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Polynésie : la France dénonce une "ingérence flagrante" de l'ONU

L'Assemblée générale de l'ONU a adopté une résolution plaçant la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser.

Le Monde avec AFP

Publié le 17 mai 2013 à 04h10, modifié le 17 mai 2013 à 20h10

Temps de Lecture 4 min.

L'atoll de Tuvalu, à 1 000 km des îles Fidji, dans l'océan Pacifique.

L'Assemblée générale de l'ONU a adopté vendredi 17 mai une résolution plaçant la Polynésie française sur la liste des territoires à décoloniser, malgré la défaite des indépendantistes aux dernières élections territoriales et des pressions de Paris.

Adoptée par consensus, la résolution "affirme le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l'autodétermination et à l'indépendance". La France n'a pas participé à la séance et a dénoncé une "ingérence flagrante, une absence complète de respect pour les choix démocratiques des Polynésiens, un détournement des objectifs que les Nations unies se sont fixés en matière de décolonisation" à l'issue du vote. 

Présenté par trois petits Etats du Pacifique (îles Salomon, Nauru, Tuvalu) et porté par les indépendantistes polynésiens, la résolution inscrit la Polynésie sur la liste des Nations unies des territoires non autonomes à décoloniser, définis par l'ONU comme "des territoires dont les populations ne s'administrent pas encore complètement elles-mêmes".

La Polynésie rejoint donc la Nouvelle-Calédonie sur cette liste de seize territoires – avec Guam, le Sahara occidental, les Bermudes ou encore Gibraltar.

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UN RÉFÉRENDUM D'AUTODÉTERMINATION

Le texte "affirme le droit inaliénable de la population de la Polynésie française à l'autodétermination et à l'indépendance", conformément à la Charte de l'ONU (article 73 sur les territoires non autonomes). Elle invite le gouvernement français à "faciliter et accélérer la mise en place d'un processus équitable et effectif d'autodétermination" en Polynésie.

A l'heure actuelle, la Polynésie française est une collectivité dotée d'une très large autonomie, mais la France conserve ses compétences régaliennes, telles que la sécurité publique ou les relations internationales. Mais cette résolution ouvre en principe la voie à un référendum d'autodétermination. Trois issues seraient alors possibles : un rapprochement avec la France, à travers une départementalisation, un éloignement, à travers l'indépendance, ou un statut intermédiaire d'Etat associé.

A la suite du vote, plusieurs pays, dont le Royaume-Uni, les Pays-Bas et les Etats-Unis, se sont "démarqués du consensus" pour marquer leur désapprobation, faisant valoir la défaite des indépendantistes aux dernières élections territoriales. Pour l'ambassadeur des Iles Salomon Collin Beck, par contre, ces élections "ne peuvent pas être assimilées à un référendum" sur le sort du territoire.

"CONTRE LA VOLONTÉ DES POPULATIONS CONCERNÉES"

Le texte était presque assuré d'être adopté, mais la France, qui en conteste la légitimité, avait annoncé qu'elle ne prendrait pas part au vote. Paris justifie sa décision par le résultat des élections territoriales du 5 mai, qui ont vu l'autonomiste Gaston Flosse, hostile au texte, l'emporter sur l'indépendantiste Oscar Temaru, farouche partisan de ce processus. Le nouveau président de la Polynésie avait été plébicité avec 45,11 % des suffrages, contre 29,26 % à son adversaire. Le troisième homme de l'élection, Teva Rohfritsch, avait obtenu plus de 25 % de voix, portant la tendance autonomiste à plus de 70 %.

La France estime donc que ce projet de résolution va à l'encontre de "la volonté des populations concernées", indique une note adressée aux autres pays membres, puisque lors des élections territoriales du 5 mai, "trois électeurs polynésiens sur quatre se sont déclarés contre ce projet de résolution"

"La France ne peut donc, d'une quelconque manière que ce soit, endosser cette démarche. Elle demande à tous les Etats membres respectueux de la démocratie d'en faire de même", ajoute la note. Paris "va continuer, conjointement avec le gouvernement de Polynésie française, à définir ensemble les contours d'une relation qui reflète les vœux des Polynésiens". Paris estime par ailleurs que l'avenir de la Polynésie française doit se décider entre la collectivité et la France, et que les Nations unies n'ont pas à intervenir.

 UNE LISTE CONTESTÉE

La liste des territoires non autonomes a été élaborée début 1946 conformément au Chapitre XI de la Charte des Nations unies. Décidée à mettre un terme aux derniers vestiges du colonialisme, l'ONU adopte le 14 décembre 1960 une Déclaration sur l'octroi de l'indépendance aux pays et aux peuples coloniaux (résolution 1514).

"A la création de l'ONU en 1945, 750 millions de personnes – soit près du tiers de la population mondiale – vivaient dans des territoires qui n'étaient pas autonomes et qui dépendaient de puissances coloniales. Aujourd'hui, ce sont moins de 2 millions de personnes qui vivent dans des territoires de cette nature", explique l'ONU sur son site.

La liste des Nations unies des territoires non autonomes à décoloniser compte aujourd'hui seize pays, dont dix sont sous administration du Royaume-Uni, trois des Etats-Unis, un de la France et un de la Nouvelle-Zélande.

Mais cette liste et la Déclaration de 1960, qui se focalise sur les colonies occidentales, est aujourd'hui vivement contestée par plusieurs pays. Elle est incomplète (certains juristes militent pour y inscrire le Tibet, par exemple) et comprend des territoires qui ont pour certains refusé l'indépendance par référendum, comme les îles Tokelau, un archipel de trois atolls polynésiens sous souveraineté néo-zélandaise, ou ont élu des représentants qui ont choisi de refuser l'indépendance, comme c'est le cas de la Polynésie françaises. 

La France n'est donc pas le premier pays à contester la liste des Nations unies. En 2007, l'ancien diplomate néo-zélandais John Hayes avait déclaré que les Nations unies devraient "laisser Tokelau tranquille" et cesser de pousser ce territoire néo-zélandais vers une indépendance que les Tokelauans ont rejetée.

Le Monde avec AFP

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