LEMONDE.FR | 14.03.11 | 11h58 Mis à jour le 14.03.11 | 17h39
En marge de l'accident nucléaire survenu au Japon, les écologistes ne manquent pas de pousser leurs arguments pour un changement de politique en France. Outre leurs piques au ministre Eric Besson, dont le discours est jugé "lénifiant", Cécile Duflot et Daniel Cohn-Bendit ont décidé d'en appeler à la gauche et au PS : "Il faut donc que le programme d’alternative de la gauche lance un grand débat d’un ou deux ans et organise un référendum sur la sortie du nucléaire et ses modalités", a lancé l'eurodéputé, interrogé par Le Monde.
En réponse, les socialistes ont été plutôt discrets jusqu'ici. Interpellé sur RTL, Benoît Hamon n'a pas rebondi sur l'idée d'un référendum, mais a plaidé pour un "état des lieux du parc nucléaire français". "Certaines [centrales] sont vieillissantes, certaines sont en sous-capacité", certaines, comme Fessenheim, "sont situées sur des failles", a expliqué le porte-parole du PS, esquivant la question directe d'un référendum. "Nous devons apprendre de ce qui se passe au Japon. Nous devons apprendre de ce qui s'est passé d'imprévisible", a toutefois argumenté Benoît Hamon.
Le PS serait-il prêt à changer de position et à sortir du nucléaire ? "En tout cas, on ne peut pas sortir du nucléaire du jour au lendemain... Mais nous devons avoir d'ici vingt ou trente ans, un mix énergétique fondé sur la sobriété et les renouvelables, dans lequel la part du nucléaire a vocation à diminuer", a poursuivi Benoît Hamon.
QUAND SÉGOLÈNE ROYAL PRÔNAIT 50 % DE NUCLÉAIRE EN 2017
Interrogée par Le Monde.fr, Najat Vallaud-Belkacem, proche de Ségolène Royal, regrette que le débat ait lieu si tôt : "Il y a une forme d'indécence à politiser aussi rapidement ce qui est d'abord une catastrophe humaine. Les Japonais pleurent leurs morts, faisons d'abord preuve de solidarité. Le moment viendra ensuite de demander des comptes au gouvernement et de lui réclamer les règles minimales de transparence en la matière." Sur le fond, l'élue, outre le "point sur le parc nucléaire français" et sa "sécurité", demande un "débat public sur cette question de société essentielle".
Le nucléaire a toujours été un élément de clivage fort entre le PS et les écologistes, et un sujet de débat chez les socialistes. En 2007, Ségolène Royal avait, lors de la signature du "pacte écologique" de Nicolas Hulot, plaidé pour un changement de politique "significatif" : "Je m’engage à augmenter la part des énergies renouvelables (avec un objectif de 20 % de la production primaire d’énergie en 2020), à réduire la dépendance aux énergies d’origine fossile et à ramener la part de l’électricité d’origine nucléaire à 50 % d’ici 2017." Un choix plus précis que celui d'un autre candidat à la primaire PS d'alors, Dominique Strauss-Kahn, qui par exemple enjoignait à la France de "réussir le pari du post-nucléaire".
Mais, comme l'avait déploré la Fondation Nicolas-Hulot, l'objectif chiffré formulé par Ségolène Royal avait disparu de son pacte présidentiel. Des alliés du parti, dont Jean-Pierre Chevènement, et des élus avaient entretemps fait pression sur la candidate pour qu'elle adopte une position plus mesurée, avait rappelé Le Monde. Le futur réacteur EPR avait lui aussi donné lieu à un couac : Ségolène Royal et le PS avaient plaidé pour l'arrêt de sa construction, alors qu'Arnaud Montebourg, à l'époque porte-parole de la candidate, estimait que le projet devait être maintenu.
Alexandre PiquardLe président du MoDem, François Bayrou, a demandé une "transparence absolue sur les facteurs de risque qui existent sur nos centrales nucléaires", déplorant un trop grand "secret".
Le président du Parti de gauche, Jean-Luc Mélenchon, a participé à une manifestation dimanche au Trocadéro, à Paris, sur le mot d'ordre : "Le nucléaire tue l'avenir".
Un membre du bureau politique du Front national, Laurent Ozon, a plaidé pour une diversification des énergies, notamment grâce à l'hydrogène, mais a aussi défendu le nucléaire, dénonçant "les manipulations des Cassandre antinucléaires".
Abdallah BOUHAMIDI 20h28
La question n'est pas seulement de quelle énergie avons-nous besoin, mais pour quel type de société et d'économie. La boulimie energétivore de croissance qui caractérise notre système actuel, fondé sur la spéculation financière en total décalage avec nos besoins et les équilibres fondamentaux de notre vie risque quant à elle d'être durement et rapidement interrogée par d'autres tsunamis autres que sismiques. On va donc droit dans le mur, mais on veut voir si c'est aussi dur que ça. Répondre
Abdallah BOUHAMIDI 20h22
L'aveuglement des fanatiques du nucléaire m'effare. Les évidences qui s'accumulent sur la dangerosité de la chose ne leur parlent pas. Il n'y a pas que les tremblements de terre. Il y a des faits moins spectaculaires qui inspireraient de la prudence aux plus téméraires. Ceci sans parler des déchets que l'on va enterrer dans les pays pauvres moyennant corruption des tyrans qui les gouvernent et cela est criminel. Voir ce que le Tsunami en Asie du S/E avait déterré... Répondre
snoopy 18h26
Tout ce qui est récent fait peur. Il a été question en son temps de fermer la toute nouvelle ligne de train Paris/St- germain pour éviter l'asphixie des passagers vu la vitesse en wagons ouverts. Face au désastre de l'explosion d'une navette spatiale il n'a pas manqué de voix pour dire que la conquête de l'espace ne présentait aucun intérêt. Remettre en cause cette source d'énergie frappée d'un tremblement de terre et d'un tsunami est tout à fait malhonnète. Répondre
ALAIN LE COMTE 17h06
Du jour au lendemain sûrement pas mais celà fait 40 ans que les écolos ont demandé à NE PAS Y ENTRER !!!!! Maintenant, on n'a que ce que l'on mérite ... et qui AVAIT ETE PREVU !!!! J'étais à CREYS-MALVILLE et ... j'ENRAGE !!! Répondre
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