Archives de la catégorie: 'Conférence des grandes écoles'

04 mars 2011

Chaque mois, le blog “Emploi et Entreprise” rencontre un responsable de service emploi-carrière d’une école ou d’une université.

Ce mois-ci, c’est au tour de Jean-Luc Faye, responsable du Service Développement Personnel et Professionnel de BEM, l’école de management de Bordeaux.

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Quelle est la situation des diplômés 2010 de BEM sur le marché du travail ?

Jean-Luc Faye : Nous avons été alertés au moment de la sortie d’école des diplômés de 2010, puisque 51% d’entre eux seulement avaient trouvé un emploi avant leur sortie, contre 57% en 2009.

Mais aujourd’hui la situation s’est à peu près rétablie : quelques mois après la sortie, 76% de la promotion 2010 a trouvé un emploi, contre 78% en 2009. Le niveau de rémunération n’a pas beaucoup évolué non plus, les diplômés 2010 gagnent en moyenne 32 200 euros par an, contre 32 500 euros en 2009. C’est une baisse peu sensible par rapport à l’ampleur de la crise.

Le marché du travail reste tendu et difficile, mais je constate un certain redémarrage. Responsable du service développement personnel et professionnel à la BEM, je suis aussi responsable de la formation continue, et la demande des entreprises est en train de repartir. C’est aussi un indicateur de la reprise.

60% A L’INTERNATIONAL

En revanche, et c’est peut-être là qu’est l’effet de la crise, les diplômés se sont plutôt dirigés vers des carrières internationales : 60% de ceux qui ont trouvé un travail occupent aujourd’hui des fonctions liées à l’international, contre 40% en 2009. L’écart est flagrant !

Nos étudiants sont plus flexibles et adaptables : s’ils constatent des difficultés d’insertion dans notre environnement français ou européen, ils sont capables de s’orienter vers l’international.

Quelles solutions « anti-crise » avez-vous mis en place ?

Le service « Développement personnel et professionnel » a été mis en place il y a presque deux ans.

Nous avons créé des modules pendant lesquels les étudiants rencontrent des professionnels du coaching (accompagnement personnel). Ils les aident à développer une approche « narrative » pour les amener à mieux se raconter lors de leurs entretiens d’embauche.

En discutant avec les recruteurs, nous avons constaté que les étudiants se bornaient parfois à redire ce qui se trouve déjà sur le CV. Le but, c’est de les forcer à aller au-delà, à savoir communiquer leur histoire personnelle pour donner l’envie à l’employeur de travailler avec eux.

La partie comportementale est devenue essentielle dans une candidature, au même titre que la maitrise technique : les grands cabinets de recrutement, comme Michael Page, nous ont confié que plus de la moitié de leurs critères étaient basés sur le comportement des candidats.

AUDIT ET ADMINISTRATION-GESTION-FINANCE

Depuis, la mise en place de ces modules, nos recruteurs ont observé et vraiment apprécié l’évolution de nos étudiants.

Vers quels secteurs orienterez-vous les étudiants de la promotion 2011 ?

Les étudiants se tournent toujours vers des fonctions plutôt traditionnelles pour une école de commerce : l’audit et le conseil (18%) ou l’administration-gestion-finance (18%).

Mais la situation du marché nous incite à essayer de leur ouvrir l’esprit vers d’autres opportunités. Il existe de nombreuses zones de croissance dans le monde !

Autre opportunité que nous mettons en avant, les PME. C’est un gros vivier d’embauche.

Mais les PME ne viennent pas vers nous comme le font les grandes entreprises, parce qu’elles n’en ont pas la possibilité. Nous faisons donc en sorte que nos étudiants se dirigent vers elles. C’est un travail qui porte ses fruits.

Propos recueillis par Aglaé de Chalus

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14 janvier 2011

Chaque mois, le blog “Emploi et Entreprise” rencontre un responsable de service emploi-carrière d’une école ou d’une université. 

Directeur de la formation à l’INSA Lyon depuis 1981, vous suivez de près l’insertion des diplômés. Comment jugez-vous l’état du marché du travail des jeunes diplômés de l’INSA Lyon pour 2011?

Christophe Odet : Je suis plutôt optimiste. Après un léger fléchissement observé pour la promotion 2009 [76% en activité contre 84% pour la promotion 2008, 2 mois de recherche d’emploi en moyenne contre 1,2 mois, 80% de CDI contre 83%, 24% de poursuite d’études contre 17%] - les informations, encore partielles, concernant la promotion 2010 indique qu’il y aurait moitié moins de poursuite d’études, et que ceux qui cherchent un emploi en trouvent plus rapidement.

Mais je reste prudent, je préfère attendre d’avoir l’ensemble des résultats, en avril ou mai, pour poser un diagnostic définitif.

40% de nos étudiants trouvent des emplois au sein de PME/PMI, le plus souvent en province, les autres au sein de grands groupes. En 2009, certains de ces groupes avaient annoncé un gel des recrutements. Pourtant, la structure des placements de nos diplômés selon la taille des entreprises est restée à peu près constante d’une promotion à l’autre.

Comment s’organise le suivi de l’insertion des étudiants de l’INSA Lyon ?

La direction des relations avec les entreprises, qui gère également la Fondation INSA Lyon, est en charge du placement et du suivi des carrières. Elle a créé un “Espace Avenir Ingénieurs” qui, avec trois personnes, accueille de façon personnalisé chaque étudiant, diffuse les offres d’emplois, propose des conseils.

Il y a également une personne qui, au sein de l’Observatoire du placement, est chargée de réaliser des enquêtes auprès des jeunes diplômés, et en particulier l’enquête annuelle d’insertion - il s’y ajoute aussi parfois des enquêtes trois, quatre ou cinq ans après la sortie de l’école.

L’association des ingénieurs INSA de Lyon (A2I) collecte également des offres d’emploi et fait fonctionner des groupes régionaux qui mettent en réseau les anciens élèves et les nouveaux diplômés.

Enfin, au sein de chacun des dix départements de l’école, il existe des associations d’étudiants, souvent parrainées par des entreprises, qui organisent des forums, des rencontres, des “entretiens blancs”; l’une de ces associations organise le Forum Rhône-Alpes, qui réunit les entreprises et les étudiants candidats à un emploi bien au-delà de l’Insa.

A cette activité de rapprochement et de contact avec les entreprises il faut bien sûr rajouter les stages professionnels, ou encore le projet de fin d’études qui s’élabore souvent avec une entreprise.

Enfin, le “projet personnel de formation”, mené tout au long des cinq ans d’études, a pour objectif de permettre à l’étudiant de construire un projet professionnel réaliste.

Comment évolue la demande des entreprises par rapport au profil des étudiants ?

Nous constatons que les entreprises, en particulier les grandes entreprises regroupées dans notre Fondation, demandent de plus en plus souvent des profils, des parcours et des compétences spécifiques. Elles se disent satisfaites de la formation commune, mais souhaitent que nous les aidions à identifier le “petit plus” qui démarquera un diplômé de ses camarades.

Elles n’hésitent plus, pour cela, à intervenir le plus en amont possible dans la formation pour suggérer aux étudiants de choisir telle ou telle orientation, telle ou telle expérience - une formation à l’étranger, une participation à une activité associative - qui correspondent à leurs besoins de recrutement à moyen/long terme.

Cela est même allé jusqu’à la suggestion de créer un “contrat de professionnalisation” en “lean-manufacturing” [organisation de la production “au plus juste” afin d’économiser temps et matériaux]. Nous en sommes à la troisième promotion cette année.

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11 octobre 2010

Chaque mois, le blog “Emploi et Entreprise” rencontre un responsable de service emploi-carrière d’une école ou d’une université.

- L’ESCP Europe a été classé pour la première fois par le Financial Times à la première place des “business schools” européennes (voir “ESCP Europe, HEC, Grenoble School of Business et Skema à l’honneur“, 21 septembre 2010). Quelles ont été les répercussions de ce classement pour les offres d’emplois faites aux diplômés de l’ESCP-Europe ?

- Il est un peu tôt pour le dire, mais il s’agit plus d’une confirmation que d’une nouveauté fondamentale. Pour les recruteurs français, l’ESCP-Europe fait depuis longtemps partie des formations d’excellence, certains nous ont simplement adressé des félicitations. La bonne place des écoles françaises en général dans ce classement est en tout cas une très bonne chose, cela améliore leur image à l’étranger. C’est de ce point de vue que notre 1ère place devrait avoir un impact, en particulier auprès des étudiants étrangers, mais aussi aux yeux des recruteurs des entreprises internationales.

- Comment est organisée l’aide à la recherche d’emploi pour les diplômés de l’ESCP-Europe ?

Je suis à la tête de la “direction des relations entreprises” depuis 2001, et j’exerçais auparavant, depuis 1997, des responsabilités dans le domaine de la formation continue à l’école. La direction a en charge d’une part les partenariats de tous ordres avec les entreprises, d’autre part le placement des élèves en stages et en premier emploi. C’est en revanche l’Association des anciens élèves qui aide les diplômés et reçoit les offres d’emploi. Mais les choses sont assez perméables, nous recommandons aux étudiants de se rapprocher de l’Association, et les offres circulent facilement. Outre les forums annuels de recrutement, par secteur ou métier, nous organisons pour les entreprises qui le souhaitent des “sessions de recrutement” pour un premier emploi. Nous organisons, comme d’ailleurs l’Association, des ateliers de préparation à la recherche d’emploi.

- Quelles ont été les conséquences de la crise sur le placement de vos diplômés ?

C’est la promotion 2008 qui a été la plus touchée, mais la situation est meilleure pour les diplômés 2009. En mars 2009, le taux de diplômés en recherche d’emploi trois mois après l’obtention du diplôme (nos élèves sont diplômés en décembre chaque année) était de 6,94%, contre 3 à 4% pour les promotions d’avant la crise. Mais pour la promotion 2009 (enquêtée en mars 2010), ce taux était retombé à 5,63%. Le taux d’embauche avant la fin de la formation, qui était de 72% pour la promo 2008, est aussi remonté à 80% pour la promo 2009. Le salaire moyen brut annuel, tous pays confondus, qui était de 44360 euros en mars 2009, soit du même niveau que l’année précédente, est remonté à 46 520 euros en mars 2010.

Le recrutement a repris dans les banques et les cabinets d’audit-conseil : nos forums commencent cette semaine avec la banque d’investissement le 12 octobre, les carrières juridiques et fiscales le 13, et les entreprises y seront aussi nombreuses qu’avant la crise. Alors que, durant la crise de 2000 à 2003, nombre d’entreprises avaient annulé leur participation à nos forums, elles n’ont pas commis la même erreur cette fois-ci: elles ont maintenu leur présence pour rester en contact avec le vivier d’étudiants dont elles auront besoin au moment de la reprise.

Les banques anglo-saxonnes, en particulier, sont toujours là à proposer leurs “summer internship”, c’est-à-dire un stage d’été de 12 semaines, le plus souvent à Londres, intercalé entre la 2ème et la 3ème année, qui peut déboucher sur une promesse d’embauche à l’obtention du diplôme. Toute la procédure de candidature s’effectue de façon centralisée à l’échelle de la planète, sur une période bien déterminée, les premiers arrivés étant les premiers servis !

- Comment avez-vous adopté votre offre de services aux étudiants à la situation de crise ?

- La durée de la recherche d’emploi a été allongée pour la promotion 2008 parce que nombre d’entre eux ont dû renoncer à l’emploi qu’ils visaient à leur sortie de l’école, dans la finance par exemple. Ils ont cherché ailleurs - dans les directions financières d’entreprise, dans d’autres spécialités - et ont trouvé, mais cette reconversion prend du temps. Aussi avons-nous créé un cycle de conférences que nous avions appelé “En prise avec la crise”, pour informer nos étudiants de la diversité des métiers auxquels mène l’option finance.

D’ailleurs, le nombre de participants à cette filière n’a pas diminué l’année suivante: les étudiants connaissent la variété des débouchés qu’elle offre, il n’y a pas que les salles de marché ! Moyennant ces réorientations, la répartition de nos diplômés entre les différents secteurs d’activité a finalement peu varié: un tiers dans la banque et la finance, un quart dans le conseil, un dixième dans l’audit. C’est toujours notre forum banque finance qui attire le plus d’étudiants.

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01 septembre 2010

Chaque mois, le blog “Emploi et Entreprise” rencontre un responsable de service emploi-carrière d’une école ou d’une université.

Comment est organisée l’aide à la recherche d’emplois pour les diplômés et les anciens de l’Ecole centrale de Paris ?

Christian Gury: L’Ecole suit les étudiants jusqu’à l’obtention de leur diplôme, y compris en les aidant à rechercher un stage.

Les élèves de troisième année organisent eux-mêmes le forum annuel de recrutement au sein de l’Ecole. Mais dès qu’un Centralien est diplômé et jusqu’à sa retraite, c’est l’association des anciens élèves qui leur apporte soutien, conseil et aide à la recherche d’emploi ou à la gestion de leur carrière.

Diplômé de la promotion 1978, je suis depuis 2007 “responsable carrières” à l’Association des Centraliens, avec l’aide d’une assistante et de bénévoles de l’Association. Je conseille chaque année de 300 à 400 anciens, en entretien individuel ou par téléphone, et j’assure une permanence à l’Ecole.

Comment a évolué votre activité pendant ces trois années marquées par la crise ?

Jusqu’en septembre 2008, je ne recevais quasiment que des Centraliens en quête de mobilité, cherchant à évoluer dans leur carrière.

Le changement a été complet à partir de novembre 2008, et jusqu’à avril 2010. Le nombre de demandeurs d’emploi a bondi de 60% jusqu’en septembre 2009 - il s’agit cependant d’effectifs très réduits, je suis aujourd’hui la situation de 250 personnes sur… 14 000 anciens élèves -, avant de se stabiliser par la suite. Ce nombre n’a commencé à régresser qu’en avril 2010, d’environ 15%.

Vous n’avez donc toujours pas retrouvé la situation antérieure à la crise ?

Certes, mais la tendance s’est brusquement inversée à cette date: toutes les semaines depuis avril, j’entends des personnes qui cherchaient un emploi depuis fort longtemps me dire qu’ils ont enfin retrouvé un bon poste. Et je reçois à nouveau des anciens en quête de conseils pour évoluer. Cela dit, je ne peux pas savoir si cette tendance va se poursuivre en septembre, il est trop tôt pour le dire.

Est-ce que ce sont les jeunes cadres du secteur financier qui ont été le plus touchés par la crise ?

Pas vraiment, car le nombre de Centraliens travaillant dans l’activité financière est assez faible.

J’ai bien vu débarqué quelques jeunes revenus de la City de Londres, mais le secteur automobile, par exemple, a connu une crise beaucoup plus grave. En fait, ceux qui ont eu le plus de difficulté ont été, paradoxalement, des ingénieurs de haut niveau de 45 ans, occupant des postes de direction générale et de direction d’unités, qui perdaient leurs postes à l’occasion de restructurations, de fusions, de rachats d’entreprises provoquant la suppression d’unités, ou de doublons fonctionnels.

Ce type d’événements étaient fréquents avant la crise, mais les cadres supérieurs retrouvaient généralement un poste dans la nouvelle organisation. La crise a changé cela : eux aussi ont commencé à être licenciés. Et retrouver un emploi à ce niveau de salaire et de responsabilité était extrêmement difficile au moment le plus fort de la crise.

Les jeunes diplômés ont-ils été épargnés ?

Ceux qui sont sortis en décembre 2008 (les diplômes de l’Ecole centrale de Paris sont délivrés en décembre) ont été cueillis à froid par la crise. Ils avaient commencé tranquillement leurs stages, mais en janvier, les entreprises leur ont annoncé que ceux-ci, contrairement aux habitudes, ne seraient pas suivis d’embauche.

Il leur a donc fallu changer très vite leur fusil d’épaule, mais tous ont trouvé un emploi: simplement, quand ils recevaient trois propositions en 2008, il n’y en avait plus qu’une en 2009. Les diplômés de décembre 2009, eux, n’ont pas été surpris et se sont organisés en conséquence pour décrocher des emplois sans trop de difficultés : ceux des filières financières, par exemple, se sont dirigés vers des postes de direction financière d’entreprises, etc.

Qu’avez-vous pu faire pour aider les Centraliens à affonter ces situations inédites ?

Traditionnellement, notre tâche principale était de collecter les offres et de les redistribuer aux anciens en recherche d’emploi et de mobilité. Mais le nombre d’offres a diminué de 30% à 40% pendant la période la plus difficile. Nous avons alors développé un service qui existait déjà, mais que nous avons professionnalisé: les anciens élèves peuvent remplir une sorte de mini-CV, ou “profil”, relatant en huit lignes leurs compétences, mais sous le sceau de l’anonymat, que nous diffusons ensuite auprès des entreprises et des cabinets de recrutement.

L’anonymat, indispensable pour les personnes en poste, n’est levé que si un recruteur manifeste son intérêt pour un profil donné. Les profils sont remis à jour toutes les six semaines. Cet outil a aidé un grand nombre de Centraliens à surmonter leurs difficultés. Par ailleurs, alors que nous ne faisions jusqu’ici que des ateliers de techniques de recherche d’emploi, nous avons organisé à l’attention des anciens en poste des conférences sur la prévention des risques de carrière, afin de les préparer à affronter ce type de situation.

Enfin, dans le même but, j’ai rédigé un petit livre intitulé Cinq clés pour rebondir et piloter sa carrière (éditions A2C Medias), publié en octobre 2009 !

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