10 mars 2011

hschabus_voyageautourdemachambre_1.1299609528.jpgOn se souvient encore à Villeurbanne de la palissade que Hans Schabus avait édifiée autour de l’Institut d’Art Contemporain il y a trois ans, empêchant -ou, en tout cas, dissuadant - d’y entrer. Il récidive dans une exposition personnelle, ‘Nichts geht mehr‘ (Rien ne va plus), à l’IAC jusqu’au 24 avril. Une fois dans le bâtiment, c’est une carcasse désossée de caravane qui bloque l’entrée, barrant la première salle, obligeant à une manÅ“uvre de contournement pour aller plus loin (‘Voyage autour de ma chambre’). Hans Schabus est un praticien psycho-géographe, qui modèle l’espace pour le spectateur, le contraignant à l’audace, à la transgression.

hschabus_meterriss_1.1299609478.jpgPlus loin, une chaîne tendue à hauteur d’homme cerne l’espace central du musée (‘Meterriss’, Trait de niveau) : elle aussi bloque, interdit, mais de plus elle attaque la structure. La chaîne est si tendue qu’elle mord dans les parois, crève les plaques de placoplâtre et tord les armatures d’aluminium : cette destruction de l’espace d’exposition est une attaque contre le white cube, mais aussi une stimulation de la hschabus_meterriss_3.1299609500.jpgcuriosité du visiteur (que se passerait-il si vous osiez transgresser l’interdiction ?), une incitation à ne pas respecter les règles officielles d’occupation de l’espace muséal (ne pas toucher les sculptures, ne pas s’rapprocher des tableaux, ne pas prendre de photos au flash, ne pas rester plus d’une minute devant la Joconde,…). Hans Schabus serait-il un ferment de révolte ?

Bon nombre des pièces présentées ici se réfèrent à ses ateliers, rambarde récupérée, diaporama saccadé de photos des lieux, vidéo du rebouchage du puits (de Babel) qu’il y creusa. Si cette dialectique d’aller et retour entre atelier et espace d’exposition se comprend intellectuellement, elle paraît ici souvent un peu artificielle, tournant au procédé : ainsi du tas de poussière récolté quand il a fait le ménage dans l’atelier qu’il quittait. Rhinocéros et dinosaure récupérés dans un parc d’attraction font aussi de l’effet, mais sont trop anecdotiques à mes yeux.

hschabus_welt.1299609635.jpgPar contre, son travail sur le territoire, sur la carte m’a paru très dense : tout un mur de cartes trafiquées, transformées, effacées, une exploration du monde horizontale qu’il met en rapport avec la colonne sans fin. Dans la même veine, sa collection enfantine de timbres-postes couvre tout un mur : loin du classement habituel, les timbres sont classés ici pour former un arc-en-ciel multicolore (‘Welt’, Monde). On est au coeur de l’idée de série, de collection, allant de l’intime au mondial, de l’unique au collectif, du privé et clos au public et exposé.

hschabus_haaans.1299609444.jpgEnfin HAAANS est un collage de portraits de lui, récoltés dans des magazines, mis à la même échelle et assemblés bribe par bribe : au delà de son image de Pantocrator, c’est un beau travail sur la représentation de soi, sur la réappropriation de son image.

Hans Schabus prélève, prend et montre, il occupe l’espace et le détourne, y laissant sa marque. Pour moi, c’est un digne héritier de Bruce Nauman.

Photos courtoisie de l’IAC. Voyage autour de ma chambre, 2010 (Caravane, Matériaux divers) et Meterriss, 2011 [Trait de niveau] (Chaîne en acier) : Courtesy de l’artiste, Vienne. Productions Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes.
 HAAANS, 2009 (Collage, impression sur papier) et Welt, 2008 (détail) [Monde] (Timbres, papier) : courtesy Kerstin Engholm Galerie, Vienne.
Toutes photos :
Vues de l’exposition Hans Schabus, Nichts geht mehr, 25 février – 24 avril 2011, Institut d’art contemporain, Villeurbanne/Rhône-Alpes. © Blaise Adilon.

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Commentaires

  1. Le travail sur le territoire et la carte me fait penser aux travaux du Land Art, plus précisément les transferts de Dennis Oppenheim et pour ce qui est de la transgression de l’espace, les théories de Robert Smithson . Ce qui pose la question de l’espace barré, peut être prendre comme référent Christo avec ses 240 bidons d’huiles rue Visconti. Comme quoi 50 ans après, toutes les réponses ne sont pas trouvées ;)

  2. non rien à voir avce le land art, vraiment rien désolé, le land art ne peut avoir lieu dans des musees

    il faut aussi oter que hormis ses colllages ces rneversements de camionettes et autres chaines n’est pas de l’art

    le conceptuel n’a jamais été de l’art car il ne parle pas de l’être humain mais est un délire de schizo

    sinon j’aime beaucoup la carte en timbres et l’autoportrait est bien fait, il s’aime bien le bougre, en prétendant faire bouchon

    faut qu’il demande aux medias sionistes pourquoi ils nous bouchent l’horizon politique

    et s’il veut être un saint champion divin tout libre il n’a qu’à prendre son baluchon, èersonne ne l’en empêche

    bien sûr s’il prétend être un autre il attendra dans sa chambre avec lui
    parce que il a du travail, mais alors il devrait aussi illustrer l’obolix, le nettoyeur atmosphérique et ses rayons prismés qui libèrent les molécules d’eau dans l’atmosphère

    mais non

    “l’autre” peut recevoir ses projections douteuses

    et lui pavaner pendant que “l’autree” s’échine dans le vide et livre des trésors d’inspiration… ce coq n’y voit que ses jugements superficiels

    mais il est le christ cela se voit n’est-ce pas

    mette-le à l’épreuve de son ego, filez-lui une baffe pour voir s’il tend l’autre joue

    des propos pastiches et schizophrènes aberrants TRES encouragés par le système rottenschild

    reste au collages mon gars, même cette technique ne t’appartient pas et tu l’as volée puisque tu ne dis pas qui t’a inspiré
    combien ils tont payé pour t’amuser un bon coup ? d’ailleurs… le coup était-il bon ?

  3. Le Guardian cherche des gens comme vous, à tout hasard, si vous êtes intéressé !
    http://www.guardian.co.uk/culture/2011/mar/10/europe-guardian-arts-bloggers-critics

  4. Le travail sur le territoire et la carte me fait penser… au bouquin de Michel Houellebecq.


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