Le discours du général de Gaulle du 30 mai 1968

Panorama ] Débat parlementaire sur les manifestations d'étudiants et la fermeture de la Sorbonne ] [ Le discours du général de Gaulle du 30 mai 1968 ] Allocution radiotélévisée prononcée par Georges Pompidou le 16 mai 1968 ] Le discours du général de Gaulle du 24 mai 1968 ] Marée bleu blanc rouge sur les Champs-Elysées 30 mai 1968 ] Le bilan des émeutes de la nuit du 11 au 12 juin 1968 publié par la préfecture de police ] Décret du 12 juin 1968 portant dissolution d'organismes et de groupements ] Introduction sur les évènements de mai 1968 ] Comment ces manifestations ont-elles pu se transformer en émeutes ? ] Quelle est la tactique nouvelle des manifestations ? ] L’action des groupes révolutionnaires et les manifestations des étudiants en Europe de l’Ouest ] La lutte psychologique, essence de la subversion ] L'expulsion des agitateurs étrangers ] L'appui international des mouvements révolutionnaires : le rôle de la conférence tricontinentale ] Les mesures de maintien de l'ordre républicain prises par le gouvernement français ] Le texte intégral de l'intervention de Raymond Marcellin à l'Assemblée Nationale ]

Allocution radiodiffusée du 30 mai 1968

Un million de français défilent sur les Champs-Elysées le 30 mai 1968" Françaises, Français, étant le détenteur de la légitimité nationale et républicaine j’ai envisagé depuis vingt-quatre heures toutes les éventualités sans exception qui me permettraient de la maintenir. J’ai pris mes résolutions. Dans les circonstances présentes, je ne me retirerai pas. J’ai un mandat du peuple, je le remplirai, je ne changerai pas le premier ministre dont la valeur, la solidité, la capacité méritent l’hommage de tous. Il me proposera les changements qui lui paraîtront utiles dans la composition du gouvernement. Je dissous aujourd’hui l’assemblée nationale. J’ai proposé au pays un référendum qui donnait aux citoyens l’occasion de prescrire une réforme profonde de notre économie et de notre université et en même temps de dire s’ils me gardaient leur confiance ou non par la seule voie acceptable, celle de la démocratie. Je constate que la situation actuelle empêche matériellement qu’il y soit procédé. C’est pourquoi j’en diffère la date. Quant aux élections législatives, elles auront lieu dans les délais prévus par la Constitution, à moins qu’on entende bâillonner le peuple français tout entier en l’empêchant de s’exprimer en même temps qu’on l’empêche de vivre par les mêmes moyens qu’on empêche les étudiants d’étudier, les enseignants d’enseigner, les travailleurs de travailler. Ces moyens, ce sont l’intimidation, l’intoxication et la tyrannie exercées par des groupes organisés de longue main en conséquence, et par un parti qui est une entreprise totalitaire même s’il a déjà des rivaux à cet égard. Si donc cette situation de force se maintient, je devrai, pour maintenir la République, prendre, conformément à la Constitution, d’autres voies que le scrutin immédiat du pays. En tout cas, partout et tout de suite, il faut que s’organise l’action civique. Cela doit se faire pour aider le gouvernement d’abord, puis localement les préfets devenus ou redevenus Commissaires de la République, dans leur tâche qui consiste à assurer autant que possible l’existence de la population et à empêcher la subversion à tout moment et en tout lieu. La France en effet est menacée de dictature. On veut la contraindre à se résigner à un pouvoir qui s’imposerait dans le désespoir national, lequel pouvoir serait alors évidemment essentiellement celui du vainqueur, c’est-à-dire celui du communisme totalitaire. Naturellement, on le colorerait pour commencer d’une apparence trompeuse en utilisant l’ambition et la haine de politiciens au rancart. Après quoi ces personnages ne pèseraient pas plus que leur poids, qui ne serait pas lourd. Eh bien non, la République n’abdiquera pas, le peuple se ressaisira, le progrès, l’indépendance et la paix l’emporteront avec la liberté. Vive la République. Vive la France! "

 

 

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