| 01.03.11 | 17h13 Mis à jour le 04.03.11 | 12h05
Pendant quelques semaines, ce film a été baptisé Clearstream. A l'approche de la sortie, il est devenu Le Bal des menteurs, un titre qui lui sied mieux. Certes, Daniel Leconte tient la chronique d'un procès qui, à l'automne 2009, a opposé Dominique de Villepin, l'un des cinq prévenus, à Nicolas Sarkozy, l'une des parties civiles. Et si l'on veut se faire une idée plutôt précise de l'enchaînement de mensonges, de faux, de manoeuvres policières et politiques qui ont amené les plus hauts personnages de l'Etat jusqu'au prétoire, ce film remplit scrupuleusement sa fonction pédagogique.
Pour ordonner ce chaos, Daniel Leconte a repris le dispositif de son film précédent, C'est dur d'être aimé par des cons (2008), consacré au procès intenté à Charlie Hebdo après la publication des caricatures de Mahomet. Les séquences tournées à la porte de la salle d'audience pendant le procès alternent avec les propos des protagonistes enregistrés dans un environnement neutre. Le contraste entre le tumulte qui règne dans la salle des pas perdus et l'apparente sérénité des entretiens est accentué par la différence de texture des images. A l'agitation en basse définition répond la précision un peu désincarnée des interviews en HD.
Résultat à somme nulle
A moins d'avoir mémorisé chacun des détails de l'affaire, des efforts d'investigation du journaliste Denis Robert à l'affrontement judiciaire entre Dominique de Villepin et Nicolas Sarkozy, la première partie du film exige un énorme effort d'attention, dont on est en droit de se demander s'il vaut la peine. C'est qu'il apparaît vite, à travers les explications -d'Imad Lahoud et de Jean-Louis Gergorin, que, comme dans un roman de John Le Carré, la partie qui se joue produira un résultat à somme nulle.
Peu à peu, le discours des acteurs des audiences - avocats et procureur - prend le pas sur celui des prévenus (Dominique de Villepin n'a pas accordé d'entretien à Daniel Leconte : on ne le voit que dans les séquences tournées lors des audiences) ou des parties civiles (Nicolas Sarkozy n'apparaît que dans des extraits de journaux télévisés mais on voit par exemple l'ancien directeur de la rédaction du Monde, Edwy Plenel). Olivier Metzner, avocat de l'ancien premier ministre, Thierry Herzog, qui représente l'actuel chef de l'Etat, le procureur Jean-Claude Marin refont le procès, comme les sportifs après le match. A cette immense différence près que, contrairement à Thierry Henry ou Gaël Monfils, ces hommes vivent et meurent par la parole et que cette recréation est pour eux, après l'acquittement de Dominique de Villepin, l'occasion de parfaire leur triomphe (Metzner) ou de conjurer la défaite (Herzog, Marin). C'est dans ces longues explications, confrontées au souvenir des tribulations des audiences, que le film justifie son titre et sa raison d'être.
On ne peut catégoriquement ranger ces discours au rayon des mensonges. Ils ne relèvent pas de la négation de la réalité mais d'arrangements nécessaires avec celle-ci. Les historiens à naître trouveront dans Le Bal des menteurs un document sur une affaire qui mit en évidence les travers d'une démocratie au début du XXIe siècle. Les observateurs de la nature humaine y verront un remake contemporain de La Foire aux vanités.
LA BANDE-ANNONCE (avec Preview Networks)
Film documentaire français de Daniel Leconte. (1 h 56.)
Thomas SotinelÀ VOIR
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