Une étoile filante qui illumine toujours les scènes arabes et internationales: Latifa, l’histoire d’une diva

C’est l’une des plus grandes divas de la chanson tunisienne, dont l’intense activité de production artistique témoigne encore une fois de la puissance et de la pureté de sa voix indémodable. Si elle a réussi à s’imposer sur la scène internationale et arabe, c’est que le démon de la chanson l’habitait depuis sa tendre jeunesse. Là où elle se produit, le public reste ébahi devant une voix aussi suave, forte et enchanteresse.


«Je suis de retour, avec la voix du rêve qui m’habite…Je suis de retour, et mon cœur bat pour la patrie… et fière d’elle… ». C’est par ces mots pleins d’amour et de nostalgie que la star du chant arabe… et la reine des scènes, Latifa Arfaoui, a choisi de s’adresser au public tunisien, la veille de son dernier concert au Festival international de Carthage en 2019.

« Je ne refuse aucune invitation à me produire en Tunisie et il m’arrive de tout annuler pour réponde à l’appel de mon pays ». C’est ainsi que Latifa Arfaoui a décrit les sentiments intenses d’appartenance à sa terre natale lors de la conférence de presse organisée lundi 15 juillet 2019 par la 55e édition du Festival International de Carthage à l’occasion de son spectacle programmé pour le vendredi 19 juillet 2019 au Théâtre romain de Carthage.

En effet, malgré la notoriété, la célébrité et l’absence de sa patrie, Latifa n’a pas changé, elle est la même, celle d’hier, d’aujourd’hui et de demain…Son absence, aussi bien que sa présence, sont une exception, un événement.

C’est l’une des plus grandes divas de la chanson tunisienne, dont l’intense activité de production artistique témoigne encore une fois de la puissance et de la pureté de sa voix indémodable. Si elle a réussi à s’imposer sur la scène internationale et arabe, c’est que le démon de la chanson l’habitait depuis sa tendre jeunesse. Là où elle se produit, le public reste ébahi devant une voix aussi suave, forte, enchanteresse.

Une sensibilité à fleur de peau

Aventurière à la voix haute bien frappée, entre force et fragilité, Latifa est toujours adulée par le public. Tous ses concerts confirment ses talents d’artiste malgré une longue absence remarquée dans les festivals tunisiens.  En effet, rien n’a réussi à affadir l’éclat de son sourire qui irradie toujours son visage, et sa prestation magistrale qui révèle encore une fois cette énergie un brin angoissée, signe d’une grande sensibilité d’artiste.

Mais derrière cette sensibilité à fleur de peau, se cache une grande cantatrice «dure à cuire». Malgré un parcours parsemé d’embûches, elle aura gain de cause et finira par imposer la loi de sa passion qui était la plus forte.

A maintes reprises, elle dut reprendre son armure de samouraï pour convaincre par le biais de son art qu’elle a dédié sa vie à son éternelle passion, la chanson. Mais aussi elle n’hésite pas à explorer d’autres scènes artistiques telles que le cinéma ou en s’escrimant à essayer d’autres styles musicaux. On la retrouve dans un film de Youssef Chahine « Silence…on tourne », campant le personnage d’Oum Kalthoum, ou encore dans « Hokom Al Roayaan» du réalisateur Mansour Rahabani.

Un parcours glorieux

Latifa Arfaoui est chanteuse et actrice, son nom : Latifa Bint Alayah Al Arfaoui. Elle est née en 1961 en Tunisie, d’une famille nombreuse, cinq frères et deux sœurs.

En 1978, elle a participé au club des talents (Nadi Al Mawaheb) où elle a été élue meilleure chanteuse. Latifa a été choisie par le ministère de la Culture pour représenter la Tunisie au troisième festival arabe pour les jeunes, organisé en Irak dans lequel elle a interprété les chansons d’Oum Kalthoum.

Durant une visite au Caire, Latifa a rencontré le grand compositeur Baligh Hamdi qui lui suggéra de rester en Egypte.

Mais elle préféra retourner à Tunis pour suivre ses études secondaires et apprendre la littérature allemande durant une année et demie. Par la suite, elle a rencontré le musicien Ali Sriti qui lui a donné des cours de chant. Ensuite, Latifa rejoint l’Académie arabe de la musique du Caire où elle a obtenu son baccalauréat. Elle a chanté à la radio égyptienne, ce qui lui a permis d’être repérée par Mohamed Abdelwahab et elle débuta une collaboration avec lui et avec le compositeur Ammar Al Sheraiei. En 1986, elle a sorti son album intitulé «Akhtar Min Roohi» qui a connu un grand succès à travers le monde arabe. Ensuite, elle a commencé à interpréter des chansons pop et a introduit au sein de ses chansons différents rythmes musicaux, comme celui du tango. En 1993, Latifa a sorti son album intitulé «Hobbak Hadi» puis, l’album «Taloumoni Donya» dont les paroles sont écrites par Nizar Qabani.

Sa carrière musicale a été entamée avec ces noms illustres qui l’ont marquée de leurs empreintes dans son parcours artistique et qui la propulseront au rang des superstars du monde arabe.

Elle surfe de distinction en distinction

Latifa enchaîne les sacres, en remportant le prix de World Music Award, de la meilleure artiste au Proche-Orient et en Afrique du Nord ainsi que d’autres récompenses nationales et internationales. La superstar a participé à de grands festivals et concerts à travers le monde arabe, en Europe et aux Etats-Unis. La nouvelle chanson de Latifa Arfaoui, intitulée «Youm Ili Fatou», est présentée sous forme de vidéo clip tourné en France dans la ville de Cannes, en collaboration avec le réalisateur français Stevan Lionardo. Latifa voue un amour infini à l’Egypte, sa terre d’adoption. «Le Caire, explique-t-elle dans un entretien au journal Le Monde, c’est toujours le Hollywood du monde arabe, même si nous avons eu de gros problèmes, notamment avec l’intégrisme ».

D’ailleurs, la rue égyptienne, qui fredonne toujours chacune de ses œuvres, admire ce condensé de brassages revendiqués, porté par sa voix limpide pleine de frissons et d’émotion.

Etant une humanitaire engagée, Latifa a fondé une association caritative qui porte son nom et dont le quart des revenus de ses concerts lui est dédié.

Retour sur scène à Carthage

En effet, le retour sur scène de Latifa à Carthage, après une grande éclipse, fut en lui-même un évènement de taille. La chanteuse prodige, qui a vite été projetée au firmament des stars de la musique tunisienne durant les années 80-90, avait enchanté un public avide de l’entendre.

Au grand bonheur de ses fans, elle a interprété ses chansons cultes créées pour elle par les plus grands paroliers et compositeurs tunisiens et égyptiens.

L’interprétation de ces chansons a démontré les prouesses vocales de l’artiste et sa parfaite maîtrise de ses envolées lyriques.

Indémodables, les chansons présentées au public furent un moment de pur bonheur aux esprits nostalgiques.  Ce fut un concert musical frais, original et sans contrefaçon.

Une soirée mémorable

Les spectateurs, venus nombreux, ont de ce fait repris en chœur presque la totalité des chansons et en redemandaient à n’en pas en finir.

L’aura de Latifa forçait aussi le respect d’un public qu’elle a su non seulement combler mais aussi susciter en lui l’amour et la reconnaissance pour sa classe, sa modestie et la solidarité dont la chanteuse faisait preuve durant toute sa vie.

Dans ce concert historique qui restera gravé à jamais dans l’histoire du festival, Latifa, qui cherche toujours à ce que son art reflète sa personne afin que son public se sente proche d’elle comme elle-même se sent proche de lui sur scène, a été simplement sublime.

Elle a emporté les spectateurs dans un voyage artistique de haute voltige, qui n’a pris fin qu’à une heure tardive.

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