16 novembre 2010

«Les seniors ont beaucoup de difficultés à se repositionner sur le marché du travail», le constat est amer, mais le moral est toujours présent dans les locaux de la CDM-E (Cadres de direction multi-employeurs), une association de seniors, que le statut de cadre et le passé dans de grandes entreprises n’ont pas mis à l’abri du chômage.

Les membres de l’association sont le plus souvent diplômés de grandes écoles et ont, pour certains, travaillé dans de grands groupes français et internationaux, dans plusieurs entreprises du CAC 40, comme Alcatel, Pernod Ricard ou Schneider Electric.

Ils viennent de tous les bords et relèvent de diverses compétences : ressources humaines, administration, finance, communication, marketing, informatique…

Pourtant, ils ont été en majorité poussés dehors par leurs employeurs, « même si certains ont fait un choix de vie pour consacrer du temps à leurs proches ou à leurs passions (peinture, théâtre…) », explique Pierre-Yves Fils, le président de l’association.

DES COMPETENCES QUELQUES HEURES PAR SEMAINE

Située à Paris, dans le 15e arrondissement, l’association réunit tous les vendredis après-midi ces anciens cadres en recherche d’emplois, âgés de 45 à 60 ans, pour organiser leur projet de travail en temps partagé. Ce projet consiste à proposer aux PME des compétences qu’elles n’imaginent pas pouvoir s’offrir en embauchant un senior quelques heures par semaine.

La solution est peu coûteuse pour les employeurs et rémunératrice pour le senior qui a ainsi la possibilité de cumuler plusieurs emplois dans différentes entreprises. Des missions temporaires mais aussi des contrats à durée déterminée, indéterminée et de portage salarial leur sont proposés.

Ces seniors doivent consentir des baisses importantes de salaire par rapport à leur précédent travail, « en moyenne 20% », explique le président de la CDM-E, une des structures fondatrice de la fédération nationale du travail en temps partagé: la FNATTP crée en 1993 compte aujourd’hui 26 associations dans 60 départements en France.

Pour Pierre-Yves Fils, « le travail en temps partagé peut être une des solutions au faible taux d’emploi des seniors. Les entreprises en période de crise ont besoin de maîtriser leurs finances et voient parfois d’un bon œil le travail en temps partagé, cela ne leur coûte pas aussi cher qu’un plein temps et elles bénéficient d’un regard extérieur et d’expérience. C’est aussi un moyen d’accompagner progressivement nos adhérents vers la retraite, explique-t-il. Sur une centaine de membres, en moyenne 40% trouvent un travail à temps partagé tous les six mois. »

Pour décrocher des offres de postes, les membres mettent leurs compétences au service du collectif.

Répartis géographiquement en binômes sur l’île de France, ils démarchent les mairies, les responsables économiques des pouvoirs publics, écument les salons et s’introduisent dans des pépinières d’entreprises pour se vendre.

Dès qu’une PME propose un poste en temps partiel, les adhérents en sont informés par l’intranet géré par des spécialistes en informatique. Ceux qui sont intéressés par l’offre envoient ensuite leur dossier pour candidater.

Il reste que la nostalgie des grands groupes hante toujours les murs de l’association. «Je viens de recevoir un SMS pour un entretien avec EADS, c’est encore possible !», se réjouit Christian qui y croit encore devant ses collègues. Son cas paraît bien isolé, « mais nous voulons montrer que le cliché du senior « has been » et peu dynamique est erroné », revendiquent-ils tous en cœur.

Les employeurs peuvent prendre acte, ces seniors-là ne sont pas encore à la retraite.

Mathias Thépot

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Commentaires

  1. […] Ces cadres qui refusent le cliché du senior « has been » - Emploi et Entreprises - Blog LeMonde.fr lemonde-emploi.blog.lemonde.fr/2010/11/16/ces-cad…sent-le-cliche-du-senior-%C2%AB-has-been-%C2%BB/ – view page – cached Management et responsabilité sociale - Le blog de la rédaction du Monde Tweets about this link […]

  2. La Connerie Du Lundi publiait il y a quelques semaines de cela un billet un peu moins flatteur sur les seniors, une fois sortis du bureau : “le complot du pigeon” sur www.laconneriedulundi.com !

  3. J’approche de 45 ans et toute cette hypocrisie m’angoisse, encore plus que la galère à peu près inéluctable qui me pend au nez. Vous savez, nous sommes adultes et avec moins d’illusions que les débutants, ce n’est pas la peine de prendre ce ton enthousiaste pour des petits boulots mal payés. Les seniors sont trop chers et pas assez productifs. Ce qui est terrible dans la situation actuelle, c’est le niveaux des faux-semblants qui ne trompent personne.


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