Passer de 600 000 à 800 000 le nombre de jeunes formés en alternance d’ici 2015: tel est le projet proposé par Nicolas Sarkozy, le 1er mars, qui a annoncé le déblocage d’une enveloppe supplémentaire de 500 millions d’euros pour l’emploi en 2011.
A LA MODE
La formation en alternance est à la mode : 53 % des Français la conseilleraient à leurs enfants pour trouver un emploi et 13% recommanderaient l’apprentissage, selon un sondage OpinionWay réalisé pour le « Train pour l’emploi et l’égalité des chances », qui démarre aujourd’hui 15 mars à la gare du Nord à Paris.
L’opération propose plus de 4000 postes en alternance à découvrir dans le train qui sillonnera la France jusqu’au 1er avril, ou sur son site.
L’Association nationale pour la formation professionnelle des adultes (AFPA) lance aujourd’hui une campagne publicitaire à destination des jeunes pour favoriser l’alternance et propose déjà sur son site 48 parcours de formations réalisables avec un contrat de professionnalisation.
PLUS DE 560 000 JEUNES EN ALTERANCE
Les contrats d’apprentissage et de professionnalisation se sont multipliés depuis le début des années 1980 : en 2010, plus de 560 000 jeunes suivaient une formation en alternance.
Mais ce chiffre est encore loin des 1,6 millions d’apprentis que compte l’Allemagne, soit 11% des 15-29 ans (contre 5% en France).
Alors pour résorber le chômage des 15-24 ans, toujours plus de deux fois plus élevé que la moyenne nationale (22,3% au dernier trimestre 2010 selon l’Insee), l’Etat mise sur ces formations, avantageuses pour les entreprises qui peuvent bénéficier d’exonération des cotisations sociales ou de crédit d’impôt par exemple.
Dans sa proposition du 1er mars, Nicolas Sarkozy propose de relever le quota de jeunes à que les entreprises de plus de 250 salariés doivent prendre en apprentissage de 3 à 4%, avec un système de bonus-malus.
PROPOSITION INSUFFISANTE
Une proposition encore jugée insuffisante par les syndicats et décriée par le patronat, qui s’oppose au relèvement des quotas (http://www.lemonde.fr/societe/article/2011/03/08/un-membre-du-medef-s-oppose-au-relevement-des-quotas-sur-l-apprentissage_1490222_3224.html#ens_id=1487328)
De son côté, la présidente du Conseil d’orientation pour l’emploi (COE), Marie-Claire Carrère-Gée, regrette que le gouvernement n’agisse pas sur le problème de l’inégalité fille-garçon face à l’alternance : les filles ne représente aujourd’hui qu’un tiers (32%) des apprentis…
Aglaé de Chalus
Le problème dans ce procédé, tel qu’il est conçu en France, c’est qu’il forme des jeunes, mais à cout réduit (en particulier, le salaire à verser est bien moindre que le SMIC pour des missions qui finalement sont proches de missions normales, mais aussi en réductions de charges diverses et variées), mais surtout, en promouvant ce dispositif, on crée un aspirateur de plus à bas salaires, puisqu’il est assez rare que les grands groupes (qui vendent souvent les embauches en alternance sur les sites RH) embauchent leurs alternants à la fin de leur contrats.