Forum Convergences 2015: ci-dessus, première table ronde, le mardi 3 mai, avec, de gauche à droite, Nicolas Hazard (président du Comptoir de l’innovation et directeur de cabinet du groupe SOS), Anne Rodier (Le Monde, modérateur), Hugues Sibille (vice-président du Crédit coopératif, président de l’AVISE) et François-Xavier Hay (directeur des partenariats à la Macif).
La Mairie de Paris a accueilli du 3 au 5 mai la 4e édition du Forum Convergences 2015, dont Le Monde était le partenaire pour la troisième année. « Le Monde Economie » a d’ailleurs publié à cette occasion un numéro spécial, le 2 mai, distribué à tous les visiteurs.
Ce forum reçu la visite de plus de 3400 participants des secteurs public, privé et de la société civile pour une économie mondiale sociale et solidaire.
Le partenariat avec Le Monde s’est traduit, dès la première journée, le 3 mai, par une table ronde dont la médiatrice était Anne Rodier, journaliste au “Monde Economie”.
Cette table ronde avait pour tache de répondre à la question suivante: “Une bonne structure de gouvernance est-elle la clé de réussite de l’économie et de l’entrepreneuriat social ?”
Nicolas Hazard, directeur de cabinet du Groupe SOS, un groupement d’associations et d’entreprises à finalité sociale ; François-Xavier directeur des partenariats politiques de la Macif et Hugues Sibille vice-président du Crédit coopératif, trois leaders de l’économie et de l’entreprenariat social, ont ainsi débattu de l’impact de la gouvernance des organisations sur la réalisation des objectifs.
“Entreprises sociales, associations, coopératives ou fondations, mutuelles, les organisations sociales n’ont pas toutes le même statut mais participent toutes d’une même volonté politique de démocratisation de l’économie, explique Anne Rodier. Quand on entreprend, c’est sur une idée, avec un objectif, dont témoignent les statuts qui définissent également, sur le papier, le partage des pouvoirs.
Lorsque le réinvestissement des bénéfices dans l’activité économique est garanti par les statuts, la finalité sociale d’une activité semble mieux assurée. Mais les statuts ne déterminent pas tout de la finalité sociale ou sociétale des organisations. L’essentiel est le « comment » on met en œuvre la répartition du pouvoir pour que l’objectif social qu’est l’objectif de partage entre dans les faits, qu’on soit dans une entreprise, une mutuelle, une coopérative, une fondation ou une association.
C’est pourquoi, rapporte Anne Rodier pour résumer le contenu de la table ronde, l’idée d’un statut unique d’entreprise sociale est rejetée par une majorité des acteurs, qui reconnaissent toutefois la nécessité d’améliorer la visibilité de cette part de l’économie. L’idée d’un label en séduit certains… mais fait toujours polémique.”
Le mercredi 4 mai, les prix Convergences 2015 ont été décernés par Antoine Reverchon (Le Monde), Seybah Dagoma et Pierre Schapira (adjoints au maire de Paris). Parmi les intervenants (ci-dessus, de gauche à droite): Antoine Reverchon, Anne Houtman (chef de la représentation en France de la Commission européenne, qui soutenait les prix), Seybah Dagoma et Pierre Schapira.
La fondation Crésus, dirigée par Jean-Louis Kiehl, a remporté le prix Convergences 2015 “France”.
Ci-dessus, photo de groupe qui réunit les nominés et les gagnants des prix Convergences 2015.
L’association Pesinet, dirigée par Anne Roos-Weil a remporté pour sa part le prix Convergences 2015 “International”.
A cette occasion, les acteurs de la microfinance française ont lancé « l’Appel de Paris pour une microfinance responsable », pour dresser les contours d’un Consensus de Paris qui viendrait répondre au Consensus de Washington pour une économie mondiale plus sociale et solidaire. Ils invitent l’ensemble des acteurs économiques, organisations et particuliers sensibles au rôle positif de la microfinance à signer l’Appel de Paris sur www.appeldeparis.org.
Par ailleurs, le Crédit Coopératif a annoncé le lancement d’une contribution volontaire sur ses transactions de change au profit de l’aide au développement.
Pierre Schapira, adjoint chargé des relations internationales, des affaires européennes et de la francophonie a annoncé qu’il proposera au Conseil de Paris de subventionner un projet pilote qui permettra aux personnes atteintes du Sida «d’accéder à une activité génératrice de revenus grâce au micro-crédit, afin de lutter contre les discriminations dont elles font l’objet notamment face à l’emploi».
Seybah Dagoma, adjointe chargée de l’économie sociale et solidaire, a appelé de ses voeux un changement d’échelle et une modification profonde de nos comportements. Ce qui suppose une prise de risque. Selon elle, ce risque « c’est faire le pari de la Convergence » entre les pouvoirs publics, les entreprises et les structures de l’économie sociale et solidaire.
Lors de la dernière journée, le jeudi 5 mai, trois grands débats “Le Monde” étaient organisés.
Le premier, intitulé “Responsable pour le futur. Repenser le capitalisme”, réunissait sous les ors de l’hôtel de ville (de gauche à droite sur les photos ci-dessus et ci-dessous): Augustin de Romanet (directeur général de la CDC), Francisco “Chico” Whitaker Ferreira (co-fondateur du Forum social mondial), Erik Israelewicz (directeur du Monde, modérateur), Michel Pébereau (président de BNP Paribas) et Antoine Frérot (PDG de Veolia Environnement).
Le second “grand débat Le Monde” sur “L’économie sociale est-elle au coeur ou à la marge de l’économie de marché”, voyait intervenir (de gauche à droite, photo ci-dessous) Gérard Andreck (président du groupe Macif), Cécile Renouard (chercheur, ESSEC IRENE), Antoine Reverchon (responsable du “Monde Economie”, médiateur), Susan George (présidente d’honneur d’Attac-France) et Martin Hirsch (président de l’Agence du service civique).
Antoine Reverchon explique que la question posée aux intervenants de cette seconde table ronde «s’est élargie à une interrogation plus générale : l’économie sociale et solidaire (ESS) peut-elle changer le système ? Gérard Andreck, président du groupe Macif et du Groupement des entreprises mutuelles d’assurance (Gema) a remarqué que si l’ensemble de l’ESS peut compter sur la solidarité du secteur financier coopératif et mutualiste, l’objectif social de ce dernier n’était pas garanti par son seul statut : c’est la pratique qui fait foi.
Cécile Renouard, chercheuse à l’Essec et observatrice impartiale des pratiques de « responsabilité sociale et environnementale » des multinationales en Afrique ou en Asie, a montré l’ambiguïté de ces pratiques, qui peuvent être bénéfiques à court terme pour les populations proches (et pour la communication de l’entreprise), mais restent marginales par rapport aux logiques dominantes de l’entreprise.
Martin Hirsch, ancien président d’Emmaus et ancien Haut Commissaire aux solidarités actives, a souligné le risque de voir l’Etat impécunieux se retirer pour laisser la place à la fonction « réparatrice » de l’ESS, alors même que les objectifs de réduction des inégalités doivent être poursuivis par la collectivité publique, et non par l’activisme ou la charité de quelques-uns.
Pour Susan George, présidente d’honneur d’Attac, les initiatives solidaires resteront toujours marginales face à la domination de l’idéologie ultra-libérale et du « tout-marché » sur le monde politique et économique. Seule l’alliance des segments de la société porteurs de ces initiatives permettrait d’élaborer et de faire triompher un projet politique porteur d’un système économique alternatif.»
Le troisième “Grand débat Le Monde” posait la question “Où commence la fin de la pauvreté?”.
Hernando de Soto, président de l’Institut pour la liberté et la démocratie, était chargé de tenter d’y répondre, avec Serge Marti (président de l’Association des journalistes économiques et financiers et ancien patron du “Monde Economie”, médiateur) (photos ci-dessus et ci-dessous, de gauche à droite).
D’autres tables rondes étaient organisées, comme celle intitulée “Poursuivre les Objectifs du millénaires pour le développement (OMD) au-delà de 2015″.
Animaient cette dernière (ci-dessus, de gauche à droite) Cécile Molinier (directrice du bureau de liaison de Genève au PNUD), Georges Serre (directeur adjoint à la direction de la mondialisation au ministère des affaires étrangères et européennes, médiateur), Lionel Zinsou (président de PAI Partners) et Serge Michailof (professeur à l’Institut d’Etudes politiques de Paris).
Ci-dessus, Lionel Zinsou (PAI Partners), à la rencontre du public, à l’issue de la table ronde à laquelle il participait.
Ci-dessus, Anne Hidalgo, première adjointe au maire de Paris, prononce le discours de clôture du forum Convergences 2015. Puis, de droite à gauche: François de Witt (président de Finansol), Jean-Louis Vielajus (président de la coordination SUD), Olivier Guersent (chef de cabinet de Michel Barnier, Commission européenne), Claude Alphandéry (président d’honneur de France Active), Frédéric Roussel (cofondateur d’ACTED), Jean-Marc Borello (délégué général du groupe SOS) et Jean-Luc Perron (délégué général de la Grameen Credit agricole Foundation).
La séance de clôture permettait à Frédéric Roussel, président d’Acted, selon Adrien de Tricornot, de constater que le forum, Convergences 2015 avait initié un « Consensus de Paris », une alternative à celui forgé à Washington dans les années 1980 : rigueur budgétaire, réformes structurelles et privatisations.
Après avoir connu une décennie de croissance historique, la planète atterrit dans une crise également d’une ampleur exceptionnelle. « 10% de précaires au dans les pays du nord, 80% de pauvres au sud, à la fin c’est la même histoire », soulignait M. Roussel. « A quel niveau de précaire va-t-on arriver dans le Nord : 20%, 30%, compte-tenu de la crise de l’endettement public ? » qui limitera les marges de manœuvre à l’avenir, s’interrogeait-il.
Au Sud, malgré les 300 millions de personnes sorties au total de la pauvreté sur la décennie, principalement par l’essor de la Chine, « nous sortons de l’illusion lyrique des chiffres », précisait-il, prenant en exemple l’ex « bon élève » qu’était la Tunisie aux yeux des institutions internationales ou des Etats occidentaux… avant de basculer dans une révolte démocratique et sociale. « On s’est réjouit de l’accélération de la croissance, qui veut dire que la machine tourne de plus en plus vite, mais la machine est une centrifugeuse : plus elle tourne et plus la richesse est redistribuée vers son centre », donc vers quelques-uns et vers le capital. Un nouvel élan de solidarité pour faire tomber les murs de la pauvreté et des inégalités est donc nécessaire, estimait-il, dans une analyse poursuivie par Adrien de Tricornot, Frédéric Roussel faisant référence à l’impact du syndicat polonais Solidarnosc sur la chute du Mur de Berlin et du bloc soviétique.
Ci-dessus, Adrien de Tricornot en grande conversation avec Serge Michailof et Serge Marti.
Anne Hidalgo, première adjointe, a conclu les trois jours de débats en se félicitant de cette mobilisation citoyenne et responsable des acteurs des secteurs public, privé et de la société civile en faveur d’une économie au service de l’humain.
Elle a salué le pari audacieux de Convergences 2015 en faveur du Consensus de Paris, qui s’invite aux débats organisés dans le cadre du G20 (ci-contre, Claude Alphandéry et Anne Hidalgo).