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Seif el-Islam Kadhafi : «La Libye sera un pays heureux»

Seif el-Islam Kadhafi, le fils du leader lybien, dirige la Fondation Kadhafi (AFP). AFP

Pour le fils du Guide libyen, la visite lundi de son père en France doit couronner les retrouvailles entre Paris et Tripoli.

Âgé de 33 ans, Seif el-Islam est le plus «visible» des enfants du Guide libyen. Éduqué en Autriche et en Angleterre, il se fait l'avocat des réformes économiques. Il dirige la Fondation Kadhafi, qui a joué un rôle de premier plan dans la libération des infirmières bulgares. Il est souvent présenté comme le possible successeur de son père.

Le Figaro. Qu'attend la Libye de cette visite ?

Seif el-Islam KADHAFI.- Pour nous, elle doit couronner les nouvelles relations entre la France et la Libye. Nous avons commencé avec la résolution de la question du DC-1O d'UTA, puis il y a eu les infirmières bulgares, puis les contrats signés entre notre pays et des sociétés françaises, y compris l'accord sur une centrale nucléaire. Ce fut un long processus, que je suis depuis longtemps. Maintenant, la visite du Guide à Paris montre que nous avons atteint le sommet de notre relation.

Des contrats importants seront-ils signés ?

Bien sûr. Nous allons acheter pour plus de 3 milliards d'euros d'Airbus, un réacteur nucléaire, et nous voulons aussi acheter de nombreux équipements militaires. Nous négocions sur les Rafale. Des compagnies françaises ont remporté des marchés importants, comme, par exemple, la construction du nouvel aéroport de Tripoli. Suez et Veolia ont aussi remporté des contrats importants dans le domaine de l'environnement.

La Libye veut donc avoir sa propre industrie nucléaire civile ? Pour quoi faire ?

Pour produire notre électricité, ce qui nous permettra d'exporter la totalité de notre gaz et de notre pétrole.

Êtes-vous content du niveau d'investissements français en Libye ?

Il devrait y en avoir plus. C'est le moment d'investir en Libye, dans l'immobilier, le gaz, le pétrole, le tourisme…

En l'espace d'un an, on a pu voir d'énormes changements en Libye. À quoi ressemblera votre pays dans dix ans ?

La Libye sera un pays moderne, avec des infrastructures modernes, un PNB élevé. Ses citoyens auront le meilleur niveau de vie de la région. La Libye aura des relations plus proches avec le reste du monde, avec l'Afrique, un partenariat avec l'Union européenne. Elle adhérera à l'OMC. La Libye sera le pont entre l'Europe et l'Afrique.

La nouvelle Libye ressemblera-t-elle à Dubaï ?

J'accepte toutes les comparaisons. Comme Dubaï, comme Singapour, comme Honolulu, comme vous voudrez. Nous devons être un pays fort, heureux, riche et moderne.

Comment allez-vous utiliser les revenus supplémentaires apportés par la hausse du prix du pétrole ?

En investissant à l'étranger, comme le montre la création de la Libyan Investment Authority.

Tout cela semble un peu loin du livre vert de votre père.

Nous voulons garder et améliorer notre troisième voie, notre propre vision du socialisme. Nous avons nos propres idées, comme la distribution d'actions des sociétés privatisées aux plus pauvres. C'est une interprétation du livre vert, pas un abandon.

Votre père l'approuve-t-il ?

J'en suis sûr.

Êtes-vous intéressé par la proposition d'Union méditerranéenne du président Sarkozy ?

Oui, tant qu'elle n'inclut pas Israël.

Souhaitez-vous, comme d'autres États de la région, que la future Union méditerranéenne serve de cadre à la gestion des problèmes d'immigration africaine en Europe ?

Oui, c'est ce que nous souhaitons.

Quelle est votre position sur le prochain envoi d'une force d'interposition européenne au Tchad, un pays sur lequel la Libye a toujours voulu avoir une forte influence ?

Je pense que mon père est contre, mais moi je suis pour. Car je pense que cette force peut arriver à arrêter le bain de sang au Tchad.

Que pouvez-vous dire sur les droits de l'homme en Libye ?

La situation est meilleure qu'en Tunisie, au Maroc, en Jordanie ou aux États-Unis. Il n'y a pas de prisonniers politiques, et un système judiciaire transparent.

Des ONG ont dénoncé l'extradition par les États-Unis de prisonniers djihadistes libyens.

Oui, il y en a. Ils vivent dans de très bonnes conditions, comparées à celles des États-Unis.

Quelle est votre position sur Abd el-Basset al-Megrahi, le responsable des renseignements emprisonné en Écosse pour l'attentat de Lockerbie, et qui a obtenu le droit à faire appel ?

Nous pensons qu'il est innocent, et nous nous battrons jusqu'au bout pour qu'il rentre chez lui. Les preuves contre lui sont très faibles. Elles ont été manipulées.

S'il est innocenté, la Libye demandera-t-elle le remboursement des compensations qu'elle a versées aux familles ?

Je ne sais pas.

Et dans l'affaire de l'attentat contre le DC-10 d'UTA, pour lequel six Libyens ont été condamnés à la perpétuité par contumace en France ?

Ils sont innocents eux aussi. C'est la même histoire. Nous l'avons dit de nombreuses fois aux autorités françaises. Nous voulons un nouveau procès.

Les condamnés seraient-ils prêts à venir en France pour ce nouveau procès ?

Je ne sais pas encore. Mais nous voulons un nouveau procès.

Dans ce cas, pourquoi la Libye a-t-elle payé des compensations aux familles des victimes, à travers la fondation que vous dirigez ?

Pour faire lever l'embargo des Nations unies. Nous avons bien compris que c'était la condition.

Quel rôle jouez-vous en politique ? Êtes-vous l'héritier du pouvoir ?

Je suis un catalyseur. Un élément dont la présence produit des réactions, fait arriver les choses, comme en chimie. Pour l'avenir, je ne suis pas devin.

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