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François Ruffin : « La macronite ? C’est le “socialisme” dans sa phase terminale »

Selon le journaliste et réalisateur de « Merci Patron », le ministre de l’économie incarne l’arrogance d’un gouvernement de gauche qui ne mesure pas la difficulté de trouver du travail.

Publié le 03 juin 2016 à 16h08, modifié le 06 juin 2016 à 03h30 Temps de Lecture 5 min.

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Emmanuel Macron parle avec un opposant, le 27 mai à Lunel.

Par François Ruffin, journaliste et cinéaste

« Ca va ? T’es partie en vacances ? » J’avais croisé Laurelyne un week-end, à la sortie de Mametz (dans le Pas-de-Calais). La jeune fille marchait sur le bord de la route. Je m’étais arrêté pour qu’elle monte. Elle avait hésité à s’asseoir, mes deux enfants à l’arrière l’avaient rassurée.

« On m’a proposé un CDI, à Metz, dans un hôtel, elle me racontait. J’étais prête à partir là-bas, mais j’avais pas d’argent pour déménager. Pour emporter mes affaires en Lorraine, il fallait que je loue une camionnette, 250 euros, et que quelqu’un me conduise. J’ai pas le permis. »

« Pôle emploi, ils ont pas une “aide à la mobilité”, un truc comme ça ? »

« Je suis allée voir. Ils ont supprimé cette aide. La dame m’a expliqué qu’avec tous les chômeurs, ils faisaient des économies, et donc que ça n’existait plus. Je me suis dit : c’est pas possible, y’a bien quelque chose pour moi, mais non : y’a rien. Il faut que j’aie 25 ans. Avant ça, ils comptent sur les parents, sauf que moi, mes parents, il faut pas que je compte dessus… »

« Tu fais comment ? »

« J’ai reçu 50 euros de la commune. »

« 50 euros ! »

Pendant ce temps, le ministre de l’économie grondait : « Si j’étais un chômeur, je n’attendrais pas tout de l’autre, j’essaierais de me battre »

Je l’avais déposée à la gare de Lillers, pour qu’elle remonte sur Béthune. (Elle ne paie jamais ses billets, elle m’expliquait, et le dimanche le contrôleur ferme les yeux.) Quelques mois plus tard, donc, je prenais de ses nouvelles : « T’es partie en vacances ? »

« Je voudrais bien mais j’ai pas d’argent. Non, j’ai cherché du travail. »

« Et t’as trouvé ? »

« Je viens de terminer ma période d’essai chez Cora, c’est la mission locale qui m’a proposé ça. Ils m’ont payé 230 euros les six semaines, alors que je faisais les 35 heures et tout ! C’est affolant. »

« Et c’est terminé, là ? »

« Oui, mais ils vont m’embaucher pendant six mois en contrat pro. »

« Contrat pro, ça veut dire que t’as une formation et tout ? »

« Nan, enfin oui, mais c’est à l’intérieur de l’entreprise, une formation pour tenir la caisse ! Alors que j’ai déjà fait ça chez Match pendant toutes mes études. C’est pour qu’ils puissent toucher les aides, ils sont exonérés je crois. »

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