14 mars 2011

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Arnaud, 24 ans, est accro aux jeux vidéo. A tel point qu’il décide d’en faire son métier. Mais lorsque son père est muté il y a quelques années sur l’Île de la Réunion, à presque dix mille kilomètres de Montpellier, il devra choisir : rester et continuer ses études dans le domaine du jeu vidéo ou suivre sa famille. Le choix est vite vu, le voilà donc parti, direction les cocotiers. Et oh divine surprise, il découvre à peine débarqué la formation dont il rêvait, sous le soleil, exactement.

C’est au Port, dans l’ouest de l’île et non loin des plages de sable fin, qu’est implanté L’ILOI, Institut de l’Image de l’Océan Indien . Créé en 1994 par Alain Séraphine, l’école forme essentiellement aux métiers du dessin animé. A l’issue de la première année, Pipangaï , premier studio d’animation indépendant de la Réunion voit le jour. Depuis, l’école et le studio ont tous deux acquis une réputation internationale.

Il y a quelques années, l’ILOI décide naturellement d’élargir ses formations aux métiers du jeu vidéo. Accompagné par l’EJCM, Ecole de Journalisme et de la Communication de Marseille, l’ILOI propose un Master “Métiers de l’Expertise et de la Recherche en Information, Communication et Nouveaux Médias” option “jeu vidéo 3D Temps Réel et Game Design”.

Ce cursus de 5 ans combine le double avantage d’être très abordable par rapport aux tarifs pratiqués en métropole (300€ d’inscription par an) et d’être reconnu comme formation professionnelle, permettant aux étudiants ayant déjà travaillé d’être rémunérés pendant leur formation. Au bout de 5 ans, la poignée d’étudiants (entre 5 et 10) sortira, diplôme universitaire en poche validé grâce au “jumelage” avec l’EJCM.

Chaque promotion doit présenter un travail de fin d’études élaboré autour d’un projet de jeu vidéo. Mais peu de promos osent présenter leurs œuvres dans des concours nationaux ou internationaux. Arnaud et ses sept camarades sont sûrs de leur coup. Little Geek Adventure (LGA), un vrai jeu vidéo avec de bonnes idées dedans est donc inscrit à l’IGF, l’Independent Game Festival. Toujours en phase de développement lors des présentations au jury, il n’obtiendra pas de prix, mais mérite tout de même que l’on s’y attarde.

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La genèse du projet “LGA” ? : “Tout est parti d’une réflexion commune sur tableau blanc” résume Arnaud. La première phase de conceptualisation s’est en effet entièrement déroulée sur papier. Au bout de quelques semaines, l’idée, le personnage, le gameplay et même les différents univers ou se déroulera l’action sont déterminés : ce sera du 3D sidescroll. Le moteur du jeu est quant à lui développé en interne, à l’école, par l’un des professeurs, Christophe Nazaret.

Ce dernier n’est pas un inconnu dans le milieu : originaire de Lyon, il participe à la saga “Alone In The Dark” avant de débarquer au début des années 2000 à la Réunion avec la ferme intention de développer un MMORPG d’un nouveau genre au sein du studio NPCube (NP3 ) qu’il vient de créer avec quatre autres associés.

Malheureusement le très ambitieux projet “Dark and Light ” devient un enjeu entre associés qui finissent par le saborder. Christophe intègre alors l’ILOI comme enseignant. Parallèlement, il développe son moteur openGL “DreamGame ” (en vente dans toutes les bonnes pharmacies, mais aussi sur son site) qu’il mettra à disposition des étudiants de la filière jeu vidéo pour leurs projets d’études. Les mises à jour se font suivant les besoins des élèves : un moteur à la carte pour étudiants vernis, en somme.

LGA met en scène un petit personnage dénommé “Protopopescu”, qui parcourt la “Geeklaxie”, une galaxie ou chaque planète représente un univers Geek emblématique : Star Wars, Indiana Jones, Batman, Mario, Terminator, ou encore Judge Dreed sont prévus en développement. L’intérêt est double : il permet tout à la fois de conserver cet aspect rétrogaming en le remettant au goût du jour avec les techno récentes comme la 3D, mais aussi d’imaginer de multiples suites au gré des voyages dans la courte mais touffue Histoire (avec un grand H) des Geeks.

 
 

La démarche de commercialisation a quant à elle été pensée à l’inverse de ce qui se fait d’habitude : Arnaud et son équipe espèrent en effet proposer directement au consommateur/joueur de choisir l’univers qu’il voudra explorer ensuite. C’est donc un vote communautaire qui déterminera le développement suivant du studio (de l’ordre de 3 mois avec une équipe rodée sur le projet). Quant aux éditeurs potentiels, Arnaud cite sans sourciller la Warner, Disney, Marvel, ou encore Dreamworks, qui, avec leurs portefeuilles de licences pourraient grandement faciliter le choix de ces univers…

A l’heure actuelle, ce projet étudiant vit sans contraintes de choix des univers. Il ne pourrait a priori en être de même dans le cas d’un jeu commercialisé, même si la parodie est acceptée en France comme le souligne Arnaud. Mais le véritable déclic viendra sans doute lorsque le moteur OpenGL “DreamGame” saura adapter le jeu à l’exportation pour d’autres plateformes que Windows ou Windows Mobile. Le succès d’Angry Birds est dans toutes les têtes, et un export vers iPhone, iPad, Androïd et autres plateformes nomades ou de salon est prévu avant la fin de l’année.

A coté de ça, Arnaud et ses camarades sont des passionnés de World of Warcraft, jouant dans une même guilde et se retrouvant pour des nuits sans sommeil face a l’écran. La bande, constituée essentiellement de Réunionnais pure souche travaille et vit pour le jeu vidéo. L’un d’entre eux, Lionel, “pur Geek Kréol”, programme et distribue même ses propres jeux directement sur son blog… Et la plage, le surf, les cocotiers dans tout ça ? “Soleï i pouak tro” répondent-ils en cœur.

Olivier Dumons

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Commentaires

  1. Ça fait plaisir de voir qu’à la Réunion ça bouge aussi dans ce domaine. En, plus je croyais que le studio Pipangai avait fermé ses portes parce qu’on en entendait plus parler.

  2. Le port est très loin des plages de sable fin. Enfin, ce serait bien que l’on parle d’un pays des DOM sans toujours rabâcher le côté carte postale. Je trouve cela réducteur. Pourtant je ne vois aucun article parlant de tel ou tel région commençant par : La bretagne, le pays de la crêpe. Marseille et son accent chantant etc.
    Bref !

  3. Bravo ! La Réunion a du talent et n’est pas qu’une destination de vacance, mais aussi un bon endroit pour faire du business (au soleil), aya !

  4. Les personnages sont SD (Super deformed) c’est en tout cas tel qu’ils sont appelés dans l’univers du Manga pas mal sinon le développement de “Little Geek Adventure”.

  5. Plagia sur le boss final de Super smash brosh melee sur gamecube

  6. Le nom, une référence à l’excellent jeu français Little Big Adventure ? :)

  7. @ Arthur : …qui était déjà un plagiat de Glover sorti sur N64 (en même temps dans un jeu qui compile des univers issus du jeu vidéo, il fallait s’en douter…), lui même inspiré d’Andross, boss final de Lilat Wars. C’est tout le problème de la vague “nostalgeek”, les domaines à exploiter sont limités et par définition amener à être récurrent.
    La nostalgie est avant tout un socle commun d’oeuvres fédératrices, et c’est les plus fédératrices qu’il faut développer pour avoir un succès commercial : Star Wars, Indiana Jones, Batman, Mario, Terminator,…
    Et j’en suis le premier consommateur, j’espère seulement qu’ils arriveront rapidement à des oeuvres plus périphériques.


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