Joseph-Siffred Duplessis

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Joseph-Siffred Duplessis
Autoportrait, 1801, huile sur toile, 58x49 cm, musée de l'Histoire de France (Versailles).
Naissance
Décès
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VersaillesVoir et modifier les données sur Wikidata
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DuplessisVoir et modifier les données sur Wikidata
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Lieux de travail

Joseph-Siffred[1] Duplessis ( - ) est un peintre français de la seconde moitié du XVIIIe siècle. Il peint notamment un majestueux et imposant portrait de Louis XVI en costume de sacre qui sera maintes fois dupliqué. Son portrait de Benjamin Franklin orne les billets de cent dollars américains.

Biographie[modifier | modifier le code]

Il nait à Carpentras, dans le Comtat Venaissin, le . Il est l'aîné d'un chirurgien (également peintre[2]), Joseph-Guillaume[3] Duplessis[4], qui a dix enfants[5]. Il reçoit ses premières leçons de son père puis se forme auprès du chartreux Joseph Gabriel Imbert à la Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon.

En 1744, Duplessis entre dans l'atelier de Pierre Subleyras à Rome. Durant son séjour romain, il rencontre Claude Joseph Vernet avec qui il reste lié. Il revient à Carpentras vers 1748. Il répond à des commandes de portraits de l'aristocratie locale et surtout peint deux tableaux d'histoire pour la cathédrale Saint-Siffrein : L'Invention de la Sainte Croix par sainte Hélène et La Pentecôte. Ce sont les deux seuls tableaux d'histoire de ce peintre (des études pour ces deux tableaux sont conservés à la bibliiothèque-musée Inguimbertine, ainsi que d'autres petits tableaux mythologiques et religieux datant vraisemblablement de sa formation dans l'atelier de Pierre Subleyras). En décembre 1751, il quitte Carpentras[6] en direction de Lyon avant de finalement se fixer à Paris en 1752. Son activité durant plus de dix ans reste obscure et une tradition le dit travaillant dans l'atelier de Jacques Aved.

Il réapparaît dans les sources et auprès du public en 1764, lorsqu'il expose cinq portraits à l'Académie de Saint-Luc. Il y montre notamment le portrait de l'abbé François Arnaud (1721-1784), originaire d'Aubignan, près de Carpentras. Ce portrait d'un membre de l'Académie des inscriptions et belles-lettres, esprit vif et réputé, contribue à la notoriété du peintre. En 1769, pour la première fois, il présente des tableaux au Salon, la grande exposition bi-annuelle qui se tient au Palais du Louvre. Diderot s'enthousiasme : Voici un artiste appelé Du Plessis qui s'est tenu caché pendant une dizaine d'années et qui se montre tout à coup avec trois ou quatre portraits vraiment beaux. Sa carrière est alors lancée. Il exposera plusieurs tableaux à chacun des Salons, jusqu'à sa suppression au moment des événements révolutionnaires. Agréé à la prestigieuse l'Académie royale de peinture et de sculpture en 1769, il en devient conseiller le . Pour sa réception, il présente le portrait du sculpteur Christophe-Gabriel Allegrain (aujourd'hui au Musée du Louvre). La critique loue ses talents de portraitiste, soulignant les qualités de ressemblance et de vérité de ses tableaux, et aussi sa capacité à rendre compte du caractère des sujets représentés. Un talent à représenter les carnations lui est reconnu. Ses contemporains l'ont souvent comparé et opposé à Alexandre Roslin que l'on jugeait plus doué dans le rendu des étoffes.

Portrait officiel du roi de France et de Navarre, Louis XVI, en habit de sacre (1777).

Au sommet de sa carrière, il reçoit, en 1775, la commande des portraits officiels du roi Louis XVI, en buste et en tenue de sacre. Il exécute aussi les portraits de l'entourage du roi : le comte de Provence, futur Louis XVIII, le comte d'Artois, futur Charles X, Marie-Amélie de Bourbon-Siciles, duchesse de Chartres, Jacques Necker et son épouse, le comte d'Angiviller, Marie-Louise de Savoie-Carignan, princesse de Lamballe etc. Les personnalités qui animent la vie parisienne des années 1770-1780 lui commandent aussi leur portrait comme le compositeur autrichien Gluck, le dramaturge Jean-François Ducis et surtout Benjamin Franklin.

La notoriété de Duplessis comme grand portraitiste s'atténue après 1785. La nouvelle génération incarnée par Elisabeth Vigée Le Brun s'impose, focalisant l'attention du public et des commandes.

Marie-Geneviève Bouliard et Swebach-Desfontaines sont deux de ses élèves parmi les copistes de son logement du Louvre[7].

Duplessis est ruiné par la faillite du Prince de Guéménée[8]. Il est alors obligé de solliciter régulièrement de l'aide afin de subsister (par exemple auprès du comte d’Angiviller)[9],[10].

La Révolution française met un terme à sa carrière de peintre. Il revient en 1793 dans sa ville natale où il participe à l'inventaire des objets d'art dans le district de Carpentras. Il est nommé conservateur des galeries du château de Versailles en 1796. Il meurt à Versailles le .

Hommages[modifier | modifier le code]

Depuis 1888, le musée municipal de Carpentras porte son nom : Musée Comtadin-Duplessis.

Benjamin Franklin par Duplessis sur les billets de cent dollars américains de 1928 à 1996.
Benjamin Franklin par Duplessis sur les billets de cent dollars américains depuis 1996.

Entre 1928 et 1996, c’est la gravure exécutée à partir d'une peinture à l'huile en buste de Benjamin Franklin (appelée « Col de fourrure ») qui orne les billets américains de cent dollars[11],[12],[13]. Depuis 1996, c’est la gravure réalisée à partir du pastel original (veste grise) offert par Franklin à son ami et voisin Louis-Guillaume Le Veillard[14],[15] (dont Duplessis s'est servi pour réaliser la peinture à l'huile dite « Col de fourrure ») qui est présente sur les billets américains de cent dollars[11]. Ce portrait était le préféré de Benjamin Franklin qui refusa de poser pour d'autres portraits par la suite[16].

En mars 2019, le président américain Donald Trump choisit d'accrocher l'original de la peinture de 1785 (copie du pastel original de 1777-78 en veste grise) au mur du Bureau ovale de la Maison-Blanche[17],[18],[19]. En janvier 2021, son successeur, Joe Biden, garde ce tableau dans ce même lieu[12].

Œuvres principales[modifier | modifier le code]

Dates non documentées
  • Adoration de l'agneau divin, huile sur toile, vers 1744-1748, bibliothèque-musée Inguimbertine, Carpentras (copiée d'après une Adoration de l'agneau divin de Pierre Subleyras)
  • Sacrifice à Pan, huile sur toile, vers 1744-1748, bibliothèque-musée Inguimbertine, CarpentrasPortrait de la Marquise de Saint-Paulet, huile sur toile, Musée Comtadin-Duplessis, Carpentras [voir en ligne]
  • Portrait de Joseph Péru (étude), huile sur toile, Musée Calvet, Avignon [voir en ligne]
  • Portrait de Monsieur de Cavet, huile sur toile, Musée Sobirats, Carpentras
  • Portrait de Madame de Cavet, huile sur toile, Musée Sobirats, Carpentras
  • L'Invention de la sainte Croix par sainte Hélène, vers 1750, huile sur toile, Cathédrale Saint-Siffrein, Carpentras [voir en ligne]
  • La Pentecôte, vers 1750, huile sur toile, Cathédrale Saint-Siffrein, Carpentras
  • Portrait du professeur Antoine Louis, vers 1775-1780, huile sur toile, Musée Comtadin-Duplessis, Carpentras [voir en ligne]

Notes et références[modifier | modifier le code]

  1. « Joseph-Siffred Duplessis (1725-1802) - Auteur - Ressources de la Bibliothèque nationale de France », sur data.bnf.fr (consulté le )
  2. Benezit, Benezit Dictionary Of Artists, Cossintino-Dyck, Grund, (lire en ligne)
  3. « Duplessis », sur www.duplessis.free.fr (consulté le )
  4. « Joconde - catalogue - dictionnaires », sur www.culture.gouv.fr (consulté le )
  5. « Dictionnaire historique, biographique et bibliographique du département de Vaucluse: ou ... », sur archive.org (consulté le )
  6. Lettre au Marquis de Saint-Sauveur à Sarrians du 2 décembre 1751, Bibliothèque-musée Inguimbertine, Carpentras, Ms 1254
  7. Jules Belleudy, J.-S. Duplessis, peintre du roi, 1725-1802, Chartres : Imprimerie Durand, (lire en ligne)
  8. Jules Belleudy, J.-S. Duplessis, peintre du roi, 1725-1802, Chartres : Imprimerie Durand, (lire en ligne)
  9. Jules Belleudy, J.-S. Duplessis, peintre du roi, 1725-1802, Chartres : Imprimerie Durand, (lire en ligne)
  10. Académie de Vaucluse Auteur du texte, « Mémoires de l'Académie de Vaucluse », sur Gallica, (consulté le )
  11. a et b (en-US) Barrymore Laurence Scherer, « ‘Benjamin Franklin: Portraits by Duplessis’ Review: How We Picture a Founder », Wall Street Journal,‎ (ISSN 0099-9660, lire en ligne, consulté le )
  12. a et b « Ce dimanche dans La Provence : un peu de Carpentras dans le bureau ovale de Joe Biden », sur LaProvence.com, (consulté le )
  13. (en) « Benjamin Franklin: Portraits by Duplessis », sur www.metmuseum.org, 22 août - 28 novembre 2016 (consulté le )
  14. (en) « Benjamin Franklin », sur Musée Carnavalet - Histoire de la ville de Paris, (consulté le )
  15. (en) « Benjamin Franklin (1706–1790) », sur www.metmuseum.org, (consulté le )
  16. (en-US) Benson Bobrick, « BOOKS OF THE TIMES; Provincial Upstarts Who Changed the World (Published 2003) », The New York Times,‎ (ISSN 0362-4331, lire en ligne, consulté le ) :

    « This is the famous portrait by Joseph Duplessis, [...] Franklin favored it above all others, and declined to sit for other portraits after it was done. »

  17. (en) « Trump Ended 2018 France Trip Having Art Loaded on Air Force One », Bloomberg.com,‎ (lire en ligne, consulté le ) :

    « (...) the one Joseph Siffred Duplessis painted in France in 1785, which was then held by the National Portrait Gallery a mile from the White House. The curators (...) borrowed the original Duplessis from the gallery. That one now hangs in the Oval, not the replica Trump ferried out of France. »

  18. (en) « Benjamin Franklin », sur npg.si.edu (consulté le )
  19. (en-US) « President Trump Liked Artworks at His French Embassy So Much He Took Them Home. Too Bad He Has a Habit of Falling for Fakes », sur artnet News, (consulté le )
  20. « Marie Antoinette de Lorraine-Habsbourg alors Dauphine, en 1772 », sur www.pop.culture.gouv.fr (consulté le )

Bibliographie[modifier | modifier le code]

  • Jules Belleudy, J.-S. Duplessis : peintre du roi, t. IX, Mémoires de l'Académie de Vaucluse, (lire en ligne)
  • Jules Belleudy, J.-S. Duplessis : peintre du roi, 1725-1802, Chartres, Imprimerie Durand, 1913 [lire en ligne]
  • Jules Belleudy, « Supplément au catalogue des œuvres de J.-S. Duplessis », in Mémoires de l’Académie de Vaucluse, 1er trimestre, 1937
  • Pierre de Nolhac, « Un peintre de Marie-Antoinette, J.-S. Duplessis », article publié en feuilleton dans le Journal des Débats, 11 avril 1914
  • Henri Dubled, « Joseph-Siffred Duplessis, de Carpentras, peintre du Roi (1725 – 1802) », in Rencontres, n° 83, novembre-décembre 1969
  • Paul et Pierrette Girault de Coursac, Louis XVI, un visage retrouvé, O.E.I.L, Paris, 1990
  • Jean-Paul Chabaud, Joseph-Siffred Duplessis, Un Provençal, peintre du roi, Association Études Comtadines, Mazan, 2003 [présentation en ligne]
  • Rachel Dudouit, « Duplessis, peintre du roi et portraitiste de Louis XVI », L’Estampille/L’Objet d’Art no 414, , pp. 64–73 [présentation en ligne] (Lien archive.today)
  • Katharine Baetjer, Marjorie Shelley, Charlotte Hale et Cynthia Moyer, « Benjamin Franklin, Ambassador to France: Portraits by Joseph Siffred Duplessis », Metropolitan Museum Journal, vol. 52,‎ , p. 56–71 (ISSN 0077-8958, DOI 10.1086/696547, lire en ligne)

Liens externes[modifier | modifier le code]