été élu par 153 voix pour, 3 contre, 2 abstentions et 44 votes blancs sur un total de 202 votants.

Onze mois après la chute de Zine El Abidine Ben Ali chassé par le soulèvement populaire qui a donné ensuite naissance au "printemps arabe", M. Marzouki a fait part à l'AFP de son "formidable honneur" de devenir le président "de la première république arabe libre".

Bête noire du président déchu, ce défenseur des droits de l'Homme prendra mardi ses quartiers au palais présidentiel de Carthage, avant de prêter serment sur le Coran devant la Constituante mardi matin.

La première mission de M. Marzouki après sa prestation de serment sera de désigner un chef de gouvernement, qui doit être l'islamiste Hamadi Jebali, dont la future équipe doit obtenir la confiance de l'assemblée.

L'hymne national a retenti dans l'hémicycle après son élection, alors ses partisans criaient "fidélité aux Martyrs de la révolution!".

Costume gris, chemise blanche mais sans cravate comme toujours, M. Marzouki, un médecin de formation, a remercié tous les députés. "Le message par lequel vous me dîtes +nous t'aurons à l'oeil+ est bien reçu", a-t-il lancé en direction de l'opposition qui a voté blanc.

"Ce jour est mémorable, vive la Tunisie du plus profond de mon coeur", a-t-il ajouté, se disant "fier de porter la plus précieuse des responsabilités, celle d'être le garant du peuple, de l'Etat et de la révolution".

En accédant à la magistrature suprême, le dirigeant du CPR Moncef Marzouki devra renoncer à toute responsabilité sein de sa formation.

Subtil et fin tacticien, cet opposant historique à Ben Ali, qui a vécu 10 années en exil en France, réalisera ainsi son rêve. M. Marzouki avait annoncé sa candidature à la présidence de la République trois jours après la chute, en janvier, de l'ex dirigeant.

Il est réputé pour son intransigeance et ses talents de tribun, mais reste critiqué pour son alliance avec les islamistes d'Ennahda qui domineront le gouvernement.

Quarante quatre élus ont voté blanc pour marquer leur opposition aux pouvoirs jugés démesurés qui seront attribués au Premier ministre islamiste, au détriment de ceux du président élu, a expliqué à l'AFP Samir Bettaieb du Pôle démocrate moderniste (PDM, gauche).

Neuf candidats à la présidence ne répondant aux critères ont été écartés.

La cérémonie de passation des pouvoirs avec le président intérimaire Fouad Mebazaa, qui a dirigé la Tunisie depuis la chute de Ben Ali, aura lieu mardi au palais présidentiel de Carthage, en banlieue nord de Tunis.

Il devra jurer d'oeuvrer à l'établissement d'un Etat de droit et de rester fidèle "à la mémoire des martyrs, aux sacrifices consentis par les Tunisiens au fil des générations, et aux objectifs de la révolution".

Selon la constitution provisoire votée samedi par l'Assemblée constituante, le chef de l'Etat est le chef suprême des forces armées et définit la politique étrangère en concertation avec le Premier ministre.

Il promulgue et publie les lois votées par la Constituante, nomme et révoque les hauts gradés et le Mufti (autorité religieuse) en concertation avec le chef du gouvernement.

Il peut être démis de ses fonctions par deux-tiers au moins des élus.

Son mandat devrait durer un an au moins jusqu'à la rédaction et l'adoption d'une constitution définitive par l'Assemblée constituante et la tenue d'élections générales.

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