Fouad Mebazaa

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Fouad Mebazaa
فؤاد المبزع
Illustration.
Fouad Mebazaa en novembre 2011.
Fonctions
Président de la République tunisienne
(intérim)

(10 mois et 28 jours)
Premier ministre Mohamed Ghannouchi
Béji Caïd Essebsi
Prédécesseur Zine el-Abidine Ben Ali
Successeur Moncef Marzouki
Président de la Chambre des députés

(13 ans, 3 mois et 11 jours)
Prédécesseur Habib Boularès
Successeur Sahbi Karoui (intérim)
Mustapha Ben Jaafar (président de l'Assemblée constituante)
Ministre tunisien des Affaires culturelles

(1 an, 1 mois et 26 jours)
Président Habib Bourguiba
Premier ministre Hédi Nouira
Mohamed Mzali
Prédécesseur Mohamed Yalaoui
Successeur Béchir Ben Slama
Ministre tunisien de l'Information

(1 an et 26 jours)
Président Habib Bourguiba
Premier ministre Hédi Nouira
Mohamed Mzali
Prédécesseur Chedli Klibi
Successeur Tahar Belkhodja
Ministre tunisien de la Santé

(1 an, 2 mois et 24 jours)
Président Habib Bourguiba
Premier ministre Hédi Nouira
Prédécesseur Mongi Ben Hamida
Successeur Dhaoui Hannablia
Ministre tunisien de la Jeunesse et des Sports

(4 ans, 9 mois et 14 jours)
Président Habib Bourguiba
Premier ministre Hédi Nouira
Prédécesseur Mohamed Sayah
Successeur Hédi Zeghal
Maire de Tunis

(4 ans)
Prédécesseur Hassib Ben Ammar
Successeur Ezzeddine Abassi
Biographie
Date de naissance (90 ans)
Lieu de naissance Tunis (Tunisie)
Nationalité tunisienne
Parti politique Parti socialiste destourien (1947-1988)
Rassemblement constitutionnel démocratique (1988-2011)
Indépendant (2011)
Conjoint Lilia Ben Chedly
Religion Islam

Fouad Mebazaa Fouad Mebazaa
Présidents de la Chambre des députés tunisienne
Présidents de la République tunisienne
Maire de Tunis

Fouad Mebazaa (arabe : فؤاد المبزع retranscrit selon ISO 233-2 en Fuʾād al-Mubaz'a), parfois orthographié Foued Mebazaâ, né le à Tunis[1], est un homme d'État tunisien, président de la République de janvier à décembre 2011.

Membre du Rassemblement constitutionnel démocratique sous le régime de Zine el-Abidine Ben Ali, il préside la Chambre des députés à partir de 1997. C'est à ce titre qu'il devient président de la République tunisienne par intérim le , sur décision du Conseil constitutionnel, qui constate la vacance du pouvoir laissée par la fuite de Ben Ali dans le cadre de la révolution tunisienne. Il transmet ses pouvoirs présidentiels à Moncef Marzouki le .

Formation[modifier | modifier le code]

Né dans une famille bourgeoise de commerçants du côté paternel et de dignitaires religieux du côté maternel[2], Fouad Mebazaa passe l'ensemble de son enseignement secondaire au Collège Sadiki[3], prestigieux lycée tunisien situé aux abords de la médina de Tunis. Par la suite, il suit ses études à Paris, où il obtient une licence en droit et sciences économiques[1].

Carrière politique[modifier | modifier le code]

Débuts[modifier | modifier le code]

Façade du Collège Sadiki où Mebazaa effectue ses études secondaires.

Né sous le protectorat français de Tunisie, Mebazaa devient membre de la Jeunesse constitutionnelle en 1947. Il est élu membre de la cellule du parti Néo-Destour à Aix-Marseille en 1954 puis secrétaire-général de la cellule de La Marsa l'année suivante[1]. En 1956, il devient président de la cellule de Montpellier[1]. De 1969 à 1973, il préside l'Association de sauvegarde de la médina de Tunis[4].

Ministre et membre du gouvernement[modifier | modifier le code]

Il devient ministre de la Jeunesse et des Sports le puis, le , ministre de la Santé. Le , il est nommé ministre des Affaires culturelles et de l'Information. Il conserve le premier portefeuille jusqu'au et le second jusqu'au . Le , il revient au gouvernement avec le portefeuille de la Jeunesse et des Sports au sein du gouvernement du Premier ministre Zine el-Abidine Ben Ali. Il conserve ce poste après le coup d'État du 7 novembre 1987. À la suite de la révélation d'un câble diplomatique américain de mai 2009 obtenu par WikiLeaks, Fouad Mebazaa y est présenté comme un septuagénaire sans ambition, « un homme loyal vis-à-vis de Ben Ali et qui ne représente aucun danger pour lui »[5].

Autres fonctions[modifier | modifier le code]

Il est également ambassadeur de la Tunisie auprès de l'Office des Nations unies à Genève de 1981 à 1986 puis au Maroc de 1986 à 1987[1] avant d'être élu à la tête de la Chambre des députés le . Ce poste en fait le successeur constitutionnel du président Ben Ali en cas de vacance de la présidence.

Au niveau municipal, il a été maire-gouverneur de Tunis (de 1969 à 1973), de La Marsa (de 1975 à 1980) et de Carthage (de 1995 à 1998)[1].

Présidence de la République par intérim[modifier | modifier le code]

Fouad Mebazaa le jour de son accession à la présidence, le 15 janvier 2011.

Pendant la révolution tunisienne, le président Zine el-Abidine Ben Ali fuit la Tunisie le . Le lendemain, Fouad Mebazaa, en qualité de président de la Chambre des députés, est désigné président de la République par intérim par le Conseil constitutionnel, en application de l'article 57 de la Constitution de 1959[6],[7]. Il est alors considéré comme un cacique du régime déchu[8].

Mohamed Ghannouchi, confirmé à son poste de Premier ministre, nomme un nouveau gouvernement le 17 janvier, tandis que Fouad Mebazaa quitte le bureau politique du Rassemblement constitutionnel démocratique le lendemain[9] ; il déclare également que compte tenu de son rôle et de sa fonction présidentielle, il quitte provisoirement la présidence de la Chambre des députés, laissant l'intérim à son premier vice-président Sahbi Karoui à l'occasion de sa première séance tenue le 4 février[10].

Le , il annonce dans un discours que la situation sécuritaire du pays connaît une amélioration notable et se stabilise ; il assure aussi que les responsables des troubles ont été démasqués et arrêtés. Il déclare veiller à ce que le gouvernement respecte ses engagements en rupture totale avec le passé. Le lendemain, cinq membres du gouvernement dont Kamel Morjane, Ridha Grira, Ahmed Friaâ, Moncer Rouissi et Zouheir M'dhaffer présentent leur démission.

Dans l'attente d'élections libres, la Chambre des conseillers adopte le une loi qui autorise le président par intérim à gouverner par décrets-lois, deux jours après le vote de la Chambre des députés[11]. Le 27 février, Ghannouchi démissionne et laisse sa place à Béji Caïd Essebsi qui forme un nouveau gouvernement[12].

Fouad Mebazaa avec Béji Caïd Essebsi, Yadh Ben Achour et Latifa Lakhdar à Tunis, le 13 octobre 2011.

Il annonce, le , l'élection d'une Assemblée constituante dans le but d'élaborer une Constitution en remplacement de celle de 1959[13],[14]. Il affirme à ce propos lors de son discours :

« La réforme politique nous impose de trouver un fondement constitutionnel nouveau qui reflète la volonté du peuple et qui bénéficie de la légitimité populaire [...] La Constitution actuelle ne répond plus aux ambitions du peuple après la révolution et se trouve dépassée par les circonstances, sans compter les vicissitudes qui l'ont touchée, à cause des nombreux amendements qui lui ont été apportés et qui empêchent la vie démocratique véritable et constituent un obstacle sur la voie de l'organisation d'élections transparentes et de la mise sur pied d'un climat politique dans lequel chaque individu et chaque groupement puisse bénéficier de la liberté et de l'égalité[14]. »

Celle-ci élit Moncef Marzouki pour le remplacer le  ; Mebazaa annonce le jour même son intention de lui remettre officiellement les pouvoirs présidentiels au cours d'une cérémonie solennelle. Le lendemain, Fouad Mebazaa salue une dernière fois Marzouki au palais présidentiel de Carthage avant de partir en voiture pour sa résidence personnelle, à Tunis.

Après la présidence[modifier | modifier le code]

Le , il est reçu par le chef du gouvernement désigné, Hichem Mechichi, dans le cadre des consultations pour former un nouveau gouvernement. Il conseille à celui-ci de former un « gouvernement de compétences »[15].

Décorations[modifier | modifier le code]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. a b c d e et f « Fouad Mebazaa »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?) [PDF], sur apf.francophonie.org.
  2. Mohamed El Aziz Ben Achour, Catégories de la société tunisoise dans la deuxième moitié du XIXe siècle : les élites musulmanes, Tunis, Ministère des Affaires culturelles, , 542 p..
  3. Imen Abderrahmani, « Association des anciens élèves du collège Sadiki : comme au bon vieux temps ! », sur tunisia-today.com (consulté le ).
  4. « Liste des présidents, vice-présidents, directeurs, directeurs adjoints et coordinateurs »(Archive.orgWikiwixArchive.isGoogleQue faire ?), sur asmtunis.com.fr.
  5. Patrick Bèle, « Fouad Mebazaa, apparatchik bon teint chargé de l'intérim », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  6. « Tunisie : Mebazaa président par intérim », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  7. Pierre Boisselet, « Le Parlement tunisien confie ses pouvoirs à Fouad Mebazaa », sur jeuneafrique.com, (consulté le ).
  8. « L'après-Ben Ali se met déjà en place », sur lepoint.fr, (consulté le )
  9. « Tunisie : le président et le PM quittent le RCD », sur europe1.fr, (consulté le ).
  10. « Première réunion du bureau de la Chambre des députés depuis la révolution », sur leaders.com.tn, (consulté le ).
  11. « Tunisie : le Parlement de Ben Ali s'est sabordé », sur lexpress.fr, (consulté le ).
  12. « Tunisie : le Premier ministre annonce sa démission », sur lefigaro.fr, (consulté le ).
  13. « Tunis annonce une feuille de route », sur humanite.fr, (consulté le ).
  14. a et b Yadh Ben Achour, Tunisie, une révolution en pays d'Islam, Genève, Labor et Fides, , 351 p. (ISBN 978-2-8309-1653-9), p. 227.
  15. « Les propositions de Foued Mebazaâ et Mohamed Ennaceur à Hichem Mechichi », sur realites.com.tn, (consulté le ).
  16. a et b « Biographie de M. Fouad Mebazaa », sur tuniscope.com, (consulté le ).
  17. « Ordre de la République », Journal officiel de la République tunisienne, no 16,‎ , p. 1848 (ISSN 0330-7921, lire en ligne [PDF], consulté le ).

Liens externes[modifier | modifier le code]