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L’histoire de France selon Macron

Des débuts de sa campagne à ses premiers gestes au pouvoir, le président a fait grand usage des symboles historiques. Avec quel dessein ?

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Publié le 16 septembre 2017 à 12h00, modifié le 16 septembre 2017 à 12h00

Temps de Lecture 7 min.

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Emmanuel Macron à Oradour-sur-Glane (Haute-Vienne), le 10 juin.

Emmanuel Macron n’évoque jamais ses quatre arrière-grands-pères, combattants de la première guerre mondiale. Ernest Arribet et Fabien Noguès furent tous deux incorporés dans la cavalerie ; Henri Macron passa par l’artillerie ; quant à George William Robertson, boucher originaire de Bristol, engagé volontaire dans la British Expeditionary Force, il fut un héros de la bataille de la Somme et fonda une famille avec une jeune Amiénoise au lendemain de l’Armistice.

Pourtant, M. Macron le répète à l’envi : il vient d’une région, les Hauts-de-France, « où les cimetières sont légion ». A Arras, le 26 avril, quelques jours avant son élection, il déclarait : « Ces paysages, aux confins de la Somme et du Pas-de-Calais, j’en connais les charmes, la tristesse et les souffrances. Ce pays, ce pays où nous sommes, il a connu toutes les guerres de l’Europe. Toutes. »

« Sortir du ressassement »

Depuis son élection à la présidence, Emmanuel Macron a surtout investi la seconde guerre mondiale. Le 10 juin, il présidait la 73e cérémonie commémorant le massacre d’Oradour-sur-Glane ; huit jours plus tard, il célébrait, au Mont-Valérien, l’appel du 18 juin 1940 ; le 16 juillet, il commémorait, avec le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, le 75e anniversaire de la rafle du Vel’d’Hiv. « Emmanuel Macron aborde le passé en jeune homme avec l’idée que l’histoire est tragique, estime l’historien Patrick Garcia. Il y a chez lui un désir de vérité comme condition de la sortie du ressassement, d’où l’envie de faire bouger les lignes. »

Patrick Garcia relève que la présence de Benyamin Nétanyahou a occulté une dimension capitale du discours prononcé par le chef de l’Etat au Vel’d’Hiv : « En insistant sur le fait que ni le racisme ni l’antisémitisme n’étaient nés avec le régime de Vichy, qu’ils étaient là, vivaces, sous la IIIe République, lors de l’affaire Dreyfus et dans les années 1930, Emmanuel Macron prend en compte l’extrême droite sur la longue durée. Cette perspective n’était présente ni dans le discours de Chirac de 1995, ni dans celui de Fillon de 2007, ni dans celui de Hollande de 2012. »

« Plus qu’à l’Occupation ou à la Résistance, Macron se réfère à la Libération, vue comme un acte fondateur. C’est un moyen pour lui d’affirmer la légitimité de l’intervention de l’Etat », souligne l’historien Olivier Wieviorka.

Dans son livre Révolution (XO, 2016), M. Macron revient avec insistance sur la seconde guerre mondiale, ne cachant pas son admiration pour Charles de Gaulle et les résistants. A peine élu, il a posé, pour la photo officielle, avec les Mémoires de guerre du Général à portée de main. « Plus qu’à l’Occupation ou à la Résistance, Macron se réfère à la Libération, vue comme un acte fondateur avec le programme du Conseil national de la Résistance et les réformes du général de Gaulle, qu’il considère comme des étapes capitales dans l’histoire de France, souligne Olivier Wieviorka. C’est un moyen pour lui d’affirmer la légitimité de l’intervention de l’Etat. Dans la mesure où il est taxé de libéral et où on le soupçonne de vouloir démanteler les grandes conquêtes de la Libération, cette référence lui permet d’affirmer qu’il ne bradera pas l’héritage. »

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