25 mars 2011

invest_avenir_164433.1299854720.jpgIls se sont fait attendre plusieurs semaines, mais le premier ministre a fini par présenter, ce vendredi 25 mars, la liste des lauréats des “laboratoires d’excellence”, dit “labex” (vous pouvez charger le pdf de la liste ici ). Doté d’un milliard d’euros, cet appel d’offre a beaucoup fait parlé dans le landerneau scientifique (voir les récits d’Henri Audier ou des Echos ).

En effet, alors qu’une cinquantaine de projets devaient être retenus et financés, cette liste a été rallongée pour intégrer des projets portés par des laboratoires de grands noms de la recherche française non retenus dans un premier temps par le jury international, comme Jean Tirole, porteur du projet d’institut d’études avancées de Toulouse, Mathias Fink, du projet de l’Institut Langevin (ondes et images, du fondamental à l’innovation) ou encore Cédric Villani, l’un des porteurs du réseau de mathématique Carmin.

En revanche, alors que certains étaient convaincus d’être retenus, comme l’Ecole d’économie de Toulouse, la désillusion est très forte, puisque cette structure n’a finalement pas été sélectionnée (voir entretien ci-dessous).

26 labex de sciences humaines

Concernant les cent labex lauréats, les sciences humaines n’ont pas été laminées, comme le prédisaient beaucoup de chercheurs et responsables universitaires. Ce domaine recueille 26 labex, comme par exemple, le laboratoire d’art à Paris VIII (voir entretien ci-dessous), musique à Strasbourg, lettres et sciences humaines à Aix-Marseille ou l’ENS Ulm, urbanisme à Paris-Est, l’usage du monde par les sociétés anciennes à Bordeaux, etc. Viennent ensuite les domaines biologie-santé (23 labex), les sciences de l’environnement et de l’univers (17), les sciences numériques (15), l’énergie (10) et les nanotechnologies (9).

En revanche,  la répartition spatiale des implantations de labex est très instructive pour la suite des appels d’offre du grand emprunt. Leur très grande majorité se concentre dans la fameuse “banane bleue” de la recherche française. Une zone qui réunit l’Ile-de-France, l’Alsace, la région Rhône-Alpes et qui descend jusqu’à Montpellier.

Des indications pour les idex

Ainsi, les grands “gagnants” sont les pôles de recherche et d’enseignement supérieur parisiens. Les regroupements Sorbonne Universités (Paris-II, IV, VI) et Paris Sciences et Lettres (ENS, Dauphine, etc.) raflent chacun une dizaine de labex. Paris Cité (Paris-III, V, VII, XIII, etc.) en obtient 8, et participent à 7 autres. Hésam (Paris-I, Arts et Métiers, etc.) en obtient également 6. Saclay décroche 6 labex. Paris-Est est présent dans 4 labex. En région, Grenoble et Lyon ont chacun 8 labex, tandis que Montpellier en décompte 7, Strasbourg 6 et Bordeaux 5. Parmi les moins bien servis figurent Aix-Marseille et Toulouse (3 labex chacun), Bretagne (2), Lille et Lorraine (1). Par ailleurs, des universités plus modestes ont obtenu le label : Amiens ou Limoges, par exemple.

Sur cette base, dans la perspective de la sélection pour le second tour des initiatives d’excellence (Idex, 7,7 milliards d’euros), plusieurs sites universitaires se détachent. Sur les 17 projets d’Idex déposés, Paris Sciences et Lettres et Paris Sorbonne semblent les projets les plus sûrs de passer le barrage du premier tour en Ile-de-France. Saclay restant en ballotage. Plusieurs sources confirment cette possibilité, mais aucun responsable universitaire ne veut ou ne peut le confirmer. En région, les quatre universités les plus en vues sont Lyon, Grenoble, Montpellier et Strasbourg. De même, les universités refusent de confirmer ou infirmer cette possibilité. Le gouvernement promet l’officialisation des Idex sélectionnés au second tour en début de semaine prochaine.

Philippe Jacqué

Actualisation : pour l’initiative d’excellence, la dernière rumeur voudrait que Paris Sciences et Lettres, Paris Sorbonne, Bordeaux, Lyon, Grenoble, Strasbourg et Toulouse passent au second tour. Reste que tout peut encore bouger jusqu’à la présentation officielle. Ph. J.

“L’excellence n’est pas qu’au centre de Paris, mais également en banlieue”

Entretien avec Pascal Binczak, président de l’université Paris-VIII, dont le projet arts et médiations humaines a reçu le label “labex”

pascal-binczak.1301043711.jpg

Quel est votre sentiment après l’annonce des résultats labex ? 

Pour Paris-VIII, c’est une reconnaissance très importante pour notre travail. Nous allons saisir cette opportunité pour fédérer nos équipes de recherche. Ce projet va tirer vers le haut l’ensemble de la communauté. Notre ambition est la mise en place d’un centre universitaire des arts dans le Nord de Paris.

Qu’est-ce qu’un “laboratoire arts et médiations humaines” ?

C’est un lieu, déjà présent à Londres par exemple et dans de nombreuses capitales européennes. Il s’agit de construire un lieu d’interface entre la recherche académique, la pratique et la valorisation de la recherche. Il sera lié au “cluster de la création” en cours de développement à Paris. En bref, il s’agira de faire se rencontrer les chercheurs, tant en arts qu’en lettres ou en psychologies, et des artistes. De même, des ateliers thématiques d’échange seront créés.

Absent de tout regroupement parisien, Paris-VIII réussit toute seule ?

Effectivement, nous devons notre réussite à nos partenariats internationaux et à nos chercheurs. De même, et j’aimerai insister sur cela. Nous démontrons que l’excellence n’est pas qu’au centre de Paris, mais également en banlieue.

Propos recueillis par Ph. J.

“L’école d’économie de Toulouse se battra sans l’argent du grand emprunt” 

Entretien avec Christian Gollier, dont l’Ecole d’économie de Toulouse a été recalée aux appels d’offre labex.

gollierchristianiuf.1301043329.JPGComment expliquez-vous cet échec ? Etes-vous parti la fleur au fusil ?

Je vous avoue que je ne sais pas. Toutes les personnes qui ont lu notre dossier scientifique l’ont trouvé bon… Nous avions monté un vrai projet. Nous ne jouons pas seulement sur notre réputation.

Qu’allez-vous faire désormais ?

L’école se battra sans l’argent du grand emprunt pour améliorer son attractivité internationale. On l’a fait pendant 25 ans avant le réseau thématique de recherche avancé, on connaît la musique ! Cette année, nous allons recruter quatre jeunes économistes très prometteurs qui finissent leur doctorat à Yale et Stanford… Pour l’argent, nous comptions évidemment sur le grand emprunt, mais nous allons sans doute relancer une campagne de levée de fonds.

Avez-vous de l’amertume ?

Je vais prendre le temps d’analyser les commentaires du jury relatifs à notre projet de labex avant de prendre mes responsabilités le cas échéant. J’ai décliné ces dernières années plusieurs offres d’excellentes universités américaines…

Propos recueillis par  Ph. J.

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Commentaires

  1. Un blog intéressant sur le Grand Emprunt! Christian

  2. “Cette année, nous allons recruter quatre jeunes économistes très prometteurs qui finissent leur doctorat à Yale et Stanford… ”
    Bizarre… Nous sommes en pleine période de préparation/envoi des dossiers pour les postes universitaires, et les concours de recrutement sont sensés se faire sur la base des dossiers évalués par une commission adhoc. Difficile dans ces conditions de savoir déjà qui sera recruté. Sauf si le concours est bidon, et les heureux gagnants déjà désignés officieusement par piston/copinage.

  3. Cet article donne envie de vomir. Ca ressemble à ça la recherche vu par des crétins?

  4. Est-ce qu’il est possible de mettre un lien vers la liste complète des résultats ou de l’insérer? (je ne la trouve pas sur le site du ministère). Merci

  5. @candidatpourdubeurre : rassurez vous, ils ne seront pas recrutés sur des postes de MC cette année puisqu’ils ne sont pas qualifiés par le CNU… Ah si ? Ah bon…

  6. Pourriez-vous nous donner un lien vers la liste précise ?
    Merci :)

  7. L’extrapolation Labex = idex me paraît particulièrement osée. Les dossiers et projets sont parfois totalement différents.

    Il y a comme un goût amer derrière ces dispositions sélectives et cette concentration de projets retenus en particulier en IDF et Rhône-Alpes.

    Quant à la “banane bleue” de la recherche française, je ne la connaissais pas …. Elle ne me parait pas recouvrir une réalité si tangible que ça (quid de Toulouse par exemple et quelle continuité entre les pôles évoqués)

  8. Il ne suffit malheureusement pas d´ecrire et repeter “excellence” pour etre reconnu comme tel au niveau international. Sans avoir reussi la reforme sur la recherche en France, ces millions et milliards vont tout simplement servir a engraisser les labos les plus influants, et meme a encourager le systeme de copinage. Catasrophe a venir. On va engraisser encore plus de nuls, sur le dos des contribuables. J´attend avec impatitence les prochains classements internationaux, pour constater “l´excellence”…

  9. Impossible d’avoir une liste claire de ces labos. On aimerait avoir au moins un lien officiel…

  10. Le grand emprunt et ses produits dérivés … EQUIPEX, LABEX, IDEX, …

    … produits dérivés … tiens tiens mais ça ressemble à de la très haute finance tout ça !

    … et nous avons tous pu expérimenter les effets de ces produits dérivés : ILS SONT TOUS HAUTEMENT TOXIQUES !

    http://www.sauvonsluniversite.com/spip.php?article4085

  11. @ alex > C’est pile-poil dans la logique “je donne du fric seulement si tu as un projet rentable” mise en place par le gouvernement depuis 6 ans et dont la vitrine est l’ANR. Vous devriez vous renseigner : les chercheurs ont la nausée depuis 2004 et le Pacte pour la Recherche…

    @ candidatpourdubeurre > Je vous comprends à 200%. J’ai moi-même essuyé les plâtres du copinage et du corporatisme polytechnico-normalien l’année dernière pendant les concours MCF et CR (le pire étant dans les labos parisiens : quand on vient de la province, c’est le flinguage à vue). Il y a de quoi dégoûter n’importe quel candidat qui ne rentre pas dans le moule. Pour ma part, le coup a été très très rude, suffisamment pour que je candidate à l’étranger et que je le fasse savoir, quitte à me griller.

    Par contre, j’aimerai bien voir la liste des lauréats des Labex, Equipex et tout. Ce n’est pas publié dans un document officiel genre J.O. ?

  12. Qu’est-ce que signifie l’excellence scientifique définie a priori quand on sait que la grande majorité ceux qui ont été l’origine des idées les plus révolutionnaires dans les sciences ont eu du mal à s’imposer et n’ont été reconnu que sur le tard, pratiquement à la fin de leur carrière, et je ne parles pas que des Prix Nobel ?

  13. et les autres ; ce sont des écoles de garage avec des chercheurs rantanplans pour fils d’ouvriers et classe moyenne ?

  14. http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid55551/investissements-avenir-projets-labex-par-region-domaine.html#labex-hors-idf

    pour le lien vers les LABEX…

    Pas de commentaires sur le délai qu’il y a eu entre la décision de la comission scientifique pour l’attribution des LABEX, et la liste publié aujourd’hui?
    On aimerait comprendre les magouilles qui ont eu lieu sur ces attributions…finalement faîtes non pas uniquement sur des critères scientifiques, mais également politiques. LABEX, IDEX, EQUIPEX : Qui veut gagner de l’argent en masse ?
    C’est la honte

  15. @ toutes les fiches des projets sont désormais présentées en pdf, en lien au début du texte.

    @candidatpourdu beurre : depuis cinq ans l’école d’économie de Toulouse finance grâce à sa fondation des postes d’enseignants ou de chercheurs en contrat à durée déterminée qui relèvent de l’école d’économie. Une fois en France, ces enseignants doivent faire l’ensemble des démarches pour obtenir leur qualification au CNU et postuler à un poste ouvert à l’université de Toulouse-I, dont dépend cette école. Grâce à ce système, que vous ne devez pas apprécier, ils peuvent recruter, en étant très réactif, les personnes qu’ils souhaitent voir venir à Toulouse.
    Ph.J.

  16. la liste officielle des labex retenus se trouve ici:

    http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid55551/investissements-avenir-projets-labex-par-region-domaine.html

  17. […] via Grand emprunt : 100 projets de laboratoires d’excellence retenus – Peut mieux faire – Blog LeMonde.fr. […]

  18. @Bouloulou
    Pas la eine de me renseigner je suis chercheur au CEA merci…

  19. Des poles d’excellences: la recherche patriarcale et autoritaire remplacant definitivement la curiosite scientifique.

    Ou pourquoi il ne faut surtout pas sauver la recherche: ca fait cinquantes ans que les chercheurs nous promettent la lune et que nous connaissons l’enfer.
    Les chercheurs sont des profesionnels du marketing et de la politique, ecrivant des projets de sciences fictions appeles “grant proposal” et faisant faire le boulot a des postdocs corveable et surtout jete. On vous promettra le traitement du cancer, la fusion, l’ordinateur quantique pendant des decennies. Par accident, un thesard trouvera peut etre quelque chose, mais cela devient de moins en moins probable avec le pouvoir accru qu’ont les “excellents”. Un peu comme rimak qui se voyait dire continuellement par son prof Wirkow que les divisions qu’il observaient etait ininteressantes. Aujourd’hui Rimak est vire au bout de six mois.

    Honnetement, les “excellents” n’ont plus vraiment grand chose a voir avec la science ni meme de la recherche si ce n’est celle de fonds.

  20. L’argent des autres ne nous coûte pa cher!

  21. Ça me tue qu’on emprunte des milliards, et qu’on dise: “bon, maintenant qu’on a l’argent, où va-t-on le dilapider”…
    Mais étudiez les projets qui en valent le coup et trouvez comment les financer, pas l’inverse !!!

  22. Et le citoyen qui n’est pas une tête chercheuse mais doté d’un cerveau, financeur et potentiel bénéficiaire des résultats des recherches, il n’a pas eu son mot à dire ? C’est ça la démocratie au nom de laquelle on largue des bombes en Libye !

  23. J’ai l’impression que peu de gens ont vraiment compris ce qu’est le grand emprunt. Souvent la vérité est une surprise même pour les chercheurs concernés :

    La recherche ne touchera que LES INTERETS rapportés par cet argent qui sera placé dans des BANQUES. Soit quelques pourcents par an. Cet argent est donné AUX BANQUES, pas à la recherche. Ce ne sont que des cacahuètes. De la poudre aux yeux encore une fois, et qui en plus va rendre la recherche dépendante de la santé des banques tout en déculpabilisant l’état.
    Mais curieusement peu de gens le comprennent sous cet angle là. C’est simplement une astuce pour sortir un gros chiffre que le français lambda ne saura pas interpréter. Juste pour faire taire les chercheurs qui, si ils l’ouvrent, passeront pour des privilégiés auprès du grand public.
    J’ai déjà entendu plusieurs commentaires du genre “alors vous êtes content les chercheurs ? avec tout cet argent ?”. La plupart n’en verront jamais la couleur de toutes façons.

  24. […] Lire la suite : Grand emprunt : cent projets de laboratoires d’excellence retenus Cet article est sur : Le Monde Présent dans : La Une | […]

  25. […] Lire la suite : Grand emprunt : cent projets de laboratoires d’excellence retenus Cet article est sur : Le Monde […]

  26. Les provinciaux payent les impots et les parisiens encaissent. Rien de neuf sous le soleil ;-)

  27. Petite correction à votre article… La TSE fait partie du projet IAST de Toulouse, retenu dans la liste. Il était difficile de jouer sur deux tableaux :-)

  28. un “laboratoire arts et relations humaines”, c’est déjà inquiétant quand on lit ça, mais après l’explication du gus, on comprend vite que c’est vraiment du pognon foutu en l’air. On a des millions de chômeurs dans ce pays, et on continue de financer des machins vaseux qui ne servent qu’à des branleurs.

  29. @ Auvergnat TSE est dans IAST comme beaucoup d’autres projets, mais présentait son propre projet autonome et différent. Je ne suis pas sûr que ce soit cela qui a changé la donne, puisque le projet IAST a été rattrapé au dernier moment par les “politiques”.
    Ph. J.

  30. @zersd D’où tenez vous cette information? Il semblerait que la majeur parti de cette argent provienne du remboursement du prêt que l’état avait alloué aux banques lors de la crise financière… Info ou intox?

  31. Vaseux ça veut dire quoi ? Que vous ne connaissez rien sur le sujet ?

    Et de toutes façons, quoiqu’on finance en France, si c’est au final pour le citoyen lambda dont le seul plaisir dans la vie est de regarder tf1, voter lepen et faire ses courses à carrefour, alors oui, quoiqu’on fasse, au final ça ne servira qu’à des branleurs. L’économie toute entière est faite pour les branleurs. La recherche de pointe en microélectronique, bourrée de grosses têtes pensantes et de génies, ne sert aujourd’hui qu’à fabriquer des ipod nano et des playstations. La croissance économique elle même est faite, au final, pour les branleurs. Même un ouvrier dans le bâtiment qui est certain de faire un travail utile ne fait que de construire des maisons pour des branleurs. Je préfère une société où l’on dépense pour la recherche qu’une société de branleurs qui ne servent qu’à auto-entretenir leur branlette.

  32. il parait que la recherche manque de crédits : allez voir dans les labos des univs tous les crédits consommés en restauration et nuitées !
    vous comprendrez mieux où passe l’argent.
    pauvre contribuable, si tu savais……

  33. C’est hallucinant. On mobilise les intérêts de millards empruntés pour financer des projets dont les seuls critères semblent être d’une part l’appartenance à un corps fermé sur son nombril (X, Centrale, etc.) et qui n’a aucune idée de ce que veut dire le mot compétitivité, et d’autre part les sujets déjà en cours, ce qui permet de distribuer entre copains.

    Envoyons nos “élites” effectuer les trois premières années de leurs “grandes” écoles dans les universités américaines et chinoises. Ils reviendront sans doute avec une vision plus réaliste de la compétitivité et comprendront que nos “grandes” écoles sont bien larguées sur le plan international.

  34. @guitow: il tient cette info du site du ministère. “Un fonds d’1 milliard est créé. Les revenus de ce capital permettront d’assurer le financement des laboratoires retenus.”
    http://www.enseignementsup-recherche.gouv.fr/cid51355/investissements-d-avenir-laboratoires-d-excellence.html

  35. […] Grand emprunt : 100 projets de laboratoires d’excellence retenus Accueil 25 mars 2011 Grand emprunt : 7 dossiers d’Idex présélectionnés […]

  36. Je comprends pas ce que vous voulez dire par “distribuer entre copains”. Les gens qui commencent un nouveau projet ont aussi des copains, et les gens qui finissent un projet ne perdent pas les leurs. Ils ne disparaissent pas dans l’anonymat à la fin de leur projet et ils ne meurent pas non plus.

    guitow > c’est par exemple ici :
    http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=6475
    les universités ne pourront pas dépenser ce capital, seulement les intérêts, soit, par an, 4% de la somme annoncée.
    Et je ne comprends pas comment ceci aide les banques à rembourser ce qu’elles doivent à l’état. On dirait plutôt que la banque prend dans sa poche gauche pour mettre dans sa poche droite. Mais je ne dois pas saisir toutes les subtilités. Je trouve qu’on manque cruellement d’informations sur le sujet, on voit des gros chiffres sans voir à quoi ils correspondent, qu’est ce que ça représente par an, par rapport au budget habituel. On nous dit que c’est bien mais on ne nous explique rien. Personne ne semble être au courant que les universités ne peuvent dépenser que 4% de la somme. Comme si ça n’était qu’un détail. Sachant qu’on se fait limite arnaquer de 96%, je serais assez dubitatif sur cette histoire de remboursement des banques à l’état.

  37. Oui, bien sûr, sciences humaines… Il faut voir ce qu’on colle sous “sciences humaines”. Pour le Ministère, il n’est plus légitime de faire “simplement” de l’histoire, de la socio, encore moins des études littéraires ou de la philo. Dans ces domaines encore plus qu’ailleurs, il est indispensable qu’il y ait une recherche aussi large thématiquement que possible, alors qu’avec ce fonctionnement crétin on privilégie des îlots censément “pluridisciplinaires”, en tout cas à la mode, qui surnagent dans un océan de crasse et de misère, au profit de gens qu’il faut bien qualifier de vendus. Dans ces disciplines, on a imposé un mode de fonctionnement tiré directement des sciences dures, alors que le fonctionnement y est nécessairement beaucoup moins rigide et les trajectoires beaucoup plus diverses, souples et personnalisées.

  38. @barre biture hic
    De province, j’ai passé les concours MCF à Paris et ai été classé 1er. Je ne suis pas le seul dans cette situation. Il faut arrêter la paranoïa Province/Paris. j’ai quand même choisi un petit labo de province.

    Et encore une fois, tous les labos “labexisés” ne sont pas des labos parisiens. La carte (sur le site du ministère) est assez claire à ce propos. D’ailleurs mon petit labo de province est “labexisé” tout seul sans l’appui d’un poids lourd parisien.

    Plutôt que de taper dans ce financement nouveau, regardons la diversité des labos sélectionnés, notamment en “sciences molles”.

  39. Comme souvent sur le monde et dans les blogs associés, je remarque un magnifique trou au centre de la France. Clermont-Ferrand, ca vous dit quelque chose ? On a même remporté le bouclier de Brennus l’année dernière (et trois projets de Labex financés au passage).

  40. […] Grand emprunt : cent projets de laboratoires d’excellence retenus Ils se sont fait attendre plusieurs semaines, mais le premier ministre a fini par présenter la liste des lauréats des « laboratoires d’excellence », dit «labex». Read more on Le Monde […]

  41. Ce qui me frappe surtout, c’est que le projet initial était de mettre en compétition et sélectionner 30-40 Labex, et qu’au finish, les pressions, coups de fil indignés, etc ont été tellement grands qu’on se retrouve avec 100 Labex. Cependant, l’enveloppe budgétaire est restée strictement identique!

    Ce qui veut dire que les lauréats se retrouveront avec une coupe d’un facteur 2 à 3 sur le budget qu’ils avaient prévu dans l’appel d’offre. Autrement dit, aucun des projets sélectionné n’aura assez d’argent pour réaliser ce pour quoi ils ont été sélectionné.

    Au total, on aura donc fait bosser, suer et transpiré le gratin de la recherche francaise, une ribambelle d’experts étrangers, exacerbé les rivalités entre communautés, pour un résultat qui va se monter pour les laboratoires à pas plus qu’un gros financement de type ANR. Est-ce bien raisonnable? Peut on s’attendre au même gachis pour les Idex?

  42. Claude Allègre souhaitait que la recherche française se ‘modernise’, entendez devienne semblable à celle des USA (où un professeur se plaignait, il y a quelques années dans le journal Science, du manque d’institution de recherche stable du style européen).
    Allègre a été entendu : on n’a jamais vu une telle distribution aléatoire des subventions, et une telle institutionalisation de la précarité des jeunes chercheurs. Ils vont d’ANR en ANR jusqu’à abandonner la recherche ou partir aux USA. Une thésarde est vendeuse en grand magasin. Elle a enfin obtenu un poste stable lui permettant d’avoir une famille. Bravo Allègre-Sarkozy-Pécresse !

  43. Je suis sur un labex qui concerne des paquets de dizaines de personnes. Le montant par personne va être extraordinaire…

    @etc : c’est mieux qu’un projet ANR, parce que maintenant, on va faire des appels à projets *internes* au labex pour partager les ressources.

  44. @etc:
    Vous avez tout compris. Le principe même de la généralisation des financements sur projets, avec réduction forte des financements récurrents conduit à une diminution du temps que nous, chercheurs, passons à faire notre travail de recherche. Je ne suis pas contre le fait qu’une partie significative de nos financements soient alloué sur projets, mais nous avons assisté à une généralisation de cela, et aujourd’hui nous passons énormément de temps à rédiger des propositions, à évaluer celles des autres, et de même pour les évaluations.

    Je suis CR de base, mais j’estime que cela prend déjà un tiers de mon temps, globalement. C’est très décourageant. Je suppose qu’il sera d’autant plus facile de nous dire demain que nous sommes nuls en recherche, mais, de fait, tout est fait pour limiter notre efficacité.

    Triste politique.

  45. l’Ouest de la France; un désert, le “far Ouest”; des pans entiers de la recherche et notamment biomédicale vont devoir s’arrêter faute de reconnaissance… La culture de l’excellence, stigmatisation des non leaders, difficile d’exister dans un pays totalement centralisateur qui concentre au niveau parisien une grande partie des richesses. Rien à voir avec nos voisins allemands par exemple…
    bravo pour la déprime !!! bel avenir pour nos jeunes, la vie sur Paris avec des loyers qui explosent et des salaires de misère. Heureusement nous avons nos Grandes Ecoles qui organisent et pensent notre futur.

  46. Le fait que les projet s de Saclay montre bien que le projet de l’État sur le plateau de Saclay n’est qu’un bricolage. Déjà le projet de pôle / Cluster à la C blanc, avait du être sauvé au repêchage sous la pression de l’Elysée qui en a fait un enjeu personnel.
    Le bricolage du cartel des 23 dans la fondation scientifique se confirme il n’y aps azd projet commun sérieux mais uniquement un projet immobilier pour avoir de nouveau labos et de budget de recherche au détriment de terres agricoles dont tout le monde sait qu’un jour elle nous manquerons si le projet est mené à terme
    De plus la concentration des moyens pour des labo ou programme d’excellence en dehors d’être élitistes va délaisser de nombreux autres projets au moins aussi utiles que ceux soutenus par les lobby du monde industriel, militaire et nucléaire qui pompe déja les finances, nos impôts au profit d’actionnaires privés


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