09 février 2011

Le réseau Entreprise & Personnel (E&P) et l’observatoire Sociovision ont mené en 2010 une enquête confrontant les avis d’une centaine de DRH et de 2.000 salariés.

Ses résultats mettent en évidence un fossé grandissant entre les salariés et les entreprises. Ils révèlent également des écarts significatifs entre la perception des DRH et celle des salariés.

INTERETS DIVERGENTS

La majorité des salariés interrogés estiment que leurs intérêts et ceux des entreprises divergent : seul un sur cinq (21%) estime que « l’intérêt des entreprises et celui des salariés vont dans le même sens ».

L’étude indique aussi un sentiment généralisé de concentration du pouvoir. « 80% des salariés et 63% des DRH estiment que toutes les décisions se prennent d’en haut ». Et près d’un salarié sur deux (46%) estime ne pas être consulté pour les décisions qui le concernent.

D’après le bilan de l’enquête, les salariés souffrent d’un manque de reconnaissance. Près de huit salariés sur dix (78%) jugent que « leurs capacités et leurs motivations sont sous-utilisées ». Un constat partagé par 64% des DRH. En revanche, moins du tiers des DRH admettent que « travailler plus ou moins dans l’entreprise ne fait pas de différence », alors que 60% des salariés le pensent.

CONFIANCE AU MANAGER DE PROXIMITE

Les salariés se sentent éloignés des centres de décision, mais font toujours confiance au « manager de proximité », selon l’étude : 57% estiment que pour défendre leurs intérêts, le plus efficace est de discuter avec leur supérieur hiérarchique.

Par ailleurs, si de plus en plus de salariés déclarent que leurs soucis professionnels ont de fortes répercussions sur leur santé et leur vie sociale (35% en 2010 contre 24% en 2007), ils considèrent à 60% « la qualité des relations interpersonnelles comme remède à un travail stressant ».

Sur ces questions, les DRH interrogés ont un point de vue différent.

Deux tiers d’entre eux constatent l’augmentation des risques psychosociaux, mais « ont tendance à minorer l’engagement des salariés et par conséquent leur risque potentiel d’usure », indique la synthèse de l’étude, qui ajoute que les DRH ont sous-estiment aussi l’importance de la convivialité « comme antichoc face aux difficultés de la vie professionnelle. »

Toutes ces données pourraient laisser croire à une démotivation des salariés, et c’est le paradoxe : plus des trois quarts d’entre eux restent « fiers » d’appartenir à leur entreprise. Et 67% des salariés interrogés se disent prêts à s’investir davantage si leur entreprise le leur demandait.

Pauline Turuban

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Commentaires

  1. “c’est le paradoxe : plus des trois quarts d’entre eux restent « fiers » d’appartenir à leur entreprise.”

    C’est un effet bien connu, qui s’appelle aussi “syndrôme de Stockholm” : quand quelqu’un “en bave”, soit il se débrouille pour sortir de la situation en question, soit, s’il ne peut pas, il développe un “amour” irrationnel pour cette situation ou les personnes qui la causent ; cet attachement l’aide à survivre malgré le stress. C’est ainsi que les femmes battues reviennent vers leur mari violent, que les enfants battus prendront le plus souvent la défense de leurs parents, que les victimes d’un rapt se rangent souvent du côté de leurs ravisseurs, etc..

    Cette réaction naturelle de la psyché humaine est utilisée par les militaires comme par les entreprises : les gens qui en bavent vraiment, surtout ensemble ou côte à côte, manifestent ensuite de l’attachement pour ce qui leur en a fait baver, et sont prêts à recommencer, alors que les gens qui effectuent une part raisonnable du travail ne s’attachent pas et continuent à percevoir leur effort comme ce qu’il est en réalité : une corvée, pas un “engagement”.

    Vous obtiendrez le même résultat en interrogeant d’autres professions, dans tous les domaines “en crise” : les aide-soignantes, sous-payées, disent toutes qu’elles adorent leur métier “bien qu’il soit dur” (en fait : parce qu’il est dur), les agriculteurs en catastrophe économique permanente ne disent pas autre chose, etc. etc..

    C’est aussi une des bases de la sexualité sadomasochiste ou “avec domination” - sauf que dans la sexualité (dans la vie, pas dans les romans), cet aspect est connu, volontaire et maîtrisé, alors qu’au travail, c’est le plus souvent de la manipulation et de l’abus.


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