Emmanuel Macron, de la philosophie au ministère de l'Économie

publié le 2 min
Nommé ministre de l'Économie dans le second gouvernement constitué par Manuel Valls, le jeune Emmanuel Macron fut banquier d'affaire et assistant de Paul Ricoeur avant d'entrer au service de l'État.

« J’ai adoré la philosophie […], mais j’ai vite éprouvé le besoin d’action, d’être au contact d’un certain quotidien. » Ce besoin, confié à Libération, le nouveau jeune ministre de l’Économie Emmanuel Macron l’a satisfait dans la finance. Banquier chez Rothschild & Compagnie, ce diplômé de l’ENA est millionnaire avant d’être promu conseiller du prince, après l'élection de François Hollande.

Mais, dans une première vie, Emmanuel Macron obtient un DEA de philosophie à l’université de Nanterre. Ses objets d’étude? Machiavel, Hegel et un mémoire sur la notion d’« intérêt général ».

À Nanterre, où il étudie, a aussi enseigné Paul Ricoeur (1913-2005). Assistant du maître, il l’accompagne dans la rédaction de son dernier ouvrage : La Mémoire, l'Histoire, l'Oubli. « Ses premiers grands livres, il les a écrits après 60 ans, poursuit Emmanuel Macron dans un entretien accordé au Nouvel Observateur. Ils étaient le fruit de décennies de lecture et d'enseignement. Mais je ne me voyais pas attendre quarante ans avant de réaliser des choses. J'avais envie de vivre ! »

L’apprenti philosophe quitte donc l’université pour l’ENA, l’ENA pour l’Inspection des finances et les hautes administrations pour la banque d’affaire, avant d’être débauché auprès du cabinet de François Hollande.

Membre du comité de rédaction de la revue Esprit, Emmanuel Macron se dit proche de la deuxième gauche, incarnée notamment par Michel Rocard, un mentor. Il est notamment l’auteur d’articles concernant les politiques d’enseignement, l’élection présidentielle de 2012 – « Les labyrinthes du politique » –  et Paul Ricoeur – « La Lumière blanche du passé ».

Paul Ricoeur l'accompagne ainsi. Ce grand penseur de la « dette », soutient, métaphysiquement, qu’on a toujours reçu de ses aînés « plus qu’on ne paiera en retour ». Est-il devenu philosophe pour s’acquitter de cette dette ? « Non. Ce n’était pas pour m’acquitter d’une dette mais pour résoudre une contradiction », une contradiction entre sa conviction religieuse et sa démarche critique.

Emmanuel Macron devenu ministre de l’Économie saura-t-il lui-même s’acquitter de sa dette en se souvenant de la leçon de ses maîtres, cherchant lui aussi à « jeter un pont » entre ses deux influences: le socialisme et le libéralisme? Ce partisan d’une « gauche moderne » saura-t-il concilier ses convictions idéologiques, sinon philosophiques, tout en répondant à la nécessité politique, domptant les revers de la « fortune », suivant en ceci les conseils du Florentin?

À croire Machiavel, la fortune préfère la ferveur de la jeunesse à la prudence des « sages ». Elle « est toujours amie des jeunes, parce qu’ils sont moins circonspects, sont plus féroces et la commandent avec plus d’audace. » Voire.

Expresso : les parcours interactifs

En finir avec le mythe romantique

Cendrillon a 20 ans, elle est « la plus jolie des enfants ». Mais pas pour longtemps. Beauvoir déconstruit les mythes romantiques et les contes de fée qui peuplent encore aujourd'hui l'imaginaire collectif.

Sur le même sujet





Article
4 min

L’art oratoire d’Emmanuel Macron

Nicolas Tenaillon

Le discours du 9 novembre 2021 du président de la République était attendu et dénoncé à l’avance par ses adversaires politiques comme une prise de…

L’art oratoire d’Emmanuel Macron