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"We Want Sex Equality" : rouge gauchiste et rose bonbon

LEMONDE pour Le Monde.fr | 08.03.11 | 10h12  •  Mis à jour le 08.03.11 | 11h06

 

We Want Sex Equality

We Want Sex EqualityARP Sélection

On a rarement l'occasion d'employer les termes " trotskiste " et " mièvre " dans la même phrase, alors, profitons-en. Inspiré de la grève que les ouvrières d'une usine anglaise de Ford menèrent en 1968, We Want Sex Equality mène une charge impitoyable contre la bureaucratie syndicale et le grand capital (on croirait alors que le film a été écrit par un militant du très trotskiste Socialist Workers Party) tout en déchaînant des torrents lacrymaux dès que les prolétaires quittent leur poste de combat pour leur foyer, où la vie est aussi mièvre qu'un livre de Barbara Cartland.

Nigel Cole, le réalisateur de cette bluette aux reflets rouges, avait déjà témoigné de son attachement à la cause des femmes avec Calendar Girls, également inspiré de faits réels (une poignée de dames patronnesses posaient dans le plus simple appareil pour une bonne cause). Cette fois l'inspiration surgit du fond des âges - 1968, donc. Cet été-là, les ouvrières de l'atelier de sellerie de Dagenham, d'où sortaient les Cortina qui transportaient l'Angleterre de Harold Wilson, se mirent en grève pour demander non seulement une augmentation de salaire, mais la parité de traitement avec les hommes.

A l'écran, la direction de ce combat a été confiée à Sally Hawkins. Les spectateurs de Be Happy se souviennent de l'optimisme à toute épreuve dont l'avait dotée Mike Leigh. Il semble que la greffe ait bien pris, puisque Ms Hawkins est presque aussi exaspérante ici que dans Be Happy. Elle jongle entre la mobilisation de ses collègues à l'atelier, les négociations avec des patrons sans cœur et des dirigeants syndicaux sexistes et la gestion de son couple. Autour d'elle, un échantillon représentatif de stéréotypes féminin monte aux barricades: la quinquagénaire usée par la vie qui reprend espoir, le beau brin de fille qui rêve d'échapper à sa condition, la bonne copine sur qui l'on peut toujours compter. Sans parler de l'épouse du directeur de l'usine qui se révèle être une sympathisante opprimée du combat ouvrier.

En face, les hommes sont lâches ou obtus, à la notable exception du vieux délégué syndical (Bob Hoskins) qui se range aux côtés des grévistes en souvenir de sa maman célibataire qui l'a élevé envers et contre tout (car le scénario de William Ivory n'est pas du genre à laisser une question sans réponse). Le film est habillé des couleurs vives du "Swinging London", les chansons de la bande originale sont puisées à la même source que celles de Good Morning England. Ce spectacle sympathique et parfois agaçant fera rêver les bénéficiaires des tarifs seniors au temps où les luttes ne se livraient pas le dos au mur. Les titulaires de la carte Imagin'R (et vous voudrez bien excuser ce parisianisme) s'agaceront probablement de cette nostalgie.

LA BANDE-ANNONCE (avec Preview Networks)

Film britannique de Nigel Cole, avec Sally Hawkins, Bob Hoskins, Miranda Richardson, Rosamund Pike. (1h53)

Thomas Sotinel

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  • Barney Mayerson 12h35

     "Be Happy" s'appelait en réalité "Happy go-lucky", "Good Morning England" avait pour titre original "The Boat That Rocked". Et "We Want Sex Equality" s'appelle en fait "Made In Dagenham"... Les distributeurs français adorent ces faux titres anglais. Pour faire mieux capter l'esprit du film tout en gardant le ton "British"? J'essaie de comprendre ! La tendance est à la première personne du pluriel: "Four Lions" est devenu "*We are* Four Lions". Go figure ! Répondre


 

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