Le ministre de la défense de la France, Jean-Yves Le Drian, est arrivé mardi 27 janvier en Espagne, au centre de formation de pilotes d'élite de l'Organisation du traité de l'Atlantique nord (OTAN), où le crash d'un avion de chasse a coûté la vie à neuf Français et deux Grecs, lundi après-midi.
L'un des blessés français qui se trouvait « en situation d'extrême urgence » est mort mardi matin. « Il y a des moments extrêmement pénibles, comme celui que nous vivons en ce moment. J'ai tenu à être là, c'est ma place à la fois pour me recueillir devant les dépouilles et réconforter autant que possible les blessés », a déclaré M. Le Drian.
La levée de corps n'a pu commencer que dans l'après-midi, car le crash avait dégagé une substance très toxique, l'hydrazine, un carburant utilisé par l'appareil, a expliqué sur place Jose Guerreira, porte-parole de l'armée de l'air espagnole. Les résidus d'hydrazine encore présents sur le tarmac ont limité l'accès au site et retardé la recherche des boîtes noires de l'appareil.
Le parquet de Paris a ouvert une enquête sur les causes de l'accident car, même si les faits ont eu lieu à l'étranger, l'ouverture d'une enquête en France est une procédure classique lorsque des nationaux comptent parmi les victimes. Des officiers de police judiciaire de la section de recherches de la gendarmerie de l'air et des militaires de l'Institut de recherche criminelle de la gendarmerie devaient se rendre sur place mardi, dans le cadre d'une demande d'entraide pénale internationale transmise aux autorités judiciaires espagnoles.
VINGT PERSONNES BLESSÉES
En Espagne, une enquête a également été ouverte et confiée à un juge de Valence avec la garde civile. Une commission d'enquête technique est aussi à l'œuvre. Vingt personnes ont été blessées, onze Italiens et neuf Français, selon le ministère de la défense de l'Espagne. Plusieurs sont dans un état grave, la plupart souffrent de brûlures.
L'accident s'est produit vers 15 heures lundi, lors d'un entraînement sur la base aérienne de Los Llanos, dans la province d'Albacete, située à environ 250 kilomètres au sud-est de Madrid. Au moment du décollage, le F-16 a perdu de sa puissance et s'est écrasé sur le tarmac, heurtant cinq appareils qui s'y trouvaient, dont deux Alpha Jet et deux Mirage 2000-D, alors que de nombreuses personnes étaient déployées au sol. Les pompiers ont mis une heure à éteindre l'incendie causé par le crash.
L'ESCADRE MIRAGE 2000 DE NANCY DÉCIMÉE
Un pilote, un navigateur et six mécaniciens français ont été tués alors qu'ils étaient déployés au sol. Deux blessés français se trouvaient en coma artificiel, selon le ministère de la défense de la france.
La journaliste du Monde spécialiste des questions de défense précise que plusieurs sont originaires de la base aérienne de Nancy.
François Hollande a rapidement réagi, exprimant dans un communiqué « [s]a vive émotion ».
ENQUÊTE OUVERTE
Le ministre de la défense de l'Espagne, Pedro Morenes, et le chef d'état-major de l'armée de l'air, Francisco Javier Arnaiz, se sont déplacés dans la soirée de lundi sur le lieu de l'accident pour superviser les opérations de secours.
Selon le quotidien espagnol El Pais, les militaires grecs participaient à des manœuvres d'entraînement dans le cadre du Tactical Leadership Program (TLP). Ce programme de formation regroupe dix pays — Allemagne, Belgique, Danemark, France, Espagne, Etats-Unis, Grèce, Hollande, Italie et Royaume-Uni —, mais d'autres nations peuvent y être invitées.
Le TLP se trouve à Albacete depuis 2006 ; auparavant il était en Belgique. Il n'avait jamais connu de tel accident. Selon le site du ministère de la défense de la France, le TLP est l'une des formations « les plus réputées et les plus exigeantes au monde » pour les pilotes de chasse. Les pilotes y sont déployés pour ces cours avec leurs appareils, qu'il s'agisse de Mirage ou encore de F-16.
Toujours selon El Pais, le programme de formation auquel participait le F-16 grec avait commencé le 19 janvier et devait se terminer le 13 février. Quelque 750 militaires de neuf pays y participent, pilotes et personnel au sol.
Le secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg, a fait part de sa profonde tristesse à la suite de cette tragédie :
« J'adresse mes plus sincères condoléances aux proches des personnes qui ont perdu la vie, ainsi qu'à leur pays, et je souhaite un rétablissement rapide aux blessés. »
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