Reuters - Publié le 16/01/2011 à 22:28

Trois chefs de l'opposition dans le gouvernement tunisien

par Tarek Amara et Christian Lowe

TUNIS (Reuters) - Trois dirigeants de l'opposition tunisienne vont faire leur entrée dans un gouvernement de coalition au terme d'une journée de négociations à Tunis, où des fusillades ont éclaté dans la soirée après une journée plutôt calme.

Selon des sources proches des discussions conduites par le Premier ministre Mohamed Ghannouchi, Nadjib Chebbi, Moustafa Ben Jaafar et Ahmed Ibrahim participeront au nouveau gouvernement dans lequel les ministres des Affaires étrangères et de l'Intérieur sortants conservent leur poste.

Nadjib Chebbi, chef de file du Parti démocratique progressiste (PDP), devient ministre du Développement régional. Moustafa Ben Jaafer, président du Forum pour le travail et la liberté, est à la Santé tandis que Ahmed Ibrahim, du parti Ettajdid, récupère le portefeuille de l'Enseignement supérieur.

Alors que la journée avait été sensiblement plus calme que celle de samedi, la télévision nationale a fait état en fin d'après-midi de deux fusillades, l'une près du siège de la Banque centrale et l'autre devant le siège d'un parti d'opposition, le PDP.

Deux hommes armés qui se trouvaient sur des toits près de la banque centrale, à un pâté de maisons du ministère de l'Intérieur, ont été tués par les forces de sécurité, a-t-on déclaré de sources militaire et policière.

De source militaire, on signalait d'autre part à Reuters des échanges de tirs nourris entre les forces spéciales tunisiennes et des membres de la garde de l'ex-président Zine el Abidine Ben Ali. Des hommes de l'ancien président ont ouvert le feu alors qu'ils passaient devant le palais de la présidence à Carthage, banlieue à quelques kilomètres du centre de Tunis.

Dimanche étant un jour chômé, les rues sont restées relativement peu fréquentées. Des personnes sont sorties faire des courses et, pour la première fois depuis plusieurs jours, quelques camions de livraison ont circulé pour approvisionner les magasins.

ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE

Des chars étaient déployés dans les rues de Tunis où la troupe gardait les bâtiments publics, et des habitants ont confié qu'ils commençaient à se sentir plus en sécurité au lendemain des fusillades, pillages et évasions de prison qui ont marqué la journée de samedi.

A la tombée de la nuit, cependant, les habitants de certains quartiers ont reformé des barrages routiers, par crainte de nouvelles violences nocturnes.

L'homme qui était chargé de la sécurité présidentielle sous Ben Ali, Ali El Serriati, doit comparaître devant la justice pour avoir fomenté des violences et menacé la sécurité nationale, a rapporté dimanche la télévision publique. Selon la chaîne Al Djazira, un successeur lui a été trouvé.

Au sud de Tunis, plusieurs centaines de personnes se sont introduites à l'intérieur de la villa déserte et pillée d'un neveu de l'ancien président, Kaïf ben Ali, prenant des photos ou des plantes en souvenir, ou arrachant la plomberie.

La villa est située à Hammamet, station chic de la côte méditerranéenne à une soixantaine de kilomètres de la capitale, où bon nombre de membres de l'élite ont des résidences.

Le gouvernement qui sera présenté lundi est censé combler le vide laissé par le départ de Ben Ali, président depuis 1987, qui s'est enfui en Arabie saoudite après un mois de contestation. A plus long terme, le Conseil constitutionnel a indiqué qu'une élection présidentielle devrait, eu égard à la Constitution, se tenir au plus tard dans 60 jours.

Les formations d'opposition veulent des garanties sur l'équité de la prochaine élection présidentielle et avoir suffisamment de temps pour faire campagne. Deux partis d'opposition ont d'ores et déjà déclaré que le délai de 60 jours leur paraissait trop court.

A l'issue d'un entretien avec Ghannouchi, samedi, Najib Chebbi a jugé que des élections pourraient avoir lieu sous supervision internationale dans un délai de six à sept mois.

En France, Nicolas Sarkozy a rompu samedi le silence qu'il observait au sujet de la situation en Tunisie. Le président français a demandé l'organisation d'"élections libres dans les meilleurs délais".

Bertrand Boucey, Nicole Dupont, Eric Faye et Pierre Sérisier pour le service français

1 Commentaire

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iloud le 17/01/2011 à 12:00

De quelle opposition ?

Il s'agit là de respecter le sang versé, la lutte inébranlable du peuple Tunisien qui s'est battu avec sa seule volonté pour accéder à la liberté. Vous parlez de membres de l'opposition, d'un nouveau gouvernement ? Ce n'est pas ce que nous réclamons. Nombre des gens de l'opposition que vous citez se sont contentés depuis plus de 23 ans de 3 % des sièges au parlement, les autres membres que vous évoquez pour un plausible gouvernement font partie du RCD et ont soutenu le dictateur depuis tout ce temps. Nous ne voulons pas de ceux-là. Il faut que la véritable opposition puisse se regrouper, émerger. Avant toute chose les instances gouvernementales nationales et internationales doivent soutenir le peuple Tunisien, procéder à la dissolution du RCD et organiser un référendum. Si c'est pour procéder à des élections législatives avec un code érigé par le dictateur et élire des membres de sa mafia c'est inutile : le peuple ne l'acceptera pas. Que le tyran et sa famille se le tiennent pour dit : toutes ses milices [...] ne sont rien contre la volonté du peuple, il ne pourra pas mettre le pays à feu et à sang car notre volonté, qui l'a fait fuir [...] n'est pas prête à s'étioler. Nous ne le rappellerons pas à prendre le pouvoir, nous le ferons venir ici pour le juger de l'ensemble de ses crimes. C'est à cela que tous ces pays qui disent nous soutenir doivent nous aider. A geler les avoirs qu'il a volés aux Tunisiens, que lui et les siens ne soient pas à se prélasser dans des suites luxueuses car cela est comme une insulte.
Quant à la position du gouvernement français c'est honteux que ce pays, qui a tant cautionné, n'ait pas pris parti plus rapidement. Qu'est devenu le pays des droits de l'homme donneur de leçons ? Comment oser apporter son appui au dictateur plutôt qu'à la population ? Que craignait MAM ? Ne pas pouvoir aller jouer à la belote l'été prochain sur les terrasses de Houmt Souk avant de regagner sa suite dans son luxueux hôtel ?
Le calme est en train de regagner Tunis mais la volonté n'est prête ni à faiblir ni à se tarir.

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