15 février 2011

L’université française est en pleine mutation et les présidents d’université investis de nouvelles missions. Hugues Fulchiron, le président de l’université Jean-Moulin de Lyon, m’a accordé cet entretien publié dans notre hors série « Guide des masters et MBA » où il revient sur ce qu’est une grande université aujourd’hui.Hugues Fulchiron

Dans une grande université comme la vôtre, y a-t-il encore une vraie différence entre les masters professionnels et recherche ?

Nous avons constaté que les masters recherche étaient de moins en moins demandés et rapproché les deux systèmes. Un étudiant en master professionnel peut donc suivre des modules de recherche alors que certains masters recherche comportent des parcours professionnels. Les différences se gomment peu à peu et on peut aujourd’hui commencer un master professionnel et se rendre compte que la recherche vous passionne et poursuivre en thèse.

La nouveauté pour vous a été cette année la création de masters enseignement menant aux concours de professeurs. Mais que deviendrons les étudiants titulaires d’un master qui échoueraient aux concours ?

D’abord il faut dire que ce ne fut pas une mince affaire de créer ces masters qui comptent dès cette année plusieurs centaines d’étudiants. Ceux qui échoueront aux concours seront sans doute amenés à tenter d’obtenir un autre master menant à d’autres professions. Mais c’est encore trop tôt pour le savoir. Quoi qu’il en soit des passerelles seront mises en place pour les accompagner.

Vous possédez un IAE en concurrence directe avec la grande école qu’est l’EM Lyon. Comment vous positionnez-vous face à eux ?

Nos professeurs et nos élèves n’ont pas de complexe à avoir en termes de qualité de formations et d’insertion professionnelle… et un superbe avantage coût-qualité.  A l’international, nous avons des accords de premier plan pour que les étudiants qui le souhaitent puissent partir. Ce qu’il nous manque ? Sans doute un réseau d’anciens renforcé.

Vous vous sentez aussi proche du monde professionnel qu’une grande école ?

Nos formations sont tournées vers le monde professionnel. Que ce soit en droit, en management ou encore en langues – nous délivrons essentiellement des diplômes de LEA (langues étrangères appliquées) -, l’insertion professionnelle de nos étudiants est une préoccupation essentielle pour nous depuis bien longtemps.

Une université, c’est d’abord de la recherche. Ce qui coûte cher, notamment quand on veut recruter les meilleurs professeurs. Avez-vous les moyens de vos ambitions?

Les universités de sciences humaines et sociales commencent juste à prendre conscience qu’ellessont entrées dans une ère de concurrence internationale et que les excellents chercheurs circulent dans le monde entier, de Hong Kong à Cambridge. Nous essayons de les attirer avec des moyens financiers certes limités mais avec des laboratoires de grande qualité, de bons moyens matériels et… le sens de l’accueil lyonnais.

Auparavant, n’y a-t-il pas un vaste travail à faire sur les doctorants, souvent peu considérés en France, et qui sont pourtant vos professeurs de demain ?

Dans certaines disciplines, en management, en droit, en sciences, nous allons cruellement manquer d’enseignants-chercheurs dans les dix ou vingt ans à venir. Une de nos missions actuelles est de préparer la relève avec nos doctorants. Nous en en avons 920 et nous délivrons 80 doctorats par an. La durée des thèses dépend des disciplines mais nous poussons les doctorants à les finir plus vite. La bonne nouvelle est que les inscriptions ont remonté significativement cette année, sans que l’on puisse affirmer qu’il s’agit des premiers effets bénéfiques des nombreux contrats doctoraux qui viennent d’entrer en vigueur.

Vous cultivez également l’international ?

La moitié de ces doctorants sont étrangers. L’international est un point de force que nous avons toujours voulu développer. Nous portons ainsi les formations de droit et de gestion au sein de l’université d’Erevan en Arménie qui compte près de 900 étudiants.

Vous faites partie du PRES Université de Lyon. Quels avantages en tirez-vous déjà ?

C’est un très grand PRES – près de 120 000 étudiants -, le PRES nous permet d’être plus visible à l’international. Il assure également le portage des grands projets comme le plan Campus ou la réponse à l’emprunt national. C’est un vecteur d’interdisciplinarité de la recherche et des formations. Il nous permet également de mutualiser des formations. dans certaines disciplines menacées, comme les lettres classiques. Ensemble nous pouvons assurer leur survie. Nous avons pris conscience que tout le monde ne pouvait pas tout faire seul et qu’il est nécessaire de créer des pôles de formation communs garantissant l’excellence de nos formations.

22500 étudiants

Installée sur plusieurs campus au centre de Lyon, dont une ancienne manufacture des tabacs superbement réhabilitée, l’université Jean Moulin (Lyon 3) compte plus de 22 500 étudiants en sciences humaines et sociales (droit, langues, lettres, philosophie), un IAE (institut d’administration des entreprises) et un IUT (institut universitaire de technologie). Plus d’infos : http://www.univ-lyon3.fr/

 

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