Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/23

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D'IBN KHALDOUN. xv

zîr Soïyid en-Nas et de Khaldoun, il l'invita à se déclarer contre Ibn Houd, et à laisser la Forontîra au roi chrétien, afin de se borner à la possession des montagnes du littoral et des villes fortes de cette région, depuis Malaga jusqu'à Grenade et de là jusqu'à Almeria. Comme ces chefs ne virent pas la nécessité d'abandonner leur pays, Ibn el-Ahmer rompit toute relation avec eux et avec leur président Abou Merouan el-Badji. Dès lors il reconnut tantôt la souveraineté d'Ibn Houd, tantôt celle du prince de la famille d'Abd el-Moumen qui régnait à Maroc, et tantôt celle de l'émir Abou Zékérïa, sou- verain de rifrîkiya. S'étant établi à Grenade, il en fit la capitale de son royaume, et laissa sans défense la Forontîra et les villes qu'elle renfermait. La famille Khaldoun , s' apercevant alors du danger auquel les entreprises du roi chrétien l'exposeraient par la suite , abandonna Séville, et s'étant rendue à Ceuta, sur la côte opposée de la Médi- terranée, elle s'établit dans cette ville. Le roi chrétien ne tarda pas à se jeter sur les places fortes de la Forontîra, et, dans l'espace de vingt ans, il s'empara de Cordoue, de Séville, de Carmona et de Jaën, ainsi que des dépendances de ces villes.

Arrivée à Ceuta, la famille Khaldoun s'unit par des mariages à celle d'El-Azefi ', et cette alliance eut du retentissement. Parmi ses membres qui avaient émigré en Afrique, se trouvait notice aïeul, El- Hacen Ibn Mohammed, fils d'une fille d'Ibn el-Mohteceb. Voulant faire valoir les services que ses aïeux avaient rendus à la famille d'Abou Zékérïa , il vint à la cour de cet émir, qui le reçut avec une haute dis- tinction. Ensuite il passa en Orient, et, après avoir accompli le pèle- rinage, il retourna en Afrique et trouva, auprès de l'émir AI)ou Zéké- rïa, qui était alors sous les murs de Bône, l'accueil le plus gracieux. Depuis ce moment, jusqu'à sa mort, il vécut à l'ombre tutélaire de l'empire hafside, jouissant des faveurs du prince, qui lui avait assigné un traitement et des ictâ^. Il mourut à Bône et y fut enterré. La jeu-

' Pour l'histoire de cette famille dis- " Le souverain pouvait concéder à ses

tinguée, voyez Histoire des Berbers, t. IV, protégés la jouissance d'un immeuble, ou p. 6/i, 160, 198 et suiv. bien !e droit de s'approprier les impôts

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