TUNISIA Watch | 17/01/2011 | 17:02 | Je Blogue, Tunisie

Le chaos

Il y a de fortes raisons de parier que la solution politique au vide institutionnel laissé par la chute du régime de la dictature soit dépassée et n’a plus aucune chance d’être mise en application. L’incertitude de la situation sur le terrain, ainsi que l’insécurité dans tout le pays, font qu’un retour à la normale dans les jours à venir est improbable. Dans tous les coins du pays, on relate des scènes de chasse aux transfuges armés de l’ancien appareil sécuritaire. Plus de trois quarts d’entre eux ne sont pas revenus à leur poste, et n’ont pas non plus restitué leurs armes après la chute du dictateur. Le bruit des armes à feu commence à se banaliser, et tout le pays semble se convertir en auxiliaire bénévole pour apporter du soutien à l’armée, tant il n’y a plus rien d’autre à faire.

Conscient que la situation est en train de leur échapper, les politiques, toujours en conclave pour négocier la formation d’un nouveau gouvernement, semblent avoir été pris de court par les évènements.  Ils ont dû mettre fin à leur marchandage précipitamment, pour organiser la fuite d’une liste du gouvernement, pour apaiser la population. Le premier ministre est intervenu sur toutes les chaines de télévision pour promettre l’annonce officielle demain.

Des vieux caséiques de l’apparatchik du système révolu (RCD et opposition confondus), au bout du rouleau, dont la moyenne d’âge dépasse celui de la retraite, ayant comme second point commun qu’aucun d’entre eux ne se trouvait devant le ministère de l’intérieur le 13 janvier quand le peuple scandait « A bas Ben Ali, à bas le RCD ».  Il étaient déjà occupés à trouver un compromis pour le sauver.

Le gouvernement qui sera annoncé ne sera ni le gouvernement d’union ni le gouvernement de salut. Moins encore un gouvernement provisoire, dans sa composition comme dans la méthode qui a abouti à sa constitution. Il pue l’exclusion et l’esprit de tutelle et d’hégémonie. Il servira à faire plus de mécontents qu’à calmer les esprits. Aucun symbole pouvant être apparenté à contestation qui a abouti à la chute du dictateur n’en fait partie. La révolution des jeunes est ainsi en train d’être confisquée par les vieux, alors que le pays s’enfonce dans le chaos.

Dans tous les quartiers des villes et les villages a travers le pays, la population prend sa sécurité en main de jour comme de nuit, malgré le couvre feu. Les jeunes se convertissent en miliciens, ce sont les structures de base du RCD qui encadrent pour l’essentiel ce mouvement, et tout le monde semble se plaire à barrer les routes et au contrôle de voitures et d’identité. Personne ne sait jusqu’à quand ça peut durer ni à quoi va aboutir cette situation.

Yahyaoui Mokhtar – 16 Janvier 2011

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