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"Il n'y a plus rien en commun entre les Ă©lites russes et le peuple"

Pour le politologue Ivan Krastev, l'Union européenne a cru naïvement que les ex-pays de l'Est - et notamment la Russie - allaient naturellement adopter son modèle démocratique.

Propos recueillis par Piotr Smolar (propos recueillis)

Publié le 06 décembre 2012 à 13h24, modifié le 06 décembre 2012 à 13h38

Temps de Lecture 6 min.

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Un intellectuel européen, passionné par son époque et l'histoire ; un analyste aux formules acérées, fin connaisseur de l'espace postsoviétique. Ainsi peut-on présenter le politologue bulgare Ivan Krastev. Directeur du Centre de stratégies libérales, à Sofia, il est l'un des membres fondateurs du European Council on Foreign Relations, un des plus fameux cercles de réflexion européens.

Est-il pertinent de parler, à propos de l'ex- Europe de l'Est, d'un "espace postsoviétique", ou est-ce un raccourci paresseux ? La formule a un sens, car il y a un héritage historique, intellectuel et politique qui continue à déterminer de nombreux choix faits par ces sociétés. Mais le raccourci paresseux existe dans la façon de parler de cet espace très divers. L'héritage soviétique ne suffit pas à expliquer les dynamiques en cours.

Prenons les pays baltes. Appartiennent-ils encore à l'espace postsoviétique ? Si c'est non, cet héritage est-il pour autant insignifiant dans ces pays ? Prenons l'Asie centrale. Ce qui se dessine dans la région est l'importance croissante de la Chine et de l'islam, ainsi que le flétrissement des réseaux politiques postsoviétiques et des réflexes idéologiques. Enfin, il y a les autres pays : Russie, Biélorussie, Ukraine, Arménie, Géorgie et Moldavie.

Avant les révolutions arabes, les "révolutions de couleur" en Géorgie, en Ukraine et au Kirghizistan nous ont fait croire à l'émergence d'un monde nouveau... Nous étions amoureux de nos propres théories, fascinés à un tel point par l'explosion d'énergie citoyenne que nous manquions de curiosité pour la situation sur le terrain. Les "révolutions de couleur" nous ont rassurés sur la portée universelle du charme démocratique, à un moment où les rêves occidentaux de promotion de la démocratie étaient éprouvés par la réalité de l'occupation en Irak. Les publics européens ont été captivés par l'image des leaders charismatiques et réformistes, aimés de leur peuple, tel Ioulia Timochenko en Ukraine ou Mikheïl Saakachvili en Géorgie. Ces "révolutions" se lisaient comme un conte moral, l'affrontement entre des peuples bons, proeuropéens et démocrates, et les restes des vieilles élites prorusses, aux tendances autoritaires. Il y avait aussi l'espoir que la démocratisation dans l'espace postsoviétique conduirait à la démocratisation de la Russie elle-même.

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