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Au Chesnay, le vrai carême au pain et à l'eau

LEMONDE | 16.03.11 | 15h21  •  Mis à jour le 16.03.11 | 15h21

 

Les enfants et les jeunes de l'aumônerie du lycée se sont installés devant, au plus près de l'autel. Derrière eux, plusieurs centaines d'adultes ont peu à peu investi l'imposante église plantée au coeur d'un quartier résidentiel du Chesnay (Yvelines). Dans une lumière tamisée et un froid conforme aux édifices religieux, ils sont venus prier et soutenir les "jeûneurs du carême", 315 adultes de la paroisse Saint-Antoine-de-Padoue qui, durant une semaine et jusqu'à jeudi 17 mars, se nourrissent uniquement de pain et d'eau.

Clémence Legrelle, mère de quatre jeunes enfants, tente l'expérience pour la première fois. Tous les soirs, elle est venue à 20 heures prier et adorer en silence le saint sacrement, l'hostie présentée par le prêtre dans un ostensoir ; une demi-heure de prières avant de passer au presbytère boire une tisane et récupérer ses 600 grammes de pain quotidien.

En relançant ces pratiques ferventes, les deux jeunes prêtres responsables de cette paroisse bourgeoise près de Versailles renouent avec des traditions catholiques souvent tombées en désuétude. Elles semblent correspondre aux besoins de leurs fidèles, toutes générations confondues : lancé il y a deux ans, le jeûne au pain et à l'eau rencontre un succès grandissant et fait des émules dans des paroisses voisines. Cette année encore, la pratique du jeûne durant le carême a été encouragée par le pape Benoît XVI, qui y voit une manière "de vivre la logique du don et de l'amour".

Une expérience spirituelle forte

Au Chesnay, les jeûneurs n'en finissent pas de décliner les bienfaits de cette semaine particulière. "Ce jeûne permet de se désintoxiquer du superficiel et d'aller à l'essentiel, de se repositionner par rapport à Dieu, témoigne Mme Legrelle. C'est une expérience spirituelle forte". Evoquant Jean Paul II, qui prônait "l'ascèse", elle y voit aussi "un retour aux fondamentaux", alors que la période du carême, qui, en quarante jours, mène les chrétiens jusqu'à Pâques, avait perdu la pratique d'un jeûne aussi radical. "Mais, même à Versailles (diocèse réputé pour sa pratique religieuse conservatrice et supérieure à la moyenne nationale), on nous prend pour des extraterrestres", reconnaît Louis Berny, 18 ans.

"Durant le carême, certains se privent de chocolat, de cigarettes, de vin ou de télé", explique un autre jeûneur, Frédéric Serres, cadre supérieur de 39 ans et père de cinq enfants. "Pour moi, ce jeûne correspond à un besoin d'intériorité ; à l'heure du déjeuner je vais marcher pour méditer." Le père Pierre Amar, l'un des deux prêtres à l'origine de cette initiative, y voit, lui, l'occasion "d'être moins centré sur soi".

Jean-Philippe Wirth, général à la retraite, reconnaît que, lors de missions au Proche-Orient, sa fréquentation de musulmans pratiquant le ramadan l'avait amené à s'interroger sur la pratique du jeûne chez les chrétiens. La semaine au pain et à l'eau lui a fourni une forme de réponse...

Stéphanie Le Bars Article paru dans l'édition du 17.03.11
 
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  • cdupipo 17h56

     Sans doute méditent-ils sur Mt 6 16-18 " ne pas laisser voir aux hommes que l'on jeûne" ou Lc 18 9-14 " le jeûne du pharisien qui se croit juste" ... etc . Puissent-ils faire abstinence de FN et d'UMP ? Répondre


  • Marie 16h00

     Ce type de pratique ferait un vrai jeûne pour les cathos de gauche, moins portés sur le rite et la contemplation. Le vrai jeûne pour ces catholiques versaillais serait de se risquer à des expériences de dialogue interreligieux et d'engagement associatif et solidaire. Leur entre-soi au pain et à l'eau est toujours un entre-soi. Répondre


    • michel-ferrer 18h08

       Des cathos de gauche au Chesnay, noooon, ça se saurait, trop près de Versailles, on n'est pas à Paris quand même :)


 

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