26 mars 2011

A 13 heures samedi 26 mars débuteront les 23 heures de la BD, qui s’achèveront donc dimanche à 13 heures ! Comment est-ce possible ? Parce qu’une faille spatio-temporelle se produira dans la nuit de samedi à dimanche, et une heure sera absorbée dans un étrange vortex qui fera que tous ceux qui voudront dormir le même nombre d’heures que d’habitude se réveilleront une heure plus tard. C’est clair ? Non ? Faites l’expérience, vous verrez ! Et pendant que vous dormirez, des fous et des folles seront en train de dessiner 22 planches, une couverture et un quatrième de couverture, constituant ainsi une histoire originale suivant un thème imposé dévoilé au lancement exact de la manifestation. Plutôt qu’un blog BD de la semaine, je vous offre mieux : un concours de blogueurs et d’illustrateurs pour 23 heures !mini-affiche.1301088015.jpg

Pour la petite histoire, c’est rien de moins que Scott McCloud, “Ze” théoricien américain de la BD, qui a lancé les premiers 24 hours Comics day en 1990 et qui, depuis, a fait des petits. Pas possessif pour deux sous, il a même eu l’élégance de saluer l’édition française sur son blog personnel. En 2010, 130 auteurs ont réussi à remplir le contrat des 24 planches sur 283 inscrits, et en terme d’audience, l’évènement a fait un gros carton avec 70 000 pages vues et 14 000 visiteurs par jour. C’est tout simplement énorme !

Le très bon côté de ce concours qui n’en est pas un en réalité tient dans sa totale absence de prix, de carotte, ce qui est parfait pour son animal logo : le lapin. On n’y gagne “que” considération, expérience originale et une possible notoriété, ce qui somme toute est en soi formidable. En outre, pour faire sourire, il démontre que les auteurs ne sont pas des fainéants oisifs, que quand ils veulent ils sont capables de “tomber les planches” comme on dit, d’être drôles, résistants à toutes sortes de drogues et d’alcools, capables de garder les yeux ouverts pendant 23 heures, c’est-à-dire encore plus longtemps que de regarder d’une traite les six films de la saga Star Wars plus le (mauvais) film d’animation Clones Wars ou les versions longues à la suite de la trilogie du Seigneur des Anneaux. Ce dernier exemple pour conclure en encourageant tous les courageux avec cette sentence de ralliement : “A riiiing to bring them all!

La Page facebook et surtout le compte Twitter officiel pour suivre en direct tout ce qu’il se passe.

A demain, 13h01 ?

Sébastien Naeco

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25 mars 2011

A la lecture du premier volet de Bloody Monday, thriller sur base bloody-m.1301051207.jpgde hacker et de menace biologique, dont 4 tomes sont disponibles chez Pika, je ne pouvais m’empêcher de me demander si je lisais un seinen un peu léger ou un shonen assez corsé. Pour poser les termes, le shonen est le manga à destination des adolescents et des grands enfants, et les cartons que sont Naruto, Dragon Ball ou One Piece illustrent parfaitement cette catégorie. Le seinen lui est destiné à un public de grands adolescents et d’adultes, parmi les bons exemples récents on peut citer l’excellent Death Note ou dans les titres que j’ai personnellement beaucoup aimés Freesia (chez Kaze) et Over Bleed (chez Ki-oon). En parcourant Bloody Monday, nom d’un virus particulièrement efficace, j’avais tantôt l’impression d’être dans un seinen, tantôt dans un shonen et je me suis demandé si c’était moi qui n’avait plus la bonne grille de lecture des catégories de manga, entendu qu’elles ont tendance à se découper de plus en plus en sous-catégories, ou si on assiste là à un phénomène plus profond, un déplacement des thématiques et motifs propres au seinen (sang, sexe, personnages beaucoup plus torturés et complexes) dans le shonen, de la même manière que l’on constate une précocité chez les enfants aujourd’hui, où ce qui plaisait hier aux 12 ans intéresse aujourd’hui les 10 ans et on observe une accélération des modèles comportementaux - les filles se maquillant plus tôt, s’affirmant plus tôt, sont préoccupées par des questions d’identité et de rapport à l’autre plus jeunes.

N’étant pas un très gros lecteur de shonen et de seinen, vos éclairages/avis m’intéressent vivement et c’est un sujet bien plus léger pour conclure la semaine !

Sébastien Naeco 

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23 mars 2011

J’ai été effaré hier de voir passer des articles comme si de rien n’était sur l’avancée de l’adaptation Live du manga Akira aux Etats-Unis. Petit rappel des faits : depuis plusieurs années des producteurs hollywoodiens se sont mis en tête d’adapter l’oeuvre culte de Katsuhiro Otomo, Akira, récit post-apocalyptique dans un Tokyo à moitié ravagée par une explosion (synonyme de nucléaire ?) et où le spectre d’une nouvelle catastrophe se dresse et prend la forme de deux jeunes japonais, l’enfant surnaturel Akira qui donne son nom à la série et l’adolescent Tetsuo, ivre de puissance et se découvrant lui aussi d’étonnants pouvoirs après avoir été accidentellement exposé à unakira.1300883312.jpge expérience militaire. Arbitre plus ou moins impuissant dans cet affrontement de titans façon japonais, le jeune adulte Kaneda, meilleur ami de Tetsuo, qui essaie de sauver tout ce à quoi il tient, à commencer par la jolie Kai, et au delà les restes de Tokyo, ses communautés, son peuple déjà bien meurtris. Croisent les trajectoires des personnages principaux des “adultes”, représentants de l’armée, une vieille femme gourou, des enfants prématurément vieillis qui possèdent eux aussi des pouvoirs, jusqu’à l’armée américaine qui mouille au large de Tokyo, pour intervenir au cas où Akira se réveillerait de mauvaise humeur…

Dire qu’Akira est profondément japonais est un euphémisme. De la dénonciation de la volonté de contrôle d’une puissance et d’une énergie qui, entre de mauvaises mains et employées à de mauvaises fins, ont prouvé leur dangerosité et leur nocivité par le passé (suivez mon regard) à la représentation des périls directs sur non seulement le peuple mais également les infrastructures et le modernisme architectural japonais qui est réduit à des legos fracassés, de la présence d’êtres irradiés, protégés d’eux-mêmes et du monde et dont on ne sait pas trop si il faut en être fier ou en avoir honte et dont la sagesse et le sacrifice seront l’une des clés des combats entre Kaneda, l’armée, Akira, Tetsuo et au loin l’étranger soucieux de contenir toute contagion (suivez à nouveau mon regard)… c’est peu de dire que ce monument de la bande-dessinée internationale, bénéficiant de l’intelligence narrative et de la maestria du trait de Katushiro Otomo, demeure actuel. Akira remet le destin de la nation japonaise entre les mains de sa jeune génération (celle de Tetsuo, de Kai et de Kaneda) et au coeur de leur relation se dessine l’espoir ou la mort, selon de quel coté on se place. Dans tous les cas, comme aujourd’hui, il y a un avant et un après Akira/Fukushima.

Hollywood s’ingénie à détruire avec délectation ses villes symbole, au premier chef New-York, et on peut donc comprendre que réaliser Akira représente un beau défi pour ses studios d’effets spéciaux. Cet argument bien entendu est d’une pauvreté et d’une vacuité affligeantes. Spectaculaire, Akira l’est assurément. Mais sa succession de scènes choc est tout entière au service d’une histoire complexe, dénonciatrice mais jamais moralisatrice, matrice d’une oeuvre au discours universel sur les dangers de la technologie et du repli communautaire. Depuis que la société de production de Leonardo Di Caprio a pris fait et cause pour réaliser Akira, on peut imaginer que l’acteur, très investi dans les causes environnementales, trouve là le parfait matériel de divertissement pour appuyer son engagement. Mais l’actualité japonaise, où la fiction peut désormais être perçue comme prémonitoire par rapport à la réalité, demande objectivement que de tels projets soient si ce n’est abandonnés, au moins repensés, par respect, retenue, humanité même. On ne peut vivre à ce point déconnecté de la réalité et de la portée de telles actions, même au nom de l’art.

254-akira-64.1300884649.jpgCar le problème aujourd’hui, c’est qu’Hollywood veut faire d’Akira un film américain. Autrement dit, Tokyo devient New-York, Kaneda, Tetsuo, Akira et consorts perdent leur origine asiatique pour devenir des bons petits wasp et toute l’oeuvre est vidée de sa substance et de son contexte. Peut-on donc imaginer que ce film se fasse et sorte dans deux ou trois ans dans le Monde entier, Japon compris (marché stratégique s’il en est pour le cinéma américain), sans qu’il ne soit accusé de surfer sur le malheur réel de millions de japonais, de vouloir faire (beaucoup) d’argent tout en dépossédant et en dénaturant l’un des piliers de la culture japonaise non seulement à l’intérieur du Japon mais dans le reste du monde ? Comment les producteurs hollywoodiens ne parviennent-ils pas à voir qu’adapter Akira aujourd’hui en le vidant de son caractère japonais est une insulte, une ignominie, l’expression d’une incommensurable bêtise et la mise en lumière du plus simple appât du gain qui caractérise depuis longtemps l’industrie du divertissement ? Pourquoi ne pas soutenir plutôt la diffusion de l’oeuvre source, éventuellement du film d’animation de moindre qualité qui lui est associé (mais sur lequel au moins Katsuhiro Otomo a eu la main et peut dire qu’il est une autre vision de son oeuvre) plutôt que de vouloir y substituer un traitement et une vision américains, trompant les spectateurs du monde entier sur les messages initiaux, le contexte et la portée d’Akira ?296-akira-104.1300883991.jpg

Qu’Hollywood fasse des bons ou des mauvais films catastrophes (enfin, surtout mauvais, disons-le) avec des messages patriotiques lourdingues (encore récemment Battle Los-Angeles à la gloire des soldats américains qui décidément ne trouvent pas d’adversaires humains à leur mesure), on le sait et on doit le supporter (et simplement ne pas payer ni regarder). Ils ont suffisamment de scénaristes et d’auteurs de science-fiction pour créer des oeuvres originales sans devoir aller dénaturer le patrimoine japonais (ou français ou de n’importe quel pays). Tout est faux dans cette adaptation d’Akira qui ne servira pas à souligner la situation actuelle, ni ne rendra justice à la terrible clairvoyance d’Otomo, ni n’apportera des devises pour soutenir la reconstruction du pays. Le pire sans doute, c’est que le rôle joué par l’armée américaine dans le manga sera si ce n’est inversé, vraisemblablement fortement édulcoré - or on sait que les rapports entre japonais et américains sont loin d’être simples et la présence militaire des seconds dans l’oeuvre initiale est tout sauf anecdotique, notamment avec l’emploi de rayon laser siglé aux couleurs du drapeau américain. Quand une oeuvre de fiction transcende et rend compte par le biais de la science-fiction (excellent vecteur au demeurant pour décrire par exemple les paradoxes des régimes totalitaires) de la situation d’une région du monde, le moins que l’on puisse faire c’est de ne pas balayer tout cela d’un revers de main pour ne conserver que les motifs susceptibles d’attirer le consommateur à payer d’exorbitants tickets de cinéma, à s’empiffrer de popcorn, pour voir Tokyo, pardon, New York, une fois de plus brisée et en 3D, s’il vous plaît.

NON à Akira sauce US. Autant, ridiculiser Dragon Ball pour aboutir à une série Z parodique, allons-y, cela ne prête guère à conséquences. Mais quand les connexions et échos sont aussi forts avec la réalité, on ne doit pas faire n’importe quoi. Quand le distributeur du dernier Eastwood, dont une partie se passe lors du tsunami en Thaïlande, a décidé de retirer le film des cinémas japonais le lendemain du tsunami sur le Sendaï, c’est simplement bien. Et le bien est plus que nécessaire aujourd’hui alors que ressurgit une mauvaise idée d’adaptation amplifiée par le fait qu’elle réapparait (opportunément ?) à un bien mauvais moment…

Sébastien Naeco

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22 mars 2011

nouveau-small1239978904-11271078320-21275571720-21291893500-1.1297339720.jpgLe touchant album d’Aurélien Maury, Le dernier cosmonaute aux éditions Tanibis, pose une question douloureuse à tous ceux qui l’ont un jour expérimentée : pour devenir adulte, faut-il nécessairement sacrifier tout ou partie de ses rêves d’enfant ? J’ai sur ce point une conviction profonde, c’est qu’il ne faut jamais renoncer à ses rêves, non par naïveté ni idéalisme, mais parce que l’on ne sait jamais, on n’est jamais à l’abri d’un coup de chance. Surtout, quand, à 12 ans, j’ai su que le sort m’avait joué un mauvais tour et qu’à cause d’un handicap physique je ne serai jamais pilote de chasse, il n’a pas forcément été difficile, entouré de BD, de se trouver d’autres centres d’intérêts et de m’ouvrir vers d’autres horizons.

ldc.1300786033.jpg

Larry est un assistant vendeur sans envergure dans une ville sinistrée, chaude et vide des Etats-Unis. Passionné par la conquête spatiale, sa chambre est tapissée de posters des héros dont on fait l’étoffe dans des films lyriques soutenus par la formidable musique de Bill Conti. Son vieux Teddy est un sacré bavard un peu pontifiant mais indispensable pour meubler sa solitude. L’ennui, si on peut dire, c’est que Larry a déjà trente ans. Son salut n’est pas loin de lui, il se prénomme Alice, jeune femme tout aussi seule qui ne s’épanouit pas davantage. Ses rêves à elle se composent d’enfants rieurs, dansants avec la belle musique au piano que joue Maman, devant un Papa attendri. Si on peut penser au début que la passion de Larry pour la Geste de la NASA tient davantage lieu du refuge face à une réalité déprimante, morne, sèche, on réalise au fil des pages que sa passion tient aussi lieu de ligne de fuite (infinie, merci l’espace) et que son rêve d’aventures spatiales le rend quasiment schyzophrène, état dont seul Alice peut parvenir, par force tendresse, soin et attention, à le sortir.

Le dernier cosmonaute est un bel album au format à l’italienne, avec un dessin maîtrisé très ligne claire, dans lequel se met tout doucement en place des symboliques (vaisseau spatial phallique par exemple) qui tire le récit dans un premier temps réaliste vers la fable et, à la manière d’un 2001 l’Odyssée de l’Espace, raconte finalement un accomplissement humain au coeur du rêve de découverte de l’infini. Il y est question de la peur d’un homme dans l’engagement, dans la prise de responsabilité, dans les choix de la vie de couple, communs, ordinaires, non spectaculaires, mais finalement beaucoup plus riche de promesses que les chimères galactiques. Je regrette cependant que l’amorce de couple que représente Alice et Larry soit paradoxalement trop conventionnelle, voire conservatrice, en ce sens où Alice est réduite à n’être qu’une femme caractérisée par son amour de la musique et son désir d’enfants, sans autre aspiration finalement d’être une épouse à la maison sous la protection du mâle qu’elle s’est choisie. Cet album touche, certes, mais ne va pas au fond de son propos, parce que sans doute il est trop centré sur le personnage de Larry dont on ne peut être sûr, à la dernière page, qu’il n’empoisonnera pas la vie de son enfant en projetant sur lui toute sa frustration et ses rêves inassouvis. L’âge adulte peut aussi devenir l’âge de l’amertume…

Sébastien Naeco

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20 mars 2011

Pour souffler un peu en ces temps troublés, voici une toute petite sélection d’albums où les animaux s’expriment et nous parlent, parfois pour nous remonter les bretelles, à la jonction entre le roman jeunesse illustré et la bande-dessinée. Proposés dans des formats très variés (carrés, à l’italienne, standard franco-belge), voici trois titres qui ont attiré mon regard et retenu mon attention dans les semaines passées.

Pour commencer, voici venu un auteur anglais, David Petersen, qui proposlegende-de-la-garde-couv.1300532026.jpge chez Gallimard ses Légendes de la Garde, mettant en scène le peuple des souris avec un trait naturaliste qui donne à ses personnages un réalisme inattendu. Après un premier volume se déroulant en automne, c’est l’hiver (qui s’achève enfin sur Paris) qui est au centre du second volet. Le choix d’un trait réaliste a pour conséquences que les souris n’expriment curieusement pas grand chose avec leurs visages, tout passe au travers de leurs attitudes, de leurs accessoires et de leurs dialogues. Et David Petersen ne leur laisse guère de répit, les embarquant dans une quête qui ressemble trop à la Communauté de l’Anneau pour être un hasard : séparation du groupe guidé par un vieux sage au poil gris, visite de mines monumentales autrefois tenues par des nains des furets, allégeance à une princesse elfe, pardon, souris, omniprésence de la neige dont surgit un Bal… enfin, une chouette à l’oeil sanglant… Pas de doute, David Petersen paie sa dette à l’imaginaire formidable de son aîné Tolkien tout en déployant un univers cohérent, fort, curieusement familier. La qualité de cette série lui a déjà vallu un Eisner Award, ce qui n’est pas rien - le site officiel de la série vaut aussi le coup d’oeil.

brume01_couv.1300616021.jpgLes animaux représentés dans le collectif Brume aux éditions Cfsl Ink sont tous mis en scène pour nous rappeler que l’action de l’homme est sans doute le phénomène le plus nuisible pour la faune et la flore de notre planète. Arbres qui s’improvisent juges d’un bûcheron qui ne voit pas plus loin que le bout de sa hache, enfant découvrant la nature dans un décors qui rappelle furieusement le clip de Respire du groupe Mickey 3D, rhinoceros qui cherche à savoir d’où proviennent les tristesses qui déciment les animaux, petite amazone de rien du tout vêtue qui dans un rêve retourne aux temps primaires de l’Eden… 19 courts récits, tantôt impressionnistes, tantôt naïfs, tantôt réalistes, proposés par des artistes issus de la BD, du graphisme ou de l’illustration. Bien que Brume n’ait rien à voir avec la catastrophe au Japon, la communauté qui en est à l’initiative est impliquée fortement dans le blog Tsunami, preuve si besoin que la conscience écologique des artistes n’est pas apparue soudain au moment où le Sendaï était submergé, mais bien avant. Leur propos n’en a que plus de force et positionne encore et toujours l’homme comme mal central de son environnement. Méditer n’est pas une mauvaise chose…

Je ne saurai dire combien j’apprécie vent-dans-les-sables-4.1300617798.jpgle dessin clair, fin, d’une grande lisibilité de Michel Plessix dans ses adaptations et extensions au Vent dans les Saules de Kenneth Grahame. Le quatrième album du Vent dans les Sables sorti il y a peu chez Delcourt met encore et toujours en présence Rat, Taupe et Crapaud, jamais à court d’idée farfelue. Cette seconde série montre combien Michel Plessix a su s’imprégner du canon pour en tirer ensuite des histoires encore plus à sa sauce, ce qui est peut-être le plus bel hommage que l’on peut faire à une oeuvre : en raconter la suite sans donner l’impression qu’elle corrompt ni trahit l’original. Crapaud à la recherche de son trésor a embarqué ses amis dans une aventure aux confins du désert, rappelant, avec la tonalité so british de la série, quelques vignettes tirées d’Aladdin et de Lawrence d’Arabie. L’oeuvre de Michel Plessix me saisit comme un envoûtement, une invitation à la communion avec la nature, au retour vers les contes de mon enfance servis par un dessin maîtrisé et admirablement mis en couleurs. Il m’apaise et est donc idéal entre deux tasses de thé le dimanche après-midi, entouré par des rires d’enfants. Que demander de mieux ?

Sébastien Naeco

PS : et même si ce n’est pas des animaux qu’il met en scène mais des patates, ce billet est aussi l’occasion de faire un clin d’oeil à Martin Vidberg pour son anniversaire.

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18 mars 2011

Tout d’abord, je tiens à dire merci à toutes celles et tous ceux qui ont visité le blog Tsunami en passant par le billet précédent, mis en avant par la rédaction du Monde.fr. Je le complète en indiquant qu’une vente aux enchères dont les revenus seront intégralement reversés à l’association Give2Asia. La page d’enchères n’est pas encore ouverte mais comptez sur moi pour vous informer en temps et en heure.sdl.1300448365.jpg

Depuis ce vendredi matin s’est ouvert le Salon du Livre de Paris, avec les littératures scandinaves en vedette. J’y serai pour ma part ce soir (après avoir manqué bêtement l’inauguration hier soir) pour animer une conférence qui s’annonce d’emblée riche d’enseignements qui s’intitule “Scantrad or not scantrad ?” qui débutera à 19h15 sur la scène numérique (Stand D2). A mes côtés, Xavier Guilbert rédacteur en chef de du9.org, Pierre Valls directeur éditorial chez Pika, Raphaël Pennes directeur éditorial chez Kaze et Aurélien Pigeat étudiant-chercheur auteur de Le Scantrad aujourd’hui : mafia blues ?, première somme sur la question dont j’ignore pour l’heure par quel moyen se la procurer.

En préambule de cette conférence, je tiens à indiquer que si l’immense succès du scantrad nous permet de tirer un enseignement positif (et je vous renvoie avec malice aux billets que j’ai rédigés sur la question l’an passé) c’est bien que la création manga au Japon est bien affaire de passionnés et que les internautes lecteurs du monde entier démontre par là-même un sincère et véritable intérêt pour la culture japonaise. Bien belle fin de semaine à tous.

Sébastien Naeco

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16 mars 2011

Je vous en parlais il y a deux jours , Jean-David Morvan, accompagné par Sylvain Runberg et l’équipe de la communauté CaféSalé, a mis en place un blog qui s’appelle Tsunami et réunit des illustrations réalisées par des illustrateurs et dessinateurs reconnus (ou pas) mais assurément talentueux. La raison de cette démarche est avant d’offrir un espace réunissant des oeuvres qui rendent compte de l’émotion sincère ressentie par leurs auteurs, lesquels à des degrés divers ont un attachement artistique, professionnel ou personnel avec le Japon, sa culture et ses habitants. Cette démarche spontanée peut apparaître dérisoire, certes, mais elle redonne aux artistes l’occasion de démontrer que leur art est universel et que le grand public, en appréciant et en se retrouvant dans telle ou telle illustration, partage avec eux un même élan de solidarité. J’ignore si les homologues mangaka japonais iront en grand nombre voir ces hommages à leur pays mais ceux qui le feront seront sans doute infiniment touchés et c’est aussi, j’en suis sûr, le but recherché. A ce titre, ce blog est utile et témoigne que ce qui se passe à Tokyo et alentours n’est ni anodin, ni sous-estimé et si l’artiste n’a que ses pinceaux (numériques ou réels) pour tout soutien, surtout qu’il ne se prive pas. Qui disait déjà que sur la terre désolée de l’adversité pouvait pousser des fleurs sublimes, triviales peut-être, mais porteuses d’un espoir ô combien indispensable ?

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Illustration : Mathieu Forichon

 

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15 mars 2011

Les sites spécialisés sur l’actualité de la culture populaire japonaise (Manga-World, Manga-Sanctuary, Manga-news…) ont commencé à se faire l’écho des initiatives diverses qui commencent à poindre au Japon de la part des mangaka. Takeshi Inoue (Vagabond) ou Akira Toriyama (Dragon Ball) vendent des illustrations au bénéfice des sinistrés ; Eiichiro Oda (One Piece) en est quant à lui à l’étape d’avant : il informe via Twitter qu’il est sain et sauf, ce qui en soit est déjà une bonne nouvelle, et d’autres avec lui. Etourdie par le choc, la communauté des mangaka s’organise (comme vraisemblablement d’autres corporations au Japon) pour apporter ces petits suppléments d’âme qui réconfortent un peu. Et à ce propos cette petite réflexion :db.1300191511.jpg

C’est une sensation particulièrement étrange qui nous étreint quand on se figure que, peut-être, parmi les milliers de morts et disparus au Japon, se trouvent des artistes dont on aime les oeuvres, emportés comme leurs proches, voisins, amis, confrères par une nature qui ne fait pas de distinction entre le poète et le misérable. Je n’ai pas de nom à vous donner pour l’heure par bonheur, mais ces jours suspendus où la crainte de très mauvaises nouvelles nous tenaille, où des symboles de la considérable créativité et des piliers de la culture japonaise peuvent figurer dans la très longue litanie des victimes, questionnent nécessairement sur l’impitoyable force qui s’est ainsi exprimée. Dès qu’une catastrophe de cette ampleur survient, ce sont des vies, des histoires, des savoir-faire, des traditions, des oeuvres de l’esprit qui sont ainsi balayés - et bien entendu, dans un pays comme le Japon dont l’influence sur le graphisme est considérable, on voit bien combien cela peut dérouter, perturber, questionner. L’instabilité des centrales nucléaires, les risques évidents sur l’environnement, les menaces sur la santé non seulement des résidents mais aussi des animaux, la contamination des sites… Tout cela a d’ores et déjà un impact sur la perception que l’on a des manga, anime, jeux vidéo qui témoignent de la créativité voire du génie graphique des artistes japonais. Et nul doute que demain nombre d’oeuvres seront teintées de ce brusque changement de tonalité, de ce brutal réveil à une nouvelle réalité japonaise, celle d’un pays claudiquant et rongé de tumeurs plus ou moins graves.

Oui, d’accord, je me laisse aller à une vision assombrie de ce pays qui est parvenu à me faire rêver de ses couleurs et de ses particularismes sociaux et culturels au travers de ses arts (et pas seulement graphiques) et je suis néanmoins sûr que ce peuple parviendra à panser ses plaies.

Sébastien Naeco

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14 mars 2011

dossier-de-fond-small1240094685-11272298093-11275571665-7.1296824798.jpgIl suffit de regarder le dernier long métrage de Miyazaki, Ponyo sur la falaise, pour mesurer le lien particulier qui relie les japonais aux éléments, notamment l’océan Pacifique. Ce conte poétique raconte tout de même comment un enfant et une petite princesse des mers surmontent un tsunami et partent à la recherche de la mère du premier tandis que la seconde s’affranchit de sa famille divine, lointains cousins nippons de Poséïdon. Le terrible tremblement de terre (et ses répliques) qui a provoqué le tsunami sur le nord du pays, l’action conjuguée de ces catastrophes met à mal les infrastructures japonaises qui, c’est connu et répété, bénéficient pourtant des normes anti-sismiques les plus rigoureuses et avancées au monde. Encore une fois, même la civilisation la mieux préparée se retrouve en partie démunie face aux humeurs de la Terre.manga-spirit-of-the-sun.1300051496.jpg

Pour tous les lecteurs de manga, de spectateurs de nombre de séries et de films d’animation et même de sentaï, vous savez, ces séries débiles et kitsch avec les héros à armure et les monstres géants en latex genre X-Or, il n’y a pas vraiment de surprise sur le fait que le Japon soit ainsi frappé. Les auteurs japonais ont largement exploré les différents scénarios possibles dans une telle situation, cristallisant les craintes ancestrales, personnalisant les éléments naturels sous forme de lézards ou d’insectes géants qui s’en prennent souvent aux points névralgiques de la société, non pas des centres commerciaux, mais des centrales électriques, des dépôts pétroliers ou des barrages. Si les bombardements sur Hiroshima et Nagasaki ont eu, sans mauvais jeu de mots, un impact considérable et ont suscité une profonde prise de conscience face aux dangers de la science atomique, ceux-ci associés aux inconstances de la Terre ont servi de terreau à plusieurs oeuvres aujourd’hui classiques, tels Ken le survivant, Akira, Spirit of the Sun ou encore Nausicaä. Parfois ces scénarios catastrophe stigmatisent et questionnent la présence américaine, la vacuité de la société de consommation ou aiguisent le sentiment de patriotisme mais tous éclairent sur le sceau magique passé entre un peuple et sa pléïade d’îles, fruits des attouchements tumultueux des plaques continentale et océanique.

akirablastmovieexample1.1300051520.jpg

A celles et ceux qui cherchent à comprendre le Japon contemporain et dans une certaine mesure l’attitude des japonais dans la tourmente, la plongée dans l’expression de leur imaginaire et par extension la lecture des manga peut s’avérer enrichissante comme l’indique de manière synthétique le présent billet. Je ne saurai trop vous inviter en commentaires à indiquer quelles oeuvres (manga, anime, films…) illustrent la situation actuelle, en attendant, comme cela est prévisible, de lire les effets de la catastrophe actuelle dans les manga de demain - et lire à ce sujet l’appel-interview de Jean-David Morvan, scénariste renommé qui vit justement une bonne partie de l’année à Tokyo (et qui y est présentement) en donne la voie - et la page Facebook dédiée

Sébastien Naeco

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13 mars 2011

L’un des plaisirs sincères de tenir ce blog c’est qu’il reçoit régulièrement des commentaires forts, intelligents, argumentés. En BD numérique, Gipo apporte régulièrement des compléments d’analyse sur la BD numérique qui démontre sa propre quête et sa soif d’échanger sur ce sujet. L’enjeu est pluriel : créatif d’abord, culturel ensuite, intellectuel enfin - et dans tous les cas stimulant. C’est finalement la création d’un site observatoire sur le Turbo Média, dont je vous ai montré une récente et attractive création signée Barth et Balak, qui sert de prétexte à le passer au grill, et l’inscrire dans le rendez-vous hebdomadaire sur les blogs BD. Nouvelle preuve de la diversité des acteurs de ce mode d’expression, voici un blog qui observe, commente, collecte et éclaire tout ce qui a trait au Turbo média (et plus si affinités). Déjà un incontournable !

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Gipo, tu interviens régulièrement sur ce blog et donne à chaque fois des analyses pertinentes et précises, mais qui es-tu au juste ?

Gipo : Je me prénomme Gilles, j’ai eu envie d’être auteur de BD à l’âge de 17 ans. Je l’ai tenté sérieusement dans ma vingtaine, puis à peu près tous les cinq ans… jusqu’à ce jour où je préfère parler des autres.J’ai aussi été publicitaire, infographiste, analyste-programmeur et développeur multimédia. Là, je suis plutôt dans une démarche de startup. C’est l’idée de monter des projets pérennes qui me pousse souvent à analyser la Bande Dessinée, ses variantes, son marché, ses difficultés et son avenir.

On peut voir certaines de tes oeuvres sur Webcomics (lien : http://www.webcomics.fr/member/Gipo), tu mets donc bien les mains dans le cambouis en plus de faire fonctionner tes méninges ?

Oui, ma période Webcomics.fr, c’était pour m’obliger à considérer la BD comme un loisir à partager plutôt que l’espoir d’être édité. J’y ai publié quelques vieux projets et puis j’ai arrêté, préférant dire des bêtises en forum et encourager ceux que j’admirais, plutôt que de dessiner. La seule nouveauté que j’aurais faite, finalement, c’est un TurboMedia pour un cadavre exquis.

Tu as lancé un agrégateur de contenus autour du turbo média, le mode narratif développé notamment par Balak, peux-tu expliquer quelle est ici ta démarche et quels sont, le cas échéant, les autres sites que tu as lancés ?

Je crois que c’est Fred Boot qui m’a fait découvrir le topic “BD numérique ” du forum Catsuka. J’ai tout de suite été scotché par la démarche de Balak : on avait enfin quelqu’un qui ne se posait pas seulement la question du transfert de la BD vers le numérique mais bien de ce que cela allait apporter de mieux, au niveau artistique ! Et il le prouvait avec brio ! Il faut comprendre… le plus grand des plaisirs de l’auteur de BD (le mien, en tout cas), c’est la mise-en-page, la mise-en-scène, le cadrage, l’orientation du regard, bref, tout ce qui fait que la lecture devient fluide, élégante et naturelle. Autant de choses que le simple lecteur ne voit pas mais ressent plus ou moins confusément. Balak, lui, réinventait toute une boite à outils de cet ordre, destinée au modèle diaporama/slideshow, à partir de ses connaissances du dessin animé. Rien d’artificiel (il se bat justement contre ça), uniquement de l’évidence et de l’ergonomie. Et ça fonctionnait diablement bien !

Alors, lorsque j’ai eu besoin de tester le principe de la “curation” à travers le service “Scoop.it! ”, j’ai tout de suite choisi le thème du TurboMedia.

Cela convenait parfaitement à ce service d’agrégation : reprendre l’historique de tout ce qui avait été dit et montré sur le TurboMedia depuis deux ans, et mettre un lien vers chacune de ces expériences. Le tout agrémenté d’une image représentative et d’un petit commentaire re-situant ces créations dans leur contexte.

Tsuka (Marc Aguesse, aka Tsuka, créateur du site Catsuka) a créé une page “TurboMedia ” à peu près au même moment, autour de quelques grands initiateurs. Moi, j’ai préféré ouvrir cette découverte à destination du grand public. Donner envie ! Il y a donc complémentarité.

Pourquoi as tu justement choisi de plébisciter ce mode narratif ?

D’abord parce qu’il m’a emballé et ensuite parce que j’ai l’impression d’assister au prémisses de quelque chose qui sera grandiose dans 5 ou 10 ans. Sans pour autant remplacer la BD, même numérique, hein ? Mais en plus de ce qui existe déjà.

Quels sont les artistes qui te stimulent le plus dans ce cadre ?

A part celui-dont-j’arrête-de-prononcer-le-nom, MALEC ne cesse de me surprendre : d’abord pour avoir été le premier à se lancer dans une publication régulière en TurboMedia (c’est ce qui manque le plus pour populariser le principe) et ensuite pour toutes les inventions qu’il arrive encore à trouver à la suite de… celui qu’il appelle son Sensei. Ce dernier s’applique à préserver la culture “Bande Dessinée”, dans sa philosophie, Malec semble s’orienter plus vers le cartoon. On en est encore dans la recherche et je trouve cela passionnant. Pour autant, il me tarde de pouvoir lire des TurboMedias libérés de toutes ces hésitations, ces introspections, ces expériences, pour enfin “raconter” pleinement ! Et le dernier de Malec, c’est tout à fait ça.

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Question large : comment vois tu l’évolution aujourd’hui de la BD numérique ?

Je n’aurais jamais imaginé que le spectre de la BD numérique soit devenu aussi large : entre la pré-publication en ligne, pour édition d’albums traditionnels par la suite (en crowdfounding ou en crowdpromoting comme les blogs), la vente de BD en ligne par épisodes, ou la distribution de BD scannées sur mobiles, l’éventail est extrêmement ouvert (et je ne parle là que des modèles rentables, ou quasiment, et qui ont donc de l’avenir).

Pour le moment, donc, l’édition traditionnelle, les albums papier, restent incontournables. Et cela va durer encore 5 ou 10 ans. Mais petit à petit, vont apparaitre de vrais modèles économiques uniquement numériques. Cela devrait passer par l’internationalisation (au lieu de payer des éditeurs-distributeurs, il va falloir trouver des traducteurs) et par une implication forte des lecteurs-acheteurs. Il faut qu’ils comprennent que sans eux, rien n’est possible et qu’ils ont entre leurs mains la poursuite ou l’arrêt d’une publication. Carrément. Car ce qu’on va vendre, à l’avenir, ce n’est plus un objet (même numérique) mais uniquement de la nouveauté. La possibilité qu’un projet exclusivement numérique se fasse ou ne se fasse pas, selon qu’il est rentable ou pas à court terme.

Pour moi, le plus grand précurseur de ces dernières années est donc Thomas Cadène, avec “Les Autres Gens ”, qui a réussi à construire une famille de vrais lecteurs, impliqués et responsables. C’est ce genre de communauté dont aura besoin le TurboMedia, puisqu’il ne peut être imprimé. Et c’est ce genre de communauté qui doit émerger et s’étoffer.

Comment perçois-tu le fait qu’en BD numérique on ait des choses aussi différentes que la faute à la manette, les séquences de Boubize et les Autres Gens ?gamestrip-1.1300023656.jpg

Heu… déjà, La Manette et Boubize/Balak, c’est pareil : c’est du TurboMedia. Et tous deux sont plutôt des expérimenteurs, pour le moment… Alors que Les Autres Gens, c’est plus qu’une expérience : c’est une histoire, une vraie, qui se trouve être diffusée en numérique (puis en papier, pour boucler le budget), mais dont on se préoccupe plus de ce qui va se passer que du “comment c’est fait ?”. On a réellement dépassé le stade de l’expérimentation pour se concentrer sur l’essentiel : l’histoire !

Comment imagines tu que la BD papier et la BD numérique puissent se rencontrer ?

Elles le font déjà, avec les BD pré-publiées en numérique. En fait, je pense qu’elles ne se rencontreront pas mais fusionneront, lorsqu’on s’apercevra que le papier n’est qu’un support comme un autre et qu’un album au format à l’italienne ou une tablette apportent exactement le même confort de lecture. On a longtemps cru que la BD numérique devait se présenter sous forme de bandeau. Peut-être pas, en définitive… Car il est plus agréable de lire en zig zag (comme avec la BD papier ou “plein écran”) ou en superposition (comme avec le TurboMedia), qu’avec un système qui oblige à reconstruire le cadrage dans sa tête tout le long d’un défilement, façon pellicule de films. Diable ! Si c’est pour réinventer le film, autant passer tout de suite au TurboMedia !

A choisir, quelle support te semble le plus agréable pour lire de la BD numérique ? L’ordinateur ? une tablette ? un smartphone ?

Une tablette pour les longues histoires, un smartphone pour les gags… et un ordinateur par défaut.L’important est qu’on puisse baisser les yeux.Je rêve d’un ordinateur portable dont l’écran se trouverait à plat sur la table, le clavier étant derrière tout au fond, et mes bras entourant l’écran pour taper.

Crois-tu que la BD numérique peut avoir une chance d’ouvrir de nouveaux territoires et de nouveaux marchés aux personnages et univers les plus populaires en France, ou pas du tout ?

Les bandes dessinées sont mortelles et c’est très bien comme ça. La meilleure BD pour du TurboMedia, c’est celle dont le personnage a été inventé exprès pour ce support, avec la sensibilité de l’auteur qui la conçoit. Adapter, c’est toujours du marketing. Les célébrités de demain se révèleront dans les supports de demain. Il faut aller de l’avant.

Mais que ce soit en numérique ou en papier, les “nouveaux territoires”, c’est avant tout de nouvelles langues. Donc des traductions. Il faut aussi prendre en compte le problème de la culture du pays : le Japon et la Francophonie, par exemple, avaient déjà une culture commune du récit en image. Ils ont donc pu échanger. D’autres pays sont plus réfractaires. Et même au sein de notre propre culture : les jeunes ne sont plus si friands de récits en images ! On n’arrive à les attirer qu’à partir du jeu vidéo ou du dessin animé. Peut-être qu’un TurboMedia populaire pourrait aider…

Que vois tu à ajouter de complètement incontournable ?

Suivre mon blog n’est pas incontournable, mais il est incontournable que je rappelle son existence, à ce stade de l’interview !

http://www.scoop.it/t/turbo-media-naissance-d-un-nouveau-medium

 

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