LEMONDE.FR avec AFP | 15.03.11 | 08h35 Mis à jour le 15.03.11 | 15h00
La Bourse de Tokyo a vécu mardi l'une des pires journées de son histoire, l'indice Nikkei s'effondrant de 10,55 % dans un mouvement de panique des investisseurs sur fond d'aggravation de la crise nucléaire au Japon. A la clôture, l'indice Nikkei 225 des valeurs vedettes a plongé de 1 015,34 points, à 8 605,15 points, subissant, en pourcentage, la troisième plus importante chute depuis sa création, il y a plus d'un demi-siècle.
Dans le sillage de Tokyo, les places européennes chutaient également vers 15 heures. La Bourse de Paris a accentué ses pertes, le CAC 40 perdant brièvement 4 %, dans un volume d'échanges deux fois supérieur à la normale. A la même heure, la Bourse de New York s'enfonçait elle aussi dès l'ouverture, le Dow Jones perdant 2,42 % et le Nasdaq 2,89 %.
L'indice japonais Nikkei avait déjà chuté lundi de 6,18 %, trois jours après un séisme et un tsunami qui ont dévasté le nord-est du Japon, détruisant ou endommageant les infrastructures et des sites de production.
Mardi, l'indice a commencé la journée en forte baisse et s'affichait encore en forte baisse, de 6,45 %, à la mi-séance. Mais c'est un vent de panique qui s'est levé sur le marché à la reprise de 4 h 30, après que le gouvernement eut admis que le niveau de radioactivité mesuré à la centrale nucléaire de Fukushima était dangereux pour la santé, la Bourse s'effondrant de près de 14 %.
Aucun secteur n'a semblé épargné. Parmi les géants de l'électronique, Panasonic s'est écroulé de 11,27 %, à 866 yens, et Sony de 8,86 %, à 2 324 yens. Le constructeur automobile Toyota a chuté de 7,40 %, à 3 065 yens, son concurrent Nissan a baissé moins franchement de 3,32 %, à 698 yens, tout comme Honda qui a reculé de 3,90 %, à 2 974 yens. Les firmes de BTP, qui avaient bondi lundi grâce aux perspectives de grands travaux nécessaires à la reconstruction du Nord-Est, ont chuté lourdement à leur tour, tout comme l'immobilier.
Les autres places régionales, inquiètes des conséquences économiques de cette catastrophe, ont également connu un mouvement de net repli. La Bourse de Hongkong a terminé en baisse de 2,86 % et celle de Shanghaï de 1,41 %. Sydney s'est replié de 2,11 %, Séoul de 2,40 % et Singapour de 2,49 %.
La pression n'est pas appelée à retomber, puisque la crise nucléaire s'est aggravée mardi au Japon après une nouvelle explosion et un incendie à la centrale de Fukushima 1, où les accidents se succèdent depuis le violent séisme de vendredi, qui a probablement fait plus de 10 000 morts. "Le niveau de radioactivité a considérablement augmenté" sur le site de la centrale, a déclaré le premier ministre japonais, Naoto Kan, à la télévision, avant que son porte-parole annonce, quelques heures plus tard, que le niveau avait commencé à baisser. M. Kan a appelé les personnes habitant dans un rayon de 30 kilomètres à rester calfeutrées "à la maison ou au bureau".
Pour soutenir le yen et l'économie, la Banque du Japon (BoJ) a annoncé mardi avoir injecté 8 000 milliards de yens (70 milliards d'euros) supplémentaires sur le marché monétaire, en plus des 15 000 milliards de yens (131,6 milliards d'euros) déjà injectés la veille. Le montant des injections massives de fonds effectuées lundi par la BoJ était inédit pour une seule journée. La Banque centrale avait décidé par ailleurs lundi d'augmenter de 5 000 milliards de yens (44 milliards d'euros) ses achats divers d'actifs et de maintenir son taux directeur dans la fourchette 0,0 % à 0,1 %, pour faciliter les financements et tenter de stabiliser les marchés.
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