Page:Ibn Khaldoun - Prolégomènes, Slane, 1863, tome I.djvu/46

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

XXXVIII

��PROLEGOMENES

��sour avait renvoyé de ia capitale avec ordre de passer en Espagne, et dont le sultan fit la rencontre à Ceuta. Abou Salem , ayant réuni toutes ses troupes, partit d'El-Casr et marcha sur Fez. El-Hacen Ibn Omar sortit de la ville pour le recevoir et se mettre sous ses ordres. Ce fut au milieu du mois de châban de l'an 760 (juillet iSÔQ de J. C.) que le sultan fit son entrée dans la capitale (Fez), il y avait seulement quinze jours que je m'étais rallié à lui, et maintenant je me trouvais faisant partie de son cortège. Il me sut bon gré de l'em- pressement que j'avais mis à embrasser sa cause, et je devins son secrétaire privé, chargé de rédiger et d'écrire sa correspondance. Je rédigeais la plupart de ces pièces dans un style simple et facile, bien que je fusse alors sans rival dans l'art de donner aux phrases le tour cadencé qui caractérise la prose rimée. Cela tenait à ce que ce dernier genre de composition était peu cultivé par les Maghrébins et qu'il leur présentait des expressions dont la portée leur échappait. Pour le style ordinaire, le cas était différent ; (ils l'entendaient très- bien) et les gens du métier goûtaient fort celui dont je me servais'.

Je me mis alors à cultiver la poésie , et je composai un grand nombre de pièces qui étaient, du reste, assez médiocres^.

Ibn Merzouc, ayant été admis dans la familiarité du sultan, par- vint à captiver son esprit. Dès lors je cessai de me mettre en avant et je m'occupai uniquement de mes devoirs comme secrétaire privé,

��' Voici le texte de ce passage d'après le manuscrit de Paris et celui de Leyde. Les variantes offertes par ce dernier manuscrit sont placées entre des parenthèses :

«jUCfl J^ (J^ 0^\ i^é^_Ê=^Uj (jf J-^yll

JUJ! jjwj LgJlisJl fjj»^ fLçrVI J

L'auteur emploie ici la particule y I avec

��la signification de Jï. Le texte de ses pro- légomènes oiîre encore quelques exemples de l'y! négatif.

^ Ibn Khaldoun donne ici cinq mor- ceaux de vers qu'il avait récités devant le sultan. Us sont assez bien tournés et mon- trent que l'auteur savait s'exprimer en vers avec facilité et élégance. Je donne ici le premier morceau , mais je ne réponds pas de l'exactitude de la traduction , vu que le texte est loin d'être satisfaisant sous le point de vue de la correction. J'ai toutefois essayé de le rétablir, avec l'aide

�� �