08 mars 2011

Depuis 2000, les prix de l’immobilier à Paris ont augmenté de 146%. Pour la seule année 2010, le prix du mètre carré dans l’ancien a progressé de 17,5% dans la capitale et de 9,45% en moyenne en France. Alors que les revenus n’augmentaient que de 45% en 10 ans.

Face à cette situation, Isabelle Rey-Lefebvre constate que des élus locaux, des associations et même, paradoxalement, des professionnels de l’immobilier, «réclament un encadrement ou un plafonnement des loyers».

C’est ainsi que le « taux de propriétaires parmi les 30% des ménages les plus pauvres a dégringolé de 46% en 1981 à 33% en 2007 » tandis qu’il progressait dans le même temps pour les ménages les plus aisés, passant de 51% à 70%. Le logement devient ainsi un « marqueur des inégalités croissantes ».

Cette situation pèse en particulier sur le moral des jeunes « qui désespèrent de devenir propriétaires » et sur la compétitivité économique, le renchérissement de l’immobilier ayant un effet repoussoir pour les salariés et les fonctionnaires « bien utiles pour faire fonctionner la cité ».

Pourtant, paradoxalement, les Français achètent. Pourquoi ? Les propriétaires revendent pour racheter (2 acheteur sur 3 dans l’ancien) et à cause de «l’ouverture des vannes du crédit» et de l’allongement de la durée des emprunts.

Conséquence : les ménages s’endettent massivement - mais moins qu’en Angleterre ou en Espagne ; le marché est déséquilibré au détriment de la location ; l’épargne s’oriente vers l’immobilier, alimentant la hausse…

La Chine a peut-être trouvé une solution en promettant de créer «en cinq ans, 36 millions de logements à prix abordables» et en taxant les logements vides. De son côté, l’OCDE « invite les Etats à remettre sérieusement en cause leur soutien sans mesure à l’accession à la propriété.

A lire sur ce sujet dans « Le Monde Economie » dans l’édition Abonnés du Monde.fr ou dans “Le Monde” daté mardi 8 mars :

- Tous propriétaires : la fin d’un mythe, par Isabelle Rey-Lefebvre et Harold Thibault (à Shanghaï).

- A Paris, les prix sont tellement extravagants que les vrais résidents sont exclus du marché, par Adrien de Tricornot.

- Entretien avec Jean-Pierre Petit, économiste, président des Cahiers verts de l’économie : « la hausse continue dégrade le pouvoir d’achat des jeunes générations », propos recueillis par Adrien de Tricornot.

- Questions-réponses : offre et demande en France et la spécificité parisienne.

- Au Royaume-Uni, où la propriété est reine, l’effondrement de l’immobilier a gelé le marché, par Marc Roche.

A noter qu’Isabelle Rey-Lefebvre signe deux pages dans Direct Matin du lundi 7 mars titrées « Peut-on contrôler la hausse des prix de l’immobilier ? » et « Des politiques de logement mal conçues, selon l’OCDE ».

« Le Monde Economie » propose ses rendez-vous traditionnels :

- « Méditerranée, un mur tombe », par Jean Pisani-Ferry.

- La chronique de Martin Wolf : « Chère démocratie, cher pétrole ».

- Livre : « Les Français face aux inégalités et à la justice sociale », dirigé par Michel Forsé et Olivier Galland. Armand Colin, 288 pages, 22,50 euros (chronique de Philippe Arnaud).

- Les acteurs de l’économie : «1938 : Henry Morgenthau et le débat sur la relance», par Jean-Marc Daniel.

- Chronique de la semaine : « Un Mécanisme de stabilité punitif », par Paul Jorion.

- Entreprise : « Gare à la méfiance excessive sur les conflits d’intérêts », par Pierre-Yves Gomez.

- Droit social : « Victimes de l’amiante : une jurisprudence protectrice », par Francis Kessler.

Prix de l’Institut Europlace de finance :

- Entretien avec Joël Peress, Prix 2011 du « meilleur jeune chercheur en finance », professeur à l’Insead, qui doit lui être remis jeudi 10 mars : « il faut comprendre pourquoi les marchés s’éloignent de l’efficience », propos recueillis par Adrien de Tricornot.

- Quatre axes de recherche pour redonner du sens à la finance, par Jean-Michel Beacco, directeur général de l’Institut Louis-Bachelier.

Quatre pages « Spécial diversité » consacrées à des exemples de féminisation du monde du travail :

- La féminisation des professions n’est pas synonyme d’égalité (le pouvoir reste entre les mains des hommes dans de nombreux métiers, comme la médecine), par Sarah Belouezzane.

- La chirurgie, dernier bastion masculin dans une profession médicale de plus en plus ouverte, par Sarah Belouezzane.

- Magistrature : de plus en plus de femmes portent la robe, par Nathalie Quéruel.

- Nancy : la patience de la présidente du TGI, par Nathalie Quéruel.

- Les start-up demeurent souvent l’apanage du geek, par Pauline Turuban.

- Des réseaux de solidarité féminine, par Pauline Turuban.

- Les stéréotypes freinent l’arrivée des ouvrières dans le bâtiment, par François Giolat.

- Les nouvelles cadres face à la méfiance des « bonshommes », par François Giolat.

- Entretien avec la sociologue Marlaine Cacouault-Bitaud, qui réfute l’idée reçue selon laquelle les femmes sont moins engagées dans leur profession que les hommes : « la dévalorisation d’un métier n’est pas due à l’arrivée des femmes », propos recueillis par Sébastien Dumoulin.

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