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Critique

Akram Khan veut monter au ciel mais peine à décoller

LEMONDE | 10.03.11 | 15h31  •  Mis à jour le 10.03.11 | 15h31

 

Quelle mouche mystique a piqué Akram Khan ? Sa nouvelle pièce pour huit danseurs, Vertical Road, à l'affiche du Théâtre de la Ville, à Paris, jusqu'au 13 mars, tente de monter au ciel mais peine à décoller du plateau. A croire qu'il manque quelques barreaux à l'échelle spirituelle rêvée par le chorégraphe britannique d'origine bangladaise.

La première vision des danseurs, couverts de terre et disposés en pointe de flèche, impose l'idée d'une expédition tribale. Cette imagerie, au demeurant léchée et plutôt réussie dans un registre repéré, persiste tout au long de la pièce, alourdie par une charge chorégraphique massive et une partition percussive de même acabit du compositeur Nitin Sawhney.

Akram Khan compte sur l'impact du groupe lancé dans des salves de mouvements presque martiaux pour raconter cet élan vers un ailleurs. Acrobatique, viscéral, le mouvement fait monter la pression sans qu'arrive l'ascension annoncée dans le titre Vertical Road. Un "leader" barbu, figure solitaire et exemplaire, semble mener comme il faut la petite troupe sur la voie de la connaissance. Curieusement, on a beau reconnaître parfois la patte vive d'Akram Khan, Vertical Road ne possède pas la verve fonceuse de ses productions habituelles, très contemporaines dans l'esthétique et les thèmes. Il est loin, l'aéroport no man's land de Bahok (2008) qui accueillait tous les migrants du monde sur ses sièges-coquilles en plastique.

Idem pour le traitement virevoltant des corps. Leur enracinement paradoxal dans le sol et leur précision rythmique rappellent évidemment les origines d'Akram Khan, la danse kathak, style traditionnel du nord de l'Inde, bâti sur des pirouettes cinglantes, des frappes de pieds impératives, mais sans en posséder l'audace.

Une seule séquence, vers la fin du spectacle, retrouve la dynamique d'ivresse, la vitesse et la fluidité combinées, qui a fait le succès d'Akram Khan depuis 2000. Transformés en particules d'énergie, les danseurs balayent le plateau à coups de tornades, happés par des bras qui semblent leur échapper. Décollage à vue dans l'espace, enfin un ange plane.


"Vertical Road" d'Akram Khan. Théâtre de la Ville, place du Châtelet, Paris 4°. Jusqu'au 13 mars, à 20 h 30. Dimanche, 15 heures. Tél. : 01-42-74-22-77. De 15 à 28 euros.

Rosita Boisseau Article paru dans l'édition du 11.03.11
 

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