L'Europe héritière de l'Espagne wisigothique
| ,Les Wisigoths dans le Portugal médiéval : état actuel de la question
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Les Wisigoths dans la Gallaecia de 585 à 711 : hypothèses et certitudes
- 1 José Vives (éd.), Concilios Visigóticos e Hispano-Romanos, Barcelone-Madrid, 1963, p. 370-379.
- 2 Sur les particularités du monachisme galicien, voir A. Linage Conde, Los orígenes del Monacato Bene (...)
1Au Portugal, très peu d’auteurs se sont consacrés à étudier la période wisigothique. Laissant de côté les raisons de ce fait, qui a cependant une explication logique, et essayant de réunir les données existantes malgré l’exiguïté des sources disponibles, on a l’impression que la Gallaecia, tout en restant une région éloignée par rapport au centre du pouvoir politique, suivit une évolution particulière, assez différente, en somme, de celle qu’a suivie le royaume au sud de Tolède. Il suffit de constater, en effet, les étranges coutumes liturgiques de ses prêtres, ainsi que la vigueur et les usages particuliers du monachisme galicien, pour accepter ce fait. Les coutumes liturgiques comprennent la messe célébrée avec du lait ou bien avec des raisins, l’emploi des vases sacrés pour la nourriture profane, la célébration de la messe sans étole. La vie des prêtres et des évêques se distinguait par des habitudes telles que l’emploi d’insignes spéciaux pour rehausser leur caractère sacré, la punition de leurs sujets avec des peines corporelles, ou bien l’accumulation excessive de biens fonciers, ce qui semble supposer une conception très particulière de l’autorité religieuse comme un pouvoir simultanément ecclésial et séculier1. Le célèbre pacte monastique et les synodes des abbés, déjà en usage en Gallaecia avant saint Fructueux et qu’il a sans doute acceptés, comme le montre la Regula communis, sont aussi des témoins très expressifs du particularisme du nord-ouest ibérique à l’époque wisigothique2.
- 3 Manuel C. Díaz y Díaz (éd.), La vida de San Fructuoso de Braga, Braga, 1974 ; Ramón Fernández Pousa(...)
- 4 Vita Sancti Fructuosi, c. 2, 3, 5, 6, 9, 10 (éd. cit. note 9, p. 82-89, 92-97) ; Regula communis, c (...)
2Il est évident, d’après ces indices élémentaires mais très significatifs, que le type de culture fort imprégnée des conceptions romaines dont témoignent la Lex romana visigothorum et la plupart des conciles de Tolède, n’avait pas pénétré partout dans la Gallaecia, bien loin de là. Les prescriptions du IIIe Concile de Braga de 675 semblent justement le résultat des efforts d’évêques ou de clercs imbus de l’esprit de l’interprétation officielle de la religion et du culte, plus répandue au sud, et qui prétendaient corriger ce qu’ils considéraient comme des corruptions ou des abus du clergé rural de la Gallaecia. Plusieurs détails de la Vita Fructuosi, de Valère du Bierzo, et d’autres de la Regula communis confirment cette impression d’ensemble3. Je pense surtout à l’ambiance sauvage des vallées et montagnes de la région, propice à l’élevage et à la chasse, dont témoignent ces sources4.
- 5 Pierre David, Études sur la Galice et le Portugal du VIe au XIIe siècle, Lisbonne, 1947, p. 69.
- 6 Luis A. García Moreno, Historia de España Visigoda, Madrid, 1989, p. 219-221.
3Un deuxième caractère de la Gallaecia à cette époque est le fait qu’elle était probablement une région assez abondamment peuplée. Le nombre de paroisses rurales énuméré déjà par le Parochiale suevicum et le fait qu’à cette époque au moins cinq sièges épiscopaux ont été fondés ou transférés à d’autres endroits5, montrent bien que la Gallaecia était très peuplée à la fin du VIe siècle ; et rien ne permet de croire qu’elle ait été abandonnée au siècle suivant, bien au contraire. En effet, les mauvaises années agricoles, les famines, les pestes et les fléaux de sauterelles qui ont désolé l’Espagne pendant le VIIe siècle et le début du suivant, comme l’a montré le Professeur García Moreno6, ont atteint surtout le sud ; on ne connaît pas de témoignages évidents de leur présence au nord-ouest. On peut même croire que les conditions climatiques de cette région l’ont épargnée au moins partiellement. Mentionnons à ce sujet le temps de sécheresse dont parle la Vita Fructuosi, mais qui cessa bientôt par l’intercession du saint. Cette hypothèse admise, il faut aussi admettre que les fléaux qui ont éprouvé le sud firent affluer au nord et particulièrement en Gallaecia un nombre considérable de gens fuyant la famine.
- 7 Vita Sancti Fructuosi, c. 9, 16, 19 (éd. cit. note 9, p. 92, 110, 114).
- 8 Ibid. c. 5, 6, 8-10 (éd. cit., p. 86, 88, 92-97).
- 9 Juan Gil Fernández, José L. Moralejo & Juan I. Ruiz de la Peña, Crónicas Asturianas. Crónica de Alf (...)
- 10 Ibid., p. 122-123.
4Certains détails, que je crois inaperçus de ce point de vue jusqu’à maintenant, semblent confirmer cette hypothèse. Par exemple, saint Fructueux qui était issu d’une famille de l’entourage royal, a été éduqué à Palencia, puis il s’est fixé au Bierzo, plus au nord, et enfin près de Braga où il est retourné après un long voyage à Mérida, à Séville et à Cadix. Je pense ensuite à la prolifération du monachisme au Bierzo et en Galice et aux nombreuses constructions d’églises dont témoigne la Vita Fructuosi7 ; malgré le fait que le saint ait choisi cette région comme un lieu idéal pour la pratique de la solitude et de l’érémitisme, il rencontrait souvent des chasseurs et était visité par de nombreux dévots qui le rejoignaient facilement8. Je pense, troisièmement, au fait que Witiza, associé au trône par son père Egica, a fixé sa résidence à Tuy, d’après le témoin tardif, mais accepté par José Orlandis, de la Chronica Albeldensis9. Mentionnons enfin la légende rapportée par la Chronica Rotensis, selon laquelle le corps du roi Rodrigue aurait été emporté à Viseu par ses fidèles après sa défaite du Guadalete10. Même si l’on doute du fondement historique de ce dernier événement, la notice signifie que l’auteur de la Rotensis considérait le repli des guerriers de Rodrigue vers le nord de la Lusitanie comme un mouvement tout naturel.
- 11 Luis A. García Moreno, cit. note 6, p. 162-163, 172-174.
- 12 Abilio Barbero & Marcelo Vigil, La formación delfeudalismo en la Peninsula Iberica, Barcelone, 1978 (...)
5Ces faits semblent avoir comme dénominateur commun une affluence des Wisigoths vers la Gallaecia et la Lusitanie du nord pendant le VIIe et le VIIIe siècles. Un mouvement de ce genre pouvait être favorisé, d’une part, par les très nombreuses confiscations de biens des nobles par les rois Chindaswinthe et Wamba11, et d’autre part par la tendance à la féodalisation, à l’époque finale de la monarchie wisigothique12. Ce dernier phénomène favorisait sans doute la fixation de guerriers dans des domaines de la périphérie du royaume, où ils pouvaient exercer des pouvoirs seigneuriaux sans l’interférence du roi. Les luttes violentes autour du trône royal pendant le VIIe siècle ont certainement contribué à éloigner vers des régions plus pacifiques un nombre considérable de familles wisigothiques.
- 13 Carlos A. Ferreira De Almeida, « A Propósito de ‘Galicia Sueva’ de Casimiro Torres », dans Gallaeci (...)
- 14 D.-M. Metcalf, « Some Geographical Aspects, of Early Medieval Monetary Circulation in the Iberian P (...)
- 15 D.-M. Metcalf, cit. note 14, p. 310
- 16 D.-M. Metcalf, ibid.
- 17 D.-M. Metcalf, ibid, p. 311, 314.
6L’archéologie fournit une confirmation non négligeable à ce que je viens de dire. Un recensement sommaire de Carlos A. Ferreira de Almeida publié en 197913 comptait 58 sites du nord du Portugal où l’on avait trouvé des chapiteaux que l’on peut attribuer à une époque située entre le Ve et le VIIIe siècles ; il recensa 23 sites de la région d’entre Duero et Minho où l’on a trouvé des vestiges du Ve et du VIe siècles. Il en va de même pour la numismatique aussi : on a trouvé moins de monnaies en Gallaecia que dans la Lusitanie ou la Baetica, mais beaucoup plus que dans la Carthaginensis et même que dans la Tarraconensis, surtout en dehors de la Catalogne14. Quant aux lieux de frappe dans le royaume de Tolède, dont le nombre se monte à plus de 80 entre 568 et 711, il suffit de rappeler que ceux qui appartenaient à la Gallaecia sont à peu près aussi nombreux que ceux de tout le reste de la péninsule. Il est vrai que la quantité de monnaie wisigothique d’origine galicienne est de loin inférieure en nombre de pièces retrouvées, mais le phénomène de la quantité des lieux de frappe galiciens a impressionné tous les spécialistes15. Il est vrai aussi que les frappes galiciennes appartiennent surtout à la période qui va du VIe siècle au milieu du VIIe et diminuent beaucoup par la suite. Cela n’est certainement pas dû à l’abandon du territoire, mais probablement à l’abandon progressif de l’exploitation de l’or, si important dans cette région depuis l’Antiquité16. En effet, les lieux de frappe, après le début du règne de Réceswinthe (649), se concentrent presque exclusivement dans les centres administratifs ou les villes ayant une activité économique, ce qui veut dire probablement que l’or monnayé après cette époque ne provenait presque plus des mines et exploitations fluviales, mais de l’or thésaurisé, de celui qui était importé, par exemple, de Byzance, ou bien d’anciennes monnaies frappées de nouveau17.
- 18 Joseph Piel, Os Nomes Germânicos da Toponimia Portuguesa, 2 t., Lisbonne, 1936-1945 ; voir aussi du (...)
- 19 Joseph Piel, « Toponimia Germanica da Peninsula Iberica », dans Enciclopedia Lingüística Hispánica,(...)
7Cet ensemble de données convergentes permet d’affirmer que la Gallaecia fut probablement une région où ont afflué des Wisigoths anonymes depuis la fin du VIe siècle, malgré le silence des sources historiographiques encore conservées. On peut encore ajouter un autre argument, non moins important, à ceux que je viens de mentionner. Je pense aux thèses récentes de Joseph Piel sur le phénomène de l’extraordinaire abondance de la toponymie d’origine germanique de la Galice et du nord du Portugal, surtout près de la région maritime. Cet auteur étudie le problème au moins depuis 193618. Jusqu’en i960, il croyait qu’à peu près toute la toponymie germanique de cette région avait été fixée après la Reconquête chrétienne par des propriétaires (possessores) venus du nord et qui avaient repeuplé la vallée du Duero depuis le dernier quart du IXe siècle. En effet l’onomastique léonaise du IXe au Xe siècle est d’origine wisigothique19.
- 20 Ramón Menéndez Pidal, « Dos problemas iniciales relativos a los romances hispánicos », dans Enciclo (...)
- 21 Joseph Piel, « Zur Problematik der Beziehungen zwischen Sueben und Westgoten », dans Festchrift zur (...)
- 22 J. Piel & Dieter Kremer, Hispano-gotisches Namenbuch. Der Niederschlag des Westgotischen in den alt (...)
8Après i960, cependant, la prise de position de Ramon Menéndez Pidal sur la continuité de peuplement de la vallée du Duero20 amena J. Piel à approfondir ses études, désormais avec l’aide de Dieter Kremer. Il a changé alors d’opinion. Depuis 1971, il croit que la plupart des toponymes dérivés de noms personnels germaniques datent déjà d’avant l’invasion musulmane de 711, et s’expliquent par la fixation de nombreux propriétaires wisigoths dans la région depuis la conquête du royaume des Suèves en 58521. Ses nouveaux arguments ont été exposés dans son Hispano-gotisches Namenbuch22.
- 23 Ibid., voir la carte de p. 39.
- 24 Ibid., p. 17-18.
- 25 K.-F. Werner, « Liens de parenté et noms de personnes. Un problème historique et méthodologique », (...)
9Les observations de Piel sont évidemment très importantes. Son dictionnaire montre une telle densité de possessores d’origine germanique dans cette région qu’il faut admettre, même si une bonne partie provient seulement du IXe ou du Xe siècles, que la Gallaecia et le nord de la Lusitanie furent les deux régions où les Wisigoths se sont peut-être concentrés en plus grand nombre depuis la fin du VIe siècle jusqu’au lendemain des invasions islamiques23. En effet, l’onomastique germanique est ici plus abondante et plus variée que dans n’importe quelle autre région de l’Espagne24. D’autre part, si on accepte la nouvelle hypothèse du Professeur Piel, on pourra étudier de très près les caractères spécifiques de l’onomastique germanique en Galice et au Portugal, et la comparer avec la prosopographie wisigothique documentée par les sources anciennes. On pourra certainement tirer des conclusions historiques très intéressantes sur les caractères de l’occupation humaine de ce territoire. On pourra même peut-être distinguer en gros, au moins, les toponymes de l’époque wisigothique de ceux de la Reconquête chrétienne. Les caractères typiques de l’onomastique germanique et leurs relations avec les liens de parenté démontrées par exemple par K.-F. Werner en 197725 pourront peut-être aussi susciter des études sur la distribution des familles d’origine germanique dans la Galice et le nord du Portugal.
10Une autre conséquence non moins importante de cette hypothèse, maintenant appuyée par des arguments convergents de nature différente, est la possibilité de reconstituer l’évolution de la région après 711, sans devoir accepter nécessairement la théorie, de moins en moins vraisemblable, du dépeuplement, ou même de la désertification presque totale de la vallée du Duero entre 750 et 868, soutenue par Cl. Sánchez Albornoz. En effet, un des corollaires de la théorie de J. Piel est la continuité de l’occupation du territoire, malgré sa désorganisation politique après les invasions musulmanes. La permanence de la toponymie exige la permanence de l’occupation humaine.
11En effet, il faut admettre que l’occupation arabe de la Galice a été éphémère et superficielle. Après la révolte des troupes berbères contre le vali de l’Espagne en 741, tout le territoire a été abandonné par les musulmans. Cette occupation très courte n’a pas pu affecter la population hispano-wisigothique. La célèbre décision du roi Alphonse Ier de faire émigrer les gens de la région du Duero vers le nord n’a probablement pas eu autant de conséquences que le dit Sánchez Albornoz, et n’a certainement pas affecté le sud de la Galice et le nord du Portugal. Cette région n’a été soumise aux chefs d’origine léonaise ou asturienne qu’après le mouvement appelé « repeuplement », commencé en 868 en territoire portugais par le roi Alphonse III des Asturies, mais cela ne veut pas dire qu’elle ait été dépeuplée. L’abondance de la toponymie germanique de cette région montre qu’elle n’a pas pu être abandonnée pendant longtemps. Les communautés humaines qui y habitaient se sont maintenues en place malgré l’absence de pouvoir royal, et se sont sans doute organisées par leurs propres moyens. Cela explique la présence de certains phénomènes locaux, autrement difficiles à justifier dans l’hypothèse contraire. Leur étude cependant n’a pas encore fait l’objet d’une investigation systématique récente.
12Ce dernier problème ne concerne plus l’occupation wisigothique de la Gallaecia et du nord de la Lusitanie. Il nous introduit cependant à la deuxième partie de cet exposé, car il permet d’établir sur des bases plus solides la question de la transmission de l’héritage culturel wisigothique au Moyen Âge. On voit bien que cet héritage ne fut pas seulement maintenu par les nobles et clercs asturiens et léonais plus ou moins influencés par la cour royale, et qui cultivaient ces traditions depuis l’époque d’Alphonse III, mais aussi par les communautés locales restées sur place et repliées sur elles-mêmes pendant l’époque de désorganisation administrative des VIIIe et IXe siècles.
Les survivances culturelles wisigothiques du viiie au xie siècle
13Jusqu’à maintenant, nous avons vu dans quelles conditions a pu être transmise la culture wisigothique au Portugal, depuis ce que l’historiographie néo-gothique du XIIIe siècle a appelé la « perte de l’Espagne », jusqu’à la fin du XIe siècle, c’est-à-dire jusqu’au triomphe de la culture française. Le problème, tel que je l’ai présenté, est de nature différente selon le type de questions de l’héritage gothique qu’il faut étudier. Il n’est pas très difficile de trouver des traces de la culture érudite d’avant 711 dans les documents portugais datés, jusqu’en 1080 ou 1090. Mais ceci est tout à fait naturel et logique : au fond, toute la culture écrite de cette époque dépend plus ou moins de la tradition dite « gothique » et qui en fait devrait être appelée hispano-romaine, car elle ne doit pas tellement d’éléments à la culture germanique proprement dite. Ces traces sont bien visibles dans la liturgie, le droit civil et la calligraphie ; un peu moins dans la composition des bibliothèques, la connaissance des prescriptions des conciles et l’historiographie.
- 26 Sur les livres typiques de la liturgie hispanique, voir C. Vogel, Introduction aux sources de l’his (...)
14Parmi les questions concernant la culture cléricale, nous commencerons par mentionner la liturgie. Celle-ci se maintient évidemment fidèle, dans le rituel, le formulaire et le calendrier, aux usages d’avant 711. En effet, on trouve dans des documents de l’époque des allusions relativement nombreuses aux livres typiques de la liturgie hispanique donnés ou possédés par des églises et des monastères26. Nous trouvons aussi des mentions, plus nombreuses encore, de saints vénérés pendant l’époque wisigothique et qui étaient les patrons des églises, ou bien dont celles-ci possédaient des reliques.
- 27 L’analyse présentée dans le texte se base sur un relevé des noms de saints mentionnés comme patrons (...)
- 28 Les saints mentionnés dans tous les calendriers hispaniques et dont le culte est déjà attesté à l’é (...)
15Pour le moment, et après un sondage assez sommaire à partir des documents portugais mentionnant des patrons d’églises et des reliques de saints, datés d’avant l’année 1080, j’ai pu conclure que des 74 noms de saints mentionnés, 36 au moins avaient un culte très répandu à l’époque wisigothique27. Ce culte pouvait dater d’avant 711, mais cela n’est pas tout à fait sûr, car ils ont toujours été très vénérés jusqu’au XIe siècle28.
- 29 Cf. Pierre David, cit. note 5, p. 219 ; Avelino de J. da Costa, O Bispo D. Pedro e a Organizaçao da (...)
- 30 Cf. Pierre David, ib., note 5, p. 222 ; Avelino de J. da Costa, cit., note 29, p. 356.
- 31 Sur le culte de ces saints, voir Carmen García Rodríguez, El culto de los santos en la España roman (...)
- 32 Pierre David, cit., note 5, p. 206, 222 ; A. de J. Da Costa, cit.,, note 29, p. 344-345, 342. Sur l (...)
16Les autres, cependant, ne datent pas tous de l’époque mozarabe, asturienne ou léonaise. Certains d’entre eux, étant attestés déjà avant 711, sont pratiquement inconnus ailleurs qu’au Portugal. C’est le cas de sainte Lucrétie, attestée à Mérida, et qui a eu quatre églises dans la région de Braga29 ; il en va de même pour saint Donat, également attesté avant 711 avec une église dans le diocèse de Porto et la mention de plusieurs reliques ailleurs, mentionnées déjà en 87030. Il est difficile d’expliquer ces cas autrement que par la permanence d’un culte local de ces saints en territoire portugais depuis l’époque wisigothique. Il faut peut-être en dire autant de cas moins évidents, comme par exemple sainte Marthe, sainte Sabine, saint Sixte et sainte Thècle31. Mentionnons aussi le culte de saints locaux, comme saint Victor de Braga, les trois martyrs de Lisbonne Vérissime, Maxime et Julie, et saint Mancius d’Evora32.
- 33 Voici les mentions que j’ai trouvées dans les documents consultés :
- 34 Voir dans la note précédente le nombre de mentions de saint Jacques le Majeur.
- 35 Cf. J. Mattoso, « Data da Introdução da Liturgia Romana da Diocese de Braga », dans Id., Religião e (...)
- 36 Adefonsi Tertii Chronica, n. 21 (ed. Juan Gil Fernández, cit. note 9, p. 138, 139) ; Chronica Albel (...)
- 37 Sur ces saints voir respectivement : Carmen García Rodríguez, cit. note 31, p. 181-182, 242-245, 18 (...)
- 38 Voir Carmen García Rodríguez, cit. note 31, p. 197, 134-136 ; A. de J. da Costa, cit. note 29, p. 3 (...)
- 39 Ste Eulalie est mentionnée 18 fois avant 999, et 3 fois entre 1000 et 1050 dans les documents consu (...)
17En revanche, le culte d’autres saints semble s’être introduit au Portugal après la fin du IXe siècle, c’est-à-dire après le « repeuplement » d’Alphonse III. C’est le cas de presque tous les Apôtres et Évangélistes, dont les mentions deviennent plus nombreuses avec le temps33. Même saint Jacques est mentionné rarement avant l’an 1000, mais son culte se répand rapidement plus tard34. Cela n’empêche pas de trouver très précocement des mentions des douze Apôtres soit comme un « collectif », soit dans la liste nominale des Douze35. Mais ce fait est probablement dû à une influence asturienne, puisque le roi Alphonse II a dédié les autels de l’église de Saint-Sauveur d’Oviedo aux douze Apôtres36. Des saints tels qu’Agathe, Claude, Christine, Dorothée, Euphémie, Agnès, Sébastien, sont peut-être aussi dûs à des influences de la même origine ; c’est sûrement le cas d’Isidore et de Pélage37. D’autres, en revanche, bien qu’ils soient introduits dans les calendriers hispaniques après le début du VIIIe siècle, traduisent un culte tellement répandu au Portugal dès avant l’an 1000, qu’on se demande s’ils n’appartiennent pas aussi aux cultes hérités de l’époque wisigothique ; c’est le cas de saint Mamès et même de saint Michel38. Enfin, il faut remarquer que le culte très répandu de sainte Eulalie de Mérida (beaucoup plus répandu que celui de sainte Eulalie de Barcelone), doit être mis en rapport avec la fréquence des échanges entre la Gallaecia et la Lusitanie. Or cette sainte est mentionnée plus fréquemment avant l’an 1000 que pendant les années suivantes, ce qui est aussi un indice de l’ancienneté de son culte au Portugal39.
18Il faut donc conclure que le legs wisigothique reçu par le Portugal pendant le haut Moyen Âge était très important et très solide pour ce qui touche au culte des saints. Or beaucoup des saints patrons de cette époque se sont maintenus jusqu’à nos jours. Ils sont encore vénérés dans des églises de tout le territoire portugais.
19Il faudrait aussi développer les investigations sur les pratiques cultuelles du haut Moyen Âge portugais en étudiant les mentions des livres liturgiques, bien que ce travail ne permette pas de donner des résultats aussi précis et variés que l’étude du sanctoral. Il faudrait en dire autant des manuscrits encore conservés ; mais ceux-ci sont très peu nombreux, même si l’on compte aussi les fragments.
- 40 H. da Gama Barros, Historia da Administração Publica em Portugal nos séculos XII a XV, (éd. dir. pa (...)
- 41 Paulo Merêa, Estudos de Direito Visigotico, Coïmbre, 1948, et autres travaux du même auteur ; cf. G (...)
20Après la liturgie, le domaine le plus évident de l’héritage wisigothique est celui du droit. Le problème de la citation de la Lex Romana Wisigothorum a déjà attiré l’attention des érudits portugais du XVIIIe siècle, qui ont relevé un nombre considérable de survivances de ce genre. Henrique da Gama Barros a repris la question dans le premier volume de son Historia da Aministração Publica em Portugal nos séculos XII a XV publiée en 1885 : il y cite 25 documents portugais datés entre 999 et 1187, en comparant les citations textuelles avec l’édition du code wisigothique de Madrid de 181540. Il n’a pas suscité plus récemment des investigations plus approfondies de la part d’excellents spécialistes de l’histoire juridique médiévale, comme Paulo Merea et Guilherme Braga da Cruz, bien que ceux-ci aient étudié des aspects précis de l’adoption du droit wisigothique pendant le haut Moyen Âge portugais41.
21Il serait téméraire de vouloir reprendre avec originalité cette question. Un sondage sommaire sur les documents déjà recensés comme présentant des citations explicites et précises mérite cependant un commentaire. Il peut inviter les chercheurs futurs à orienter leurs investigations dans un sens plus précis que celles qui ont été publiées jusqu’à maintenant.
- 42 H. da Gama Barros, cit. (sup. n. 40), t. I, p. 6-8 ; voir aussi les documents suivants : Port. Mon. (...)
22En effet, on peut ajouter quelques documents à ceux qui sont mentionnés par Gama Barros42. Parmi la trentaine de pièces ainsi sélectionnées, 11, plus d’un tiers, datent de la période 1026-1050 ; le même nombre d’actes fut rédigé entre les années 1004 et 1045 au monastère de Leça ou bien à celui de Vacariça, qui lui était étroitement lié. Avant cette dernière année, aucun autre scriptorium ne fournit de documents de ce genre, sauf celui de Guimarães. Plus tard, jusqu’en 1072, on peut seulement ajouter deux autres scriptoria producteurs de documents semblables : celui de Rio Tinto, avec trois pièces, et celui de Saint-Pierre de César, avec une pièce ; les autres appartiennent encore à Guimarães. Plus tard, cette liste s’accroît de deux autres monastères, ceux de Pendorada et de Paço de Sousa, tandis que ceux de Leça, Vacariça et Guimarães cessent de mentionner le droit wisigothique.
- 43 J. Mattoso, « S. Rosendo e as Correntes Monasticas da sua Epoca-dans Id., cité note 35, p. 45 ; Id. (...)
23Ces observations très simples montrent immédiatement que l’attachement au Liber iudiciorum était le fait de centres bien déterminés. En effet, le monastère de Guimarães, auquel appartient le premier document de cette liste, daté de 999, est bien connu comme un centre de diffusion des usages monastiques appuyés par la cour royale de León et par l’épiscopat galicien, notamment par l’évêque saint Rosende, qui participa personnellement à la consécration de son église abbatiale en 959. Les rapports de cette abbaye avec les comtes du Portugal, représentants directs du roi de León, sont aussi très connus43.
- 44 J. Mattoso, Le monachisme ibérique et Cluny. Les abbayes du diocèse de Porto de l’an mil à 1200, Lo (...)
- 45 J. Mattoso, Le monachisme, cit. note 44, p. 146-147 ; Id., A Nobreza Medieval Portuguesa. A Familia (...)
24Quant aux abbayes de Leça et Vacariça, on sait aussi le rôle qu’elles ont joué comme centres de diffusion du monachisme appuyé par les évêques et par les autorités royales, et même de diffusion de la réforme ecclésiastique que le concile de Coyanza de 1055 s’est efforcé d’instaurer en invoquant les canons des conciles d’époque wisigothique. En effet, le rédacteur des actes de ce concile était le moine Randulphe de Leça44. Enfin, l’abbaye de Rio Tinto s’est rattachée à ce mouvement sous la direction de son abbé Gómez. Un de ses patrons laïcs, était son neveu Gonsalve Raupariz, maiorinus du roi Ferdinand le Grand, c’est-à-dire son représentant comme administrateur des terres royales du comté45.
- 46 J. Mattoso, Le monachisme, cité note 44, p. 99-101, 114-116, 118-120.
25Jusqu’en 1068, on reste donc dans le cercle étroit des abbayes qui étaient en relation directe avec la cour royale ou la cour comtale. Même plus tard, les deux autres abbayes de Pendorada et de Paço de Sousa furent, l’une fondée, l’autre restaurée sous l’inspiration du concile de Coyanza : elles n’appartenaient plus au cercle des institutions ecclésiastiques protégées par les comtes, mais étaient les héritières du mouvement de restauration et de réforme qui avait débuté à Coyanza46. Il ne reste, en dehors de ce cercle, que l’abbaye de Saint-Pierre de César, dont on ne connaît qu’un seul document, justement celui qui mentionne le Liber iudiciorum.
- 47 J. Mattoso, Le monachisme, cité note 44, p. 297-299 ; Id. « A Cultura Monástica em Portugal (875-12 (...)
26Ces observations confèrent un sens très particulier à la question de la diffusion du droit écrit wisigothique. Il se restreint étroitement aux cercles qui furent en rapport avec les représentants du roi de León. Quelques-uns des documents en question sont des sentences judiciaires en faveur des monastères mentionnés, mais émises par des tribunaux présidés par le comte, ce qui signifie qu’il jugeait selon la procédure prévue par le code wisigothique, c’est-à-dire par des épreuves judiciaires. Les rapports entre ce cercle monastique et l’application du droit érudit étaient assez étroits, car dans ces plaids on mentionne expressément le rôle spécial des experts en droit, qui étaient parfois des moines. Tel est le cas du moine Fagildus de Guimarães, de l’abbé Gomez de Rio Tinto, et plus tard, déjà au début du XIIe siècle, de l’abbé de Vairào, « Petrus aba qui tenet lex Godorum »47.
- 48 A. de J. da Costa, cité note 26, p. 17-18.
- 49 J. Mattoso, « A Cultura Monástica », cité note 35, p. 380-383.
- 50 A. de J. da Costa, cit. note 26, p. 18, 32-33 ; Isaias da Rosa Pereira, cit. note 26, p. 87-92.
27En comparaison avec les témoins de l’application de la Lex iudiciorum, ceux de l’adoption des canons des conciles hispano-romains et wisigothiques pendant le haut Moyen Âge portugais sont beaucoup moins abondants. On sait, par exemple, que l’évêque Paterne de Coïmbre, mort en 1087, légua au chapitre des chanoines une copie de la Collectio Hispana en arabe48. L’abbaye de Guimarãres possédait probablement un autre exemplaire depuis le moment de la consécration de son église abbatiale49. Il y avait aussi des exemplaires de la même collection à la cathédrale de Coïmbre et au chapitre canonial de Saint-Vincent de Lisbonne50.
- 51 José Orlandis, Estudios sobre instituciones monasticas medievales, Pamplona, 1971, p. 20-34, 71-79, (...)
- 52 A. García Gallo, « El Concilio de Coyanza. Contribución al Estudio del Derecho Canónico español en (...)
- 53 J. Mattoso, « O Monaquismo tradicional », cité note 44, p. 168-173.
28D’autre part, on sait aussi que plusieurs détails de la discipline canonique consignée dans les conciles wisigothiques n’étaient pas respectés, surtout en ce qui concerne la vie monastique. C’est le cas, par exemple, des monastères doubles, et des églises familiales, sévèrement condamnées par Saint Fructueux51. Le contrôle des évêques sur les églises et monastères de leur diocèse avait été aussi abandonné. La fréquence de ces pratiques était inconciliable avec un respect et peut-être même avec une connaissance généralisée du droit canonique d’avant 711. Il fut cependant restauré par les conciles du règne de Ferdinand le Grand, à Coyanza et à Compostelle en 1055 et en 105652. Avant cette époque, on ne peut espérer trouver un respect conscient des prescriptions des conciles wisigothiques que de la part d’institutions protégées par les rois ou bien par les comtes, et qui proposaient une discipline ecclésiastique ou monastique qu’on pourrait appeler « officielle »53.
- 54 J. Mattoso, « A Cultura Monástica », cité note 35, p. 380-383.
- 55 Ibid., p. 384.
- 56 Voir le texte de ce concile, avec l’identification des ouvrages cités, dans Cari Erdmann, Papsturku (...)
- 57 A. de J. da Costa, cité note 26, p. 17-18.
29La présence de livres d’auteurs de l’époque wisigothique dans les bibliothèques portugaises du VIIIe au XIe siècle ne peut être documentée que pour un nombre limité d’écrits. Ainsi, l’abbaye de Guimarães possédait les règles monastiques d’Isidore et de Fructueux, peut-être aussi celle de Léandre pour les vierges, probablement les continuations du De viris illustribus de saint Jérôme par Isidore et par Ildephonse de Tolède, les Etymologiae d’Isidore, le De Virginitate beatae Mariae Virginis d’Ildefonse de Tolède, probablement les Sententiarnm libri quinque de Tayon de Saragosse et la Collectio Hispana des conciles, déjà mentionnée54. Dans la bibliothèque de Leça, l’autre monastère mentionné à propos du droit wisigothique, il y avait probablement les Etymologiae d’Isidore, comme en témoigne une citation d’un document de la même origine. Dans l’abbaye de Pendorada, mentionnée aussi auparavant, il y avait un exemplaire des Vitae sanctorum patrum Emeritensium dont il ne reste qu’une feuille, qu’un scribe du XIIe siècle a employée pour transcrire un document55. Dans le chapitre de la cathédrale de Braga, les chanoines possédaient l’Historia Gothorum, Wandalorum et Suevorum, d’Isidore de Sé. ville, le Chronicon d’Hydace et la Chronica de Jean de Biclar, qu’ils citent soigneusement pour démontrer les droits métropolitains de son siège contre les prétentions de Compostelle, au concile de Tuy de 118756. Enfin, dans la cathédrale de Coïmbre, il y avait à la fin du XIe siècle au moins deux exemplaires de la Collectio Hispana dont un en traduction arabe, laissé comme legs, avec d’autres livres et instruments scientifiques, par l’évêque Paterne. Fait remarquable, on possède encore deux feuillets de ce manuscrit conservés comme reliure d’un codex du XVIe siècle de la même cathédrale57.
- 58 Biblioteca Nacional de Lisboa, Inventario dos Códices Alcobacenses, t. VI : Indices, Lisbonne, 1978 (...)
30Les résultats de cette enquête ne sont pas très riches, mais ils restent certainement en dessous de la réalité. Pour s’en convaincre, il suffit de faire une brève incursion dans les catalogues des bibliothèques canoniales et monastiques des siècles suivants, pour constater la présence d’autres auteurs de l’époque wisigothique. C’étaient peut-être des manuscrits anciens et encore conservés aujourd’hui, ou bien qu’on a transcrits plus tard sur des exemplaires locaux. Isidore est, naturellement, l’auteur le plus connu. Les Etymologiae et le Liber sententiarum existaient à Sainte-Croix-de-Coïmbre et à Alcobaça. Sainte-Croixde-Coïmbre possédait encore le Liber synonymorum, tandis qu’à Alcobaça il y avait aussi l’Adversas Hebraeos, les Quaestiones in Vetere Testamento, le De viris illustribus, le Liber quaestionum, les Sententiae et le De naturis rerum. Ce dernier se trouvait aussi à Saint-Vincent-de-Lisbonne, et les Sententiae à l’abbaye cistercienne de Seiça en 140858.
- 59 Apringius de Beja : Bibl. Nat. de Lisbonne, Alcob. 247 ; Martin de Dume : id., 248 ; Ildefonse : id (...)
- 60 A. de J. da Costa, cité note 26, p. 31.
- 61 F. da Gama Caeiro, cité note 58, p. 151-152.
31Presque tous les autres écrivains de l’époque wisigothique étaient aussi représentés, au moins par un livre, dans la bibliothèque d’Alcobaça. C’est le cas d’Apringius de Beja avec son Commentaire sur l’Apocalypse ; de Martin de Dume, avec la Formula vitae bonestae, d’Ildefonse de Tolède avec le De virginitate beatae Mariae virginis, de Julien de Tolède avec le Liber prognosticorum futuri saeculi, de Paul de Mérida avec les Vitae sanctorum patrum Emeritensium, de Braulion de Saragosse avec les Epistolae, et de Valère du Bierzo avec ses Opuscules. On y trouvait encore les Vitae anonymes de saint Émilien et de saint Fructueux59. Les collections des autres bibliothèques étaient beaucoup plus pauvres, mais on y gardait des livres que nous n’avons pas encore mentionnés : ainsi le Liber sermonum de Julien de Tolède existait à la cathédrale de Coïmbre en 139360 et la Collectio Hispana au chapitre de Saint-Vincent-de-Lisbonne61.
- 62 Voir J. Mattoso, « Os Moçarabes », dans Id., cité note 44, p. 19-34.
32La collection d’auteurs wisigothiques d’Alcobaça était donc assez abondante. Remarquons aussi, que d’après ces témoins, la plupart des manuscrits se trouvaient au centre du Portugal, c’est-à-dire dans des régions qui sont restées soumises aux musulmans jusqu’au milieu du XIIe siècle. Il est donc possible que ces écrits aient été transmis par des mozarabes et non pas par des clercs ou des moines du nord, qui reçurent le legs wisigothique par l’intermédiaire des Asturiens, Léonais ou Galiciens62.
- 63 L.-F. Lindley Cintra, Crónica General de Espanha de 1344, t. I : Introdução, p. cccli-cdxix.
- 64 Pierre David, cité note 5, p. 313-328.
33Le problème de l’historiographie wisigothique au Portugal permet d’ajouter quelques détails à ce que nous venons de dire. En effet, l’admiration envers les Wisigoths qui est sous-jacente à l’historiographie asturienne depuis Alphonse III, représentée pour nous par les chroniques Albeldensis, Rotensis et Ad Sebastianum ne trouve d’écho dans aucune source historique connue au Portugal jusqu’au XIVe siècle, c’est-à-dire jusqu’à la rédaction de la Crónica general de España de 134463. En effet, avant cette époque, la tradition historiographique portugaise se réduit pratiquement au groupe de sources que Pierre David intitula en 1947 Annales Portucalenses Veteres64. Celles-ci sont représentées par quatre versions différentes, dont trois procèdent du chapitre canonial de Sainte-Croix-de-Coïmbre et un d’Alcobaça.
34Le point de départ de ces annales semble accorder une certaine importance aux Wisigoths. En effet, elles commencent par un très bref résumé de leur histoire. Mais celle-ci se limite à une datation de trois faits : leur sortie de leur pays d’origine, leur entrée en Espagne et leur expulsion de l’Espagne ; elles présentent ensuite un calcul du nombre d’années pendant lesquelles ils ont dominé l’Espagne. Ces notices se présentent comme l’introduction à une liste des rois des Asturies jusqu’à Alphonse II. Les développements qui concernent ce roi et qui consignent la date exacte du début de son règne sont précédés d’un calcul du nombre des années qui se sont écoulées depuis l’expulsion des Wisigoths jusqu’à ce moment.
- 65 Abilio Barbero & Marcelo Vigil, cité note 12, p. 249-258.
35L’auteur de cette section des annales prétend donc dire, évidemment, que la domination wisigothique est définitivement finie, et qu’après eux une nouvelle ère est commencée, dont il fallait faire le calcul. Cette préoccupation concernant le calcul du nombre d’années s’inscrit sans doute dans la tradition des écrits sur la fin du monde, lesquels présentaient plusieurs façons de calculer cet événement65. L’importance accordée aux rois des Asturies montre qu’il s’agit d’un écrit du nord antérieur à leurs prétentions de succéder légitimement aux rois de Tolède. Il semble même que son auteur leur attribue l’intention d’établir un ordre nouveau et de rompre avec le passé wisigothique.
36Il est aussi très intéressant de constater que l’historiographie léonaise qui exalte le passé wisigothique comme une époque de splendeur n’obtient pas le moindre écho au Portugal jusqu’au XIVe siècle. Ces faits confirment la continuité du peuplement de la Galice et du nord du Portugal ; ils montrent aussi que le prestige attribué aux Wisigoths est un aspect de l’idéologie des rois d’Oviedo et de León. Nourrie par des mozarabes successivement émigrés vers le nord, elle ne suscitait pas tellement d’admiration dans les milieux régionaux portugais, du moins jusqu’à la diffusion des textes législatifs wisigothiques par les comtes et d’autres représentants royaux à partir du Xe siècle.
- 66 Maria José Azevedo Santos, Da Visigotica à Carolina. A. Escrita em Portugal de 882 à 1172, Coïmbre, (...)
- 67 Ibid., p. 76-82.
- 68 Ibid., p. 133-148, 171-174.
37Il est curieux de rapprocher cette constatation d’un autre indice concernant le dernier aspect de l’héritage wisigothique en territoire portugais, c’est-à-dire l’écriture dite justement « wisigothique ». Une thèse de doctorat de Maria José Azevedo Santos défendue en 198866 permet de connaître ce problème d’une manière très précise. En effet, cette écriture qui, comme on le sait, était déjà formée vers la fin du VIe siècle ou le début du VII67, s’est maintenue avec ses caractères fondamentaux dans la Péninsule Ibérique jusqu’au XIIe siècle. Au Portugal, elle fut remplacée par l’écriture Caroline, après une période de transition qui se situe entre 1090 et 1120, bien qu’on trouve des chartes dont l’écriture présente déjà l’influence de la Caroline avant cette date, mais aussi des prolongements très tardifs de la minuscule wisigothique68.
- 69 Ibid., p. 73.
- 70 J. Mattoso, « O Mosteir de Santo Tirso », cit. note 61, p. 488-489.
38Il est évident que l’adoption de la liturgie romaine et, en conséquence, la diffusion rapide des livres en écriture Caroline importés de France ont exercé une influence décisive sur cette mutation. Pendant le XIIe siècle, il a fallu recopier les livres écrits dans une écriture de plus en plus incompréhensible pour la plupart des lecteurs. On peut cependant remarquer qu’une liste de livres de la cathédrale de Coïmbre datée de 1393 mentionnait encore vingt-huit volumes en écriture « gallega », c’est-à-dire en wisigothique69. En 1438, l’abbaye bénédictine de Santo Tirso possédait encore deux volumes, probablement d’un passionnaire, en écriture « rabuda », –une autre désignation de la même calligraphie–, et encore cinq psautiers en écriture « gallega »70. Il semble donc que, malgré la difficulté de lecture, ces manuscrits étaient souvent conservés. Ils n’ont cependant pas résisté à la diffusion de l’imprimerie et des conceptions des humanistes, pour lesquels gothique était synonyme de barbare.
- 71 M. J. Azevedo Santos, cit. note 66, p. 74.
39Pour en revenir au problème de l’écriture comme expression de la culture wisigothique, observons que la désignation médiévale par laquelle elle était connue après l’adoption de la Caroline était, comme je l’ai déjà dit, « gallega » ou bien « rabuda ». On trouve exceptionnellement la désignation « goda » dans deux documents isolés au XIVe ou XVe siècles71. Ce fait semble vouloir signifier qu’on a perdu très tôt la mémoire de son origine. Il a fallu attendre les conceptions humanistes pour l’attribuer aux Goths. Voilà peut-être un autre indice d’un manque de considération envers les Wisigoths, qui rend très complexe et très difficile à réduire à une formule simple le problème de l’héritage wisigothique au Portugal. Au-delà du mythe créé et entretenu par les rois de León et par l’historiographie néo-gothique du XIIIe siècle, se trouve certainement une opinion très différente, répandue au moins dans les milieux populaires avant la diffusion, par les envoyés léonais, de l’idéologie qui présentait le temps des rois de Tolède comme une époque de splendeur et de gloire comparable à celle de l’Empire romain.
Notes
1 José Vives (éd.), Concilios Visigóticos e Hispano-Romanos, Barcelone-Madrid, 1963, p. 370-379.
2 Sur les particularités du monachisme galicien, voir A. Linage Conde, Los orígenes del Monacato Benedictino en la Península Ibérica, t. I, León, 1973 ; J. Orlandis, Estudios sobre Instituciones Monásticas Medievales, Pampelune, 1971.
3 Manuel C. Díaz y Díaz (éd.), La vida de San Fructuoso de Braga, Braga, 1974 ; Ramón Fernández Pousa (éd.), San Valerio (Nuno Valerio), Obras, Madrid, 1942 ; « Regla Común o Regla de los Abades », dans J. Campos Ruiz & I Roca Melia (éd.), San Leandro, San Isidoro, San Fructuoso. Reglas monasticas de la España Visigoda, Madrid, 1971. p. 163-211 ; « La Regla de Monjes de San Fructuoso de Braga », ibid., p. 127-162.
4 Vita Sancti Fructuosi, c. 2, 3, 5, 6, 9, 10 (éd. cit. note 9, p. 82-89, 92-97) ; Regula communis, c. 9 (éd. cit. note 9, p. 186-188).
5 Pierre David, Études sur la Galice et le Portugal du VIe au XIIe siècle, Lisbonne, 1947, p. 69.
6 Luis A. García Moreno, Historia de España Visigoda, Madrid, 1989, p. 219-221.
7 Vita Sancti Fructuosi, c. 9, 16, 19 (éd. cit. note 9, p. 92, 110, 114).
8 Ibid. c. 5, 6, 8-10 (éd. cit., p. 86, 88, 92-97).
9 Juan Gil Fernández, José L. Moralejo & Juan I. Ruiz de la Peña, Crónicas Asturianas. Crónica de Alfonso III. Crónica Albeldense, Oviedo, 1985, p. 171.
10 Ibid., p. 122-123.
11 Luis A. García Moreno, cit. note 6, p. 162-163, 172-174.
12 Abilio Barbero & Marcelo Vigil, La formación delfeudalismo en la Peninsula Iberica, Barcelone, 1978, p. 155-200 ; Luis A. García Moreno, cit. note 6, p. 247-254.
13 Carlos A. Ferreira De Almeida, « A Propósito de ‘Galicia Sueva’ de Casimiro Torres », dans Gallaecia, 5, 1979, p. 305-316.
14 D.-M. Metcalf, « Some Geographical Aspects, of Early Medieval Monetary Circulation in the Iberian Peninsula », dans Mario Gomes Marques & M. Crusafont I Sabater (eds.), Problems of Medieval Coinage in the Iberian Area, 2, Aviles, 1986, p. 311-320 ; cf. Antonio Marques De Faria, « On finds of Suevic and Visigothic Coins in the Iberian Peninsula and their Interpretation », dans Mario Gomes Marques & D.-M. Metcalf, Problems of Medieval Coinage in the Iberian Area, 3, Santarem, 1988, p. 71-88.
15 D.-M. Metcalf, cit. note 14, p. 310
16 D.-M. Metcalf, ibid.
17 D.-M. Metcalf, ibid, p. 311, 314.
18 Joseph Piel, Os Nomes Germânicos da Toponimia Portuguesa, 2 t., Lisbonne, 1936-1945 ; voir aussi du même auteur : « Nomes de possessores latino-cristãos na toponimia asturo-galego-portuguesa », dans Biblos, XXV (1949), p. 287-353 ; XXVI (1950), p. 797-810.
19 Joseph Piel, « Toponimia Germanica da Peninsula Iberica », dans Enciclopedia Lingüística Hispánica, t. I, Madrid, 1960, reproduit dans Estudos de Lingüística Histórica Galego-Portuguesa, Lisbonne, 1989, p. 149-172.
20 Ramón Menéndez Pidal, « Dos problemas iniciales relativos a los romances hispánicos », dans Enciclopedia Lingüística Hispánica, t. I, Madrid, 1959.
21 Joseph Piel, « Zur Problematik der Beziehungen zwischen Sueben und Westgoten », dans Festchrift zur Hundertjahrfeier des deutschen Vereins Lissabon, Lisbonne, 1971.
22 J. Piel & Dieter Kremer, Hispano-gotisches Namenbuch. Der Niederschlag des Westgotischen in den alten und heutigen Personen-und Ortsnamen der Iberischen Halbinsel, Heidelberg, 1976. Voir p. 19-27.
23 Ibid., voir la carte de p. 39.
24 Ibid., p. 17-18.
25 K.-F. Werner, « Liens de parenté et noms de personnes. Un problème historique et méthodologique », dans G. Duby & J. Le Goff (éds.), Famille et parenté dans l’Occident médiéval, Rome, 1977, p. 13-34.
26 Sur les livres typiques de la liturgie hispanique, voir C. Vogel, Introduction aux sources de l’histoire du culte chrétien au Moyen Âge, réédition anastatique, Spoleto, 1981, p. 227-228, 364-365. Sur les livres mentionnés dans les documents médiévaux portugais, voir Isaias Da Rosa Pereira, « Livros de Direito na Idade Média - II », dans Lusitania Sacra, 8 (1967-1968), p. 81-96, Voir aussi Avelino de J. da Costa, A Biblioteca e o Tesouro da Séde Coimbra nos Séculos XI a XVI, Coïmbre 1983, p. 8-11, 25-27 (tiré à part du Boletim du Biblioteca da Universidade de Coimbra, t. 38).
27 L’analyse présentée dans le texte se base sur un relevé des noms de saints mentionnés comme patrons d’églises, comme toponymes et comme reliques dans les documents datés de 875 à 1080 et publiés dans Portugaliae Monumenta Historica, Diplomala et Chartae, Lisbonne, 1867.
28 Les saints mentionnés dans tous les calendriers hispaniques et dont le culte est déjà attesté à l’époque wisigothique sont les suivants : Aciscle, Adrien et Nathalie, André, Cécile, Cyprien, Clément, Colombe, Cosme et Damien, Christophe, Cucufat, Étienne, Eugénie, Eulalie, Facond et Primitif, Félix, Fructueux (martyr), Genès, Hippolyte, Jean l’Évangéliste, Jean-Baptiste, Julien et Basilisse, Juste et Rufine, Just et Pasteur, Laurent, Léocadie, Martin de Tours, Pierre et Paul. Romain, Saturnin, Sébastien, Sixte, Thyrse, Torquatus, et Vincent.
29 Cf. Pierre David, cit. note 5, p. 219 ; Avelino de J. da Costa, O Bispo D. Pedro e a Organizaçao da Diocese de Braga, t. I. Coïmbre, p. 324-326.
30 Cf. Pierre David, ib., note 5, p. 222 ; Avelino de J. da Costa, cit., note 29, p. 356.
31 Sur le culte de ces saints, voir Carmen García Rodríguez, El culto de los santos en la España romana y visigoda, Madrid, 1966, p. 281-284, 176-181 ; Marthe et Thècle ne sont même pas mentionnées ; voir aussi Avelino de J. da Costa, cit. note 29, p. 330-331, 340-341.
32 Pierre David, cit., note 5, p. 206, 222 ; A. de J. Da Costa, cit.,, note 29, p. 344-345, 342. Sur les saints martyrs de Lisbonne, voir Miguel de Oliveira, Leuda e Historia. Estudos Hagiograficos, Lisbonne, 1964, p. 149-165. Sur saint Mancius, voir José María Fernández Catón, San Mancio. Culto, leyenda y reliquias. Ensayo de crítica hagiográfica, León, 1983.
33 Voici les mentions que j’ai trouvées dans les documents consultés :
34 Voir dans la note précédente le nombre de mentions de saint Jacques le Majeur.
35 Cf. J. Mattoso, « Data da Introdução da Liturgia Romana da Diocese de Braga », dans Id., Religião e Cultura na Idade Média Portuguesa, Lisbonne, 1982, p. 100.
36 Adefonsi Tertii Chronica, n. 21 (ed. Juan Gil Fernández, cit. note 9, p. 138, 139) ; Chronica Albeldensis n. XV, 9 (même éd., p. 174).
37 Sur ces saints voir respectivement : Carmen García Rodríguez, cit. note 31, p. 181-182, 242-245, 181, 198, 173-174, 174-176, 344. Sur saint Pélage, voir Pierre David, ib., note 5, p. 234-235 ; A. de J. da Costa, ib., note 29, p. 335.
38 Voir Carmen García Rodríguez, cit. note 31, p. 197, 134-136 ; A. de J. da Costa, cit. note 29, p. 326, 334-335. Le nom de saint Mamès est mentionné 10 fois avant 999, et 6 fois entre 1000 et 1050 ; celui de Michel, 10 fois avant 999 et 14 fois entre 1000 et 1050.
39 Ste Eulalie est mentionnée 18 fois avant 999, et 3 fois entre 1000 et 1050 dans les documents consultés. Sur son culte au Portugal, voir Pierre David, ib., note 5, p. 234 ; A. de J. da Costa, cit. note 29-
40 H. da Gama Barros, Historia da Administração Publica em Portugal nos séculos XII a XV, (éd. dir. par T. de Sousa Soares), Lisbonne, t. I, 1947, p. 6-8 ; voir aussi d’autres mentions du Liber iudiciorum dans Nuno Espinosa Gomes da Silva, Historia do Direito Português t. I : Fontes do Direito, Lisbonne, 1985, p. 112-113.
41 Paulo Merêa, Estudos de Direito Visigotico, Coïmbre, 1948, et autres travaux du même auteur ; cf. Guilherme Braga da Cruz, O Direito de Troncalidade e o Regime Jurídico do patrimonio familiar, t. II : A Exclusão sucessoria dos ascendentes, Braga, 1947, p. 324-327.
42 H. da Gama Barros, cit. (sup. n. 40), t. I, p. 6-8 ; voir aussi les documents suivants : Port. Mon. Hist., D. et C., cit. note 27, doc. 193, 258, 296, 305, 330, 523, 590, 857.
43 J. Mattoso, « S. Rosendo e as Correntes Monasticas da sua Epoca-dans Id., cité note 35, p. 45 ; Id., -O Mosteiro de Santo Tirso e a Cultura Medieval Portuguesa », ibid., p. 490-494.
44 J. Mattoso, Le monachisme ibérique et Cluny. Les abbayes du diocèse de Porto de l’an mil à 1200, Louvain, 1968, p. 115-116, 118-119, 140-141 ; Id. -O Monaquisino Tradicional em Portugal no século XII », dans Id., Fragmentos de uma Composiçäo medieval, 2e éd., Lisbonne, 1990, p. 170-172.
45 J. Mattoso, Le monachisme, cit. note 44, p. 146-147 ; Id., A Nobreza Medieval Portuguesa. A Familia e o Poder, Lisbonne, 2e éd., 1987, p. 240-242.
46 J. Mattoso, Le monachisme, cité note 44, p. 99-101, 114-116, 118-120.
47 J. Mattoso, Le monachisme, cité note 44, p. 297-299 ; Id. « A Cultura Monástica em Portugal (875-1200) », dans Id., cité note 35, p. 388-389.
48 A. de J. da Costa, cité note 26, p. 17-18.
49 J. Mattoso, « A Cultura Monástica », cité note 35, p. 380-383.
50 A. de J. da Costa, cit. note 26, p. 18, 32-33 ; Isaias da Rosa Pereira, cit. note 26, p. 87-92.
51 José Orlandis, Estudios sobre instituciones monasticas medievales, Pamplona, 1971, p. 20-34, 71-79, 98-123, 127-202.
52 A. García Gallo, « El Concilio de Coyanza. Contribución al Estudio del Derecho Canónico español en la Alta Edad Media », dans Anuario de Historia del Derecho Español, 20 (1950), p. 275-633 ; G. Martínez Díez, « El Concilio Compostelano del Reinado de Fernando I », dans Anuario de Estudios Medievales, 1 (1964), p. 121-138 ; Fernando López Alsina, La Ciudad de Santiago de Compostela en la alta Edad Media, Compostelle, 1988, p. 170-174.
53 J. Mattoso, « O Monaquismo tradicional », cité note 44, p. 168-173.
54 J. Mattoso, « A Cultura Monástica », cité note 35, p. 380-383.
55 Ibid., p. 384.
56 Voir le texte de ce concile, avec l’identification des ouvrages cités, dans Cari Erdmann, Papsturkunden in Portugal, Berlin, 1927, doc. 110, p. 315.
57 A. de J. da Costa, cité note 26, p. 17-18.
58 Biblioteca Nacional de Lisboa, Inventario dos Códices Alcobacenses, t. VI : Indices, Lisbonne, 1978, p. 468 ; F. da Gama Caeiro, « Fontes Portuguesas da Formaçäo Cultural do Santo », dans Itinerarium, 27 (1981), p. 151, 153, 162.
59 Apringius de Beja : Bibl. Nat. de Lisbonne, Alcob. 247 ; Martin de Dume : id., 248 ; Ildefonse : id., 149 ; Julien de Tolède : id., 245 ; Braulion de Saragosse : id., 446 ; Valère du Bierzo : id., 454 ; Paul de Mérida : id., 454 ; Vita S. Aemiliani : id., 454, Vita S. Fructuosi : id., 454. Il faut encore ajouter à ces textes, dont les manuscrits sont maintenant à la Bibl. Nat. de Lisbonne, l’ensemble compilé sous le titre de Summa Chronicarum qui appartenait à Alcobaça jusqu’au début du XVIe siècle et qui est maintenant à la Bibliothèque de la Faculté de Droit de l’Université de Madrid. Celuici contient des textes de Jean de Biclar, d’Hydace et d’Isidore de Séville, entre autres : voir Pierre David, cité note 5, p. 263.
60 A. de J. da Costa, cité note 26, p. 31.
61 F. da Gama Caeiro, cité note 58, p. 151-152.
62 Voir J. Mattoso, « Os Moçarabes », dans Id., cité note 44, p. 19-34.
63 L.-F. Lindley Cintra, Crónica General de Espanha de 1344, t. I : Introdução, p. cccli-cdxix.
64 Pierre David, cité note 5, p. 313-328.
65 Abilio Barbero & Marcelo Vigil, cité note 12, p. 249-258.
66 Maria José Azevedo Santos, Da Visigotica à Carolina. A. Escrita em Portugal de 882 à 1172, Coïmbre, 1988 (Thèse de doctorat présentée à la Faculté de Lettres de Coïmbre).
67 Ibid., p. 76-82.
68 Ibid., p. 133-148, 171-174.
69 Ibid., p. 73.
70 J. Mattoso, « O Mosteir de Santo Tirso », cit. note 61, p. 488-489.
71 M. J. Azevedo Santos, cit. note 66, p. 74.
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