L'enquête démarre au Zaman Café

 L'enquête démarre au Zaman Café

    Au commencement était le Zaman Café. L'enquête qui a abouti au procès de cet après-midi trouve son origine dans ce cabaret oriental proche des Champs-Elysées (Paris VIIIe). En suivant la trace d'un certain Abousofiane Moustaid, un ancien candidat d'une émission de téléréalité, les enquêteurs de la brigade de répression du proxénetisme (BRP) s'intéressent à cet établissement de nuit et à ses accortes créatures.

    En avril 2010, les policiers passent à l'action. Les jeunes filles, embarquées à l'aube, confirment qu'elles s'y rendent pour rencontrer des clients. L'analyse comptable permet aux enquêteurs de constater le rôle essentiel de la prostitution dans le chiffre d'affaires du Zaman : l'arrivée massive de prostituées est allée de pair avec un afflux de clients. Les deux gérants du bar seront sur le banc des prévenus. Abousofiane Moustaid aussi joue gros. Selon le juge d'instruction, le jeune homme de 33 ans a endossé le rôle de proxénète. « Mon client conteste ces accusations. Sa seule faute aura été de présenter certains de ses amis à certaines filles, dont Zahia. Ce qui s'est passé ensuite entre eux relevait de leur vie privée », assène son avocat, Me Yassine Bouzrou.

    Le juge ne croit pas en l'ignorance des footballeurs

    Les enquêteurs se sont donc intéressés à Zahia, à sa minorité et à ses illustres clients. Et notamment à ce voyage en avion à Munich (Allemagne) en avril 2009 où, en compagnie d'une autre escort, elle était le cadeau d'anniversaire de Franck Ribéry. Avec Karim Benzema, la rencontre aurait eu lieu en marge de la cérémonie des Oscars du foot en mai 2008.

    Zahia a toujours affirmé qu'elle avait menti sur son âge en cachant sa minorité. C'est un point crucial, les deux attaquants étant jugé pour « recours à la prostitution d'une mineure ». Le juge d'instruction n'a pourtant jamais cru à leur ignorance, développant une analyse audacieuse à rebours de celle du parquet qui avait requis le non-lieu : les clients de Zahia devaient nécessairement penser qu'une prostituée mineure ne pouvait que dissimuler son âge, au risque de ruiner son activité. « Ce renvoi est absurde », tranche Me Carlo Alberto Brusa, l'avocat de Ribéry. Selon un avocat du dossier, les deux stars ont sans doute pâti de leur attitude pendant l'instruction : Franck Ribéry a prétendu qu'il ne savait pas que Zahia était prostituée : quant à Karim Benzema, il a contesté la relation sexuelle.