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"Largo Winch II" : Largo Winch, mauvaise affaire

LEMONDE | 15.02.11 | 16h25  •  Mis à jour le 16.02.11 | 07h19

 

Sharon Stone dans le film français de Jérôme Salle, "Largo Winch II".

Sharon Stone dans le film français de Jérôme Salle, "Largo Winch II".WILD BUNCH DISTRIBUTION

Si vous ne savez pas ce qu'est un "spoiler" (du verbe to spoil, gâcher), en voici un : aussi mauvais soit-il, un film qui se termine par un combat au couteau entre Sharon Stone et Laurent Terzieff n'est pas un navet comme les autres. Et la phrase précédente n'a pas tout à fait gâché le suspense puisqu'elle ne dit pas qui des deux incarne le méchant. Laurent Terzieff est Alexandre Jung, ancien président du Comité international de la Croix-Rouge et Sharon Stone tient le rôle de Diane Francken, procureure au Tribunal pénal international.

Entre les deux, il y a Largo Winch (Tomer Sisley), le beau jeune homme qui dirige une multinationale depuis Hongkong et depuis le décès de son père. Avant ce deuil, Largo menait une existence nomade qui a conduit ses pas en Birmanie, en territoire karen où il a filé le parfait amour, jusqu'à ce que la guerre qui oppose les Karen au régime de Rangoun ne le sépare de sa compagne Malunaï (Mame Nakprasitte).

Et voilà qu'au moment où Largo s'apprête à vendre tous ses avoirs - comme on se débarrasserait de votre salon sur eBay - pour mettre sur pied une fondation humanitaire, la procureure Francken décide de l'inculper pour sa participation à un massacre de Karen. Alexandre Jung l'avait pourtant prévenu : sa décision charitable allait exposer Largo à la vindicte d'ennemis "nombreux et puissants".

On remarquera que Largo accepte de mettre en vente sa société à un prix déterminé par le cours de l'action au jour de la signature de l'acte de vente final. Bien mal lui en prend, puisque les acheteurs potentiels vont tout faire pour que chute ce cours. S'il avait lu un magazine de conseils aux investisseurs, il aurait pu prévenir ce risque, mais il faut tenir compte du nombre de tentatives d'assassinat dont il fait l'objet, il y a de quoi être distrait.

En parlant de distraction, le spectateur de Largo Winch II s'en voit proposer une farandole. Certaines sont classiques : l'avantage, avec les militaires birmans, c'est que personne ne se plaindra de les voir dépeints sous le jour le plus sombre ; la localisation de leur pays permet en outre de renouer avec la destruction de villages sur pilotis aux toits de palmes rendue populaire par John Rambo. Quant aux affaires dans les républiques caucasiennes, c'est l'occasion rêvée d'une poursuite en voiture à la façon de James Bond.

Il y a aussi ce petit supplément de folie qui tient à la présence de Sharon Stone. Si vous vous attendiez à ce qu'elle ait étudié le maintien et l'élocution de Louise Arbour ou Carla Del Ponte (qui furent procureures au TPI), vous serez un peu déçu. La principale préoccupation de l'actrice est de raviver l'interrogation qui la poursuit depuis qu'elle fut interrogée par la police dans Basic Instinct : a-t-elle pensé à tout en s'habillant ce matin ?

Largo Winch II n'apporte pas de réponse précise, mais laisse planer un suspense entêtant. Un peu écoeurant, même, quand le parfum bon marché d'un érotisme fatigué se mêle aux tragédies d'aujourd'hui.

LA BANDE-ANNONCE (avec Preview Networks)


Film français de Jérôme Salle vec Tomer Sisley, Sharon Stone, Laurent Terzieff, Ulrich Tukur. (1 h 59.)

Thomas Sotinel

L'avis du "Monde"

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Article paru dans l'édition du 16.02.11
 

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