Archives de mars, 2011

31 mars 2011

Nous vous proposons ici, en exclusivité, la version “longue” du “cadrage” du dossier “Jeunes diplômés: quand la précarité devient la norme”, par Anne Rodier, dont la version éditée se trouve en pages 33-34 du dernier “Monde Campus“.

« Précarité », état de ce qui est précaire, du latin precarius -«obtenu par la prière»-, c’est une caractéristique du marché du travail que les jeunes diplômés commencent à connaître.

L’enchaînement des stages, des contrats à durée déterminée, du chômage puis à nouveau des CDD ne les épargne plus. Alexandra Helle, 29 ans, accumule les stages et les contrats à durée déterminée.

Malgré son doctorat en sciences juridiques elle n’a toujours pas stabilisé sa situation trois ans après l’obtention de son diplôme. « Quand je suis sortie de thèse en 2008, j’ai cherché un poste de maître de conférences, mais il n’y avait rien. J’ai alors décidé d’opter pour le privé et suis retournée sur les bancs de l’école faire un master en école de commerce, car les entreprises privées demandent souvent une double qualification. » (more…)

30 mars 2011

 

« Le Monde Campus » est un supplément au « Monde » qui paraît deux fois par an.

Gratuit, il est distribué dans les grandes écoles, dans les campus universitaires et lors des manifestations et salons auxquels « Le Monde » participe.

Il s’adresse aux étudiants, aux jeunes diplômés à la recherche d’un premier emploi et aux entreprises qui recrutent.

Il est possible de le consulter à partir de ce blog, en cliquant sur sa couverture (colonne de droite).

Campus” daté du 29 mars propose deux importants dossiers.

Le premier, consacré à “la nouvelle carte de l’excellence universitaire” fait le point sur les 17 projets dans la course aux dotations. “Chaque initiative d’excellence retenue, rappelle Philippe Jacqué, après appel d’offres, regroupera des laboratoires de recherche, de grands équipements, des instituts de recherches technologiques ou des instituts hospitalo-universitaires” qui se partageront les 7,7 milliards d’euros promis à 5 ou 10 d’entre eux.

Plusieurs articles complètent ce premier dossier: Les facultés et les écoles d’Aquitaine se mettent en ménage (par Claudia Courtois); En Allemagne, l’égalité entre universités a disparu (Marie-Elisabeth Bonte); Les écoles d’ingénieurs accusées de “crispation identitaire” (Benoît Floc’h); Entretien avec Enora Pruvot, chargée de projet au sein de l’Association européenne des universités: la diversification des ressources permet de limiter les risques” (propos recueillis par Philippe Jacqué).

Le second dossier concerne d’abord les jeunes diplômés, confrontés à la précarité qui “devient la norme”. Au fil des onze pages du dossier, les thèmes suivants sont abordés: Stages: les limites de la législation (par Nathalie Quéruel); Recruter, un jeu d’enfant (Sébastien Dumoulin); CDD, intérim: bienvenue dans la jungle du monde du travail (Sarah Belouezzane); Les nombreuses vies des thésards (Julien Dupont); Attention aux faux CV (Baptiste Bablée); Entretien avec Ophélie Latil, porte-parole du collectif Génération précaire: “le meilleur conseil à donner est de ne pas se brader” (propos recueillis par Sébastien Dumoulin).

« Le Monde Campus » propose aussi un certain nombres de sujets qui relèvent des thématiques formation, recrutement, carrière:

- Médecine: aux bons soins des prépas cathos (par Sarah Belouezzane).

- Mission humanitaire en Inde pour futurs cadres en recherche de valeurs (Benoît Floc’h).

- Ma petite entreprise à la fac (Sébastien Dumoulin).

- En Californie, l’université en voie de privatisation (Claudine Mulard).

- Les écoles de journalisme rejoignent l’Université (Baptiste Bablée).

- Facebook peut nuire gravement au travail (Audrey Garric).

- Entretien avec Vincent Fauchoux et Laurent Carrié, avocats au barreau de Paris: “les gens n’ont pas conscience que les règles de droit s’appliquent aussi sur Internet et sur les réseaux sociaux” (propos recueillis par Audrey Garric).

- Les “community managers”, gardiens de la “e-réputation” (Catherine Pétillon).

- Au travail 24 heures sur 24, grâce à Internet et au mobile (Nthalie Quéruel).

- Une journée sans e-mail chez Canon France (Nathalie Quéruel).

- L’intelligence économique fait une entrée timide en France (François Giolat).

- Entretien avec Bertrand Monnet, directeur scientifique de la chaire Management des risques criminels à l’Edhec: “les attaques contre l’entreprise vont du vol à l’attentat” (propos recueillis par François Giolat).

- Un premier boulot hors des frontières hexagonales (Julien Dupont).

- Entretien avec Jean-Luc Cerdin, professeur en management à l’Essec Business School:”il faut expliquer aux recruteurs les compétences acquises à l’étranger” (propos recueillis par Julien Dupont).

- Juriste d’entreprise, un métier stratégique (Catherine Pétillon).

- Crowdfunding: ces start-up financées par les internautes (Catherine Pétillon).

Formation professionnelle: les entreprises françaises à la traîne

La formation professionnelle est de plus en plus considérée comme la meilleure assurance contre le risque de chômage pour les salariés, et contre le risque d’obsolescence de leur offre de produits ou services pour les entreprises.

C’est pourquoi elle est l’objet de politiques publiques de soutien dans toute l’Europe, comme le montre encore la priorité donnée à l’alternance par le gouvernement français. Mais encore faut-il que les entreprises jouent le jeu.

Or, l’enquête “Formation en Europe”, publiée le 30 mars par la Cegos, un des leaders du marché de la formation professionnelle, montre que les entreprises françaises sont - selon leurs propres salariés - moins impliquées dans les politiques de formation que leurs homologues européennes (l’enquête a été réalisée en janvier et février 2011 auprès de 2542 salariés en Allemagne, Espagne, France, Italie et au Royaume-Uni).

Si les salariés français disent avoir suivi en moyenne 10 heures de formation sur l’année écoulée, contre 6 pour les salariés britanniques, 7 pour les allemands, 9 heures pour les italiens et 13 pour les espagnols, seulement 74% estiment que cette formation “va contribuer à leur évolution professionnelle”, contre 83% en moyenne européenne (c’est le plus faible score).

MANAGERS PEU IMPLIQUES

60% disent avoir bénéficié de l’accompagnement d’un manager pour “mettre en oeuvre les acquis de la formation”, contre 73% en Allemagne, 75% en Espagne, 78% en Italie et 88% au Royaume-Uni. 25% estiment que ce manager a été “très impliqué” dans “le choix des actions de formation” (contre 31% en moyenne européenne), et 21% dans “le bilan au retour de l’action de formation” (contre 27% en moyenne).

Concernant les différentes modalités de formation, les salariés français qui en ont bénéficié sont ceux qui accèdent le moins à des formations en ligne (24%, contre 36% en Allemagne, 51% en Italie, 53% en Grande-Bretagne et 54% en Espagne) et au tutorat (28%, contre 35% en Espagne, 48% en Grande-Bretagne, 49% en Italie et 57% en Allemagne), mais le plus à des formations classiques en salle (96%).

31% des salariés qui n’ont pas bénéficié de formation dans l’année écoulée disent ignorer pourquoi, contre 24% en moyenne européenne.

Il est vrai que les salariés français sont aussi ceux qui sont le moins enclins à se former “hors du temps de travail” (69% de ceux qui ont bénéficié d’une formation, 57% de ceux qui n’en ont pas bénéficié, contre respectivement 79% et 63% en moyenne européenne), et 45% des bénéficiaires (contre 61% en moyenne) et 19% des non-bénéficiaires (contre 31% en moyenne) seraient prêts à financer une formation qu’ils auraient choisi de suivre.

JUGEMENT MITIGE

Le jugement global des salariés européens sur l’engagement de leurs entreprises en matière de formation reste de toutes façons mitigé.

Une petite moitié (46%) considère que leur entreprise met en place les moyens d’”identifier correctement les compétences dont elle a besoin”, et ils sont encore moins nombreux à estimer qu’elle le fait pour “vous aider à comprendre l’évolution des métiers de l’entreprise” (41%), pour “bien définir vos besoins et vous permettre d’exprimer vos attentes en matière de formation” (37%), pour “bâtir et sécuriser votre parcours professionnel” (35%), pour “vous informer sur les offres de formation que vous pourriez suivre” (33%).

Il y a encore du chemin à faire pour que la “formation tout au long de la vie” devienne plus qu’un slogan.

29 mars 2011

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Petit bouquin divertissant, Mots et maux du management, de Christophe Chaptal de Chanteloup, se présente, ainsi que l’indique son sous-titre, comme un «dictionnaire des principaux termes, anglicismes et contresens utilisés dans le monde de l’entreprise».

Ce qui permet à l’auteur toutes les fantaisies, «de façon totalement arbitraire et non exhaustive» en y apportant «mauvaise foi» ou «aberration parfaitement assumée» non sans une dose d’un réjouissant cynisme… et une certaine clairvoyance.

Florilège.

Actionnariat. Rassemblement hétéroclite de porteurs, dont le tour de taille est proportionnel au nombre d’actions détenues : un gros porteur suggère la surcharge pondérale, tandis que le petit porteur est un être malingre, qui pèse nettement moins lourd sur la balance des décisions.

Développement durable. (…) Le terme « durable » provient du vieux français « du râble ».
La croissance du râble est donc l’allongement de la partie allant du bas des côtes à la queue du mammifère quadrupède de l’ordre des lagomorphes, dont le lapin est le digne représentant.
Par conséquent, le développement durable ne concerne pas les humains.

Manager de talent. Homme dont la détermination et la force de conviction sont appréciées par ses supérieurs, beaucoup moins par ses subordonnés (…). Le manager de talent considère en général que l’échec est collectif (son équipe), mais que le succès est individuel (lui).

Senior. Ce terme permet de désigner deux types d’individus :
- Ceux dont l’expérience et la maturité les confortent dans un professionnalisme reconnu.
- Ceux dont l’âge avancé et la rémunération hors de propos les placent dans une zone à haut risque, antichambre du départ, de laquelle ils ne sortiront que pour plonger dans une mortelle période de lugubre inactivité (…).

Mots et maux du management. Dictionnaire des principaux termes, anglicismes et contresens utilisés dans le monde de l’entreprise, de Christophe Chaptal de Chanteloup. Vuibert, 128 pages, 12 euros.

Les services publics entre réforme et déclin, dans « Le Monde Economie »

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Fermeture de classes d’écoles, de services hospitaliers, de bureaux de poste… Certains territoires s’estiment victimes d’une logique financière dont sont victimes les services publics.

Pour ne rien arranger, la notion de « prestation de service » à un usager devenu un « client » remplace progressivement la prise en comte de l’intérêt général…

Bref, rien ne va plus : « ce qui est présenté comme une amélioration du service public se traduit par un service dégradé, plus complexe et moins accessible », signale Jean-Paul Delevoye, le médiateur de la République, dans un rapport du 21 mars.

Conséquence : « les personnels de la fonction publique sont confrontés à des réactions d’incompréhension, voire à des violences physiques de la part d’usagers en colère », explique Anne Rodier dans le dossier publié par « Le Monde Economie » du 29 mars consacré à la perte de crédit de l’administration.

Les efforts de l’Etat pour simplifier l’accès des usagers aux services publics sont réels, analyse Anne Rodier, mais pas toujours efficaces. Des usagers qui aimeraient bien être « réellement associés aux réformes ». Faute de concertation, les efforts de l’Etat risquent bien de rester vains.

A lire sur ce sujet dans « Le Monde Economie » dans l’édition Abonnés du Monde.fr ou dans “Le Monde” daté mardi 29 mars :

- Les services publics entre réforme et déclin , par Anne Rodier.

- Seuls 13% des cadres fonctionnaires disent avoir été consultés sur les réformes, par Michel Delberghe.

- Entretien avec Luc Rouban, directeur de recherches au CNRS : « la fonction publique ne se réforme pas comme une entreprise privée », propos recueillis par Anne Rodier.

- Questions-réponses : les objectifs de la « charte Marianne » et la Révision générale des politiques publiques (RGPP).

- A Thionville, des habitants se mobilisent contre les fermetures de classes, par Nicolas Bastuck.

A lire aussi sur ce sujet, sur Lemonde.fr :

- Dans la Creuse, la réduction des effectifs publics fait craindre un «effet domino» sur l’emploi , par Georges Châtain et Hélène Pommier.

« Le Monde Economie » propose ses rendez-vous traditionnels :

- « Le triomphe du mercantilisme », par Pierre-Cyrille Hautcoeur.

- La chronique de Martin Wolf : « L’empire du juste Milieu » .

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- Livre : « Capitalisme, un dieu sans Bible. Idées reçue sur le modèle économique dominant » , par Jean-Michel Saussois. Editions Le Cavalier bleu, 176 pages, 18 euros (chronique de Philippe Arnaud).

- Les acteurs de l’économie : «Les petits papiers de Montgolfier» , par Jacques-Marie Vaslin.

- Chronique de la semaine : « Le prix de la vie » , par Thibault Gajdos.

- Management : « Les fans, une main-d’œuvre idéale pour l’industrie musicale » , par Armand Hatchuel.

Stratégie d’entreprise :

- Entretien avec Serge Papin, PDG de l’enseigne Système U, pour lequel privilégier les produits «responsables» est compatible avec les exigences de rentabilité : « les clients du bio ne sont pas que des bobos », propos recueillis par Claire Gatinois et Aglaé de Chalus.

- Un secteur porteur mais peu accessible, par Aglaé de Chalus.

28 mars 2011

La revue « Sociétal » publie dans son numéro du 2e semestre 2011 (n°72) un dossier spécial « Vivre en entreprise » qui analyse les adaptations nécessaires des entreprises et de leurs dirigeants face à l’évolution de l’économie - l’accélération de la globalisation de l’économie, l’individualisation des relations, la multiplication des risques, l’inflation législative du droit du travail…

« Les entreprises sont confrontées à des mutations majeures qui leur lancent de nouveaux défis », analyse le consultant en stratégies sociales Jean Kaspar, qui invite les dirigeants à : développer des stratégies de coopération proche du terrain, revisiter les modes de gouvernance, à construire de nouveaux rapports entre les générations et à assurer la diversité.

NEO-TAYLORISME TOXIQUE

Le sociologue Alain de Vulpian dénonce, de son côté, les effets toxiques de la vague de néo-taylorisme qui a récemment submergé de nombreuses entreprises, générant des pathologies individuelles, un désengagement massif du personnel et le développement de réseaux parallèles dommageables à la maîtrise par l’entreprise de son fonctionnement interne.

Mais? selon M. de Vulpian, les entreprises tirent déjà les leçons de ces échecs et une révolution socioculturelle est amorcée : « Stimulées par la crise, des prises de conscience se font. De nombreux dirigeants affirment ici et là qu’une mutation radicale devient pour eux un défi vital. De leur côté, les membres du personnel souhaitent que leur direction pense moins à la finance et aux actionnaires et plus au métier, à l’innovation et aux nouveaux développements. »

Ce changement est en route au sein des entreprises, parfois sans même que les états-majors n’en aient pris conscience, estime-t-il.

L’institut de l’entreprise, qui a cherché à savoir ce que les jeunes diplômés (bac+5 et plus) attendent de l’entreprise à travers un sondage IFOP, révèle que « l’écoute et la reconnaissance font presque jeu égal avec la rémunération « juste et équitable » tandis que « 79% se disent globalement confiant dans leur avenir professionnel ».

Et dans votre entreprise, les mutations sont-elles en cours pour manager en donnant la parole au terrain ainsi que pour donner les moyens d’innover ?

Top 10 : le Club Med et Bain font “voyager” les diplômés

Universum, société d’études spécialisées dans le milieu étudiant, a interrogé, entre novembre 2009 et février 2010, dans le cadre d’un sondage annuel, 20333 élèves de grandes écoles de commerce et d’ingénieurs sur leur image de “l’employeur idéal”, et sur les critères de leur choix (www.universumglobal.com).

En exclusivité avec Universum, le blog “Emploi et Entreprises” sélectionne chaque semaine les dix entreprises préférées des jeunes diplômés sur un critère déterminé, et compare cette sélection au Top 10 des “employeurs idéaux” tous critères confondus.

Tous les “Top 10″ déjà publiés sont disponibles en ligne sur notre blog en cliquant sur ce lien.

MOBILITE PROGRAMMEE

La promesse d’une ”carrière internationale” est l’une des tartes à la crème des campagnes de publicité de recrutement à l’intention des jeunes diplômés.

Mais ces derniers persistent à lier cette possibilité à un type d’activité précis, dont ils pensent, à tort ou à raison, qu’elle implique une mobilité internationale en quelque sorte programmée - le tourisme/hôtellerie/transport aérien (Club Méditerrannée, Air France, Accor) pour les managers ; l’ingénierie pétrolière (Schlumberger, Total, Technip) pour les ingénieurs.

Ou encore à leur identité d’entreprise étrangère (ABB, Bombardier, Arcelor Mittal, Philip Morris International, Procter&Gamble, Kraft Foods, Microsoft, Oracle), ou à forte implantation internationale (L’Oréal, LVMH, EADS).

L’exception qui confirme cette règle est la présence en tête du classement, de surcroît chez les… ingénieurs, du cabinet de conseil Bain&Company, qui semble ainsi être crédible dans sa promesse d’une carrière internationale.

Il n’en reste pas moins que les étudiants semblent préférer la réalité de missions de terrain à l’étranger à la promesse d’une mobilité organisée mais théorique.

Cependant, la promesse de mobilité semble être un critère important dans le jugement global des jeunes diplômés, puisque six des dix-huit entreprises de ce palmarès figurent aussi dans le Top 10 des entreprises préférées des jeunes diplômés, tous critères confondus.

Ecoles de commerce      Opportunités de voyager à l’étranger
Entreprise Classement 2010
Club Méditerranée 1
Air France 2
Accor 3
Bombardier 4
TOTAL 5
ArcelorMittal 6
L’Oréal 7
Philip Morris International 8
LVMH 9
Oracle 10

 

Ecoles d’ingénieur          Opportunité de voyager à l’étranger
Entreprise Classement 2010
Bain & Company 1
Schlumberger 2
TOTAL 3
Technip 4
Air France 5
ABB 6
Microsoft 7
Procter & Gamble 8
EADS 9
Kraft Foods 10

Top 10 des employeurs “idéaux”, tous critères confondus

Ecoles de Commerce 2010 2009
                                  Rang                  Rang
LVMH 1 1
L’Oréal 2 2
Google 3 5
Canal + 4 4
Air France 5 3
Danone 6 6
Nestlé 7 10
Ernst & Young 8 7
BNP Paribas 9 8
Veolia Environnement 10 9
Ecoles d’ingénieur 2010 2009
                                  Rang                  Rang
EADS 1 1
Veolia Environnement 2 2
Google 3 6
Thales 4 5
EDF 5 3
Areva 6 4
Dassault Aviation 7 7
TOTAL 8 8
VINCI 9 10
Air France 10 14
25 mars 2011

La méritocratie, toujours érigée en idéal social par les politiques, est une notion remise en cause depuis quelques années par les sociologues. Dont Marie Duru-Bella notamment, qui écrivait déjà en 2006 L’inflation scolaire, les désillusions de la méritocratie et qui a dirigé la thèse de doctorat d’Elise Tenret soutenue en 2008 sur « L’école et la croyance en la méritocratie » à l’origine de son dernier ouvrage.

Jusqu’alors peu d’études sur la méritocratie ont abordé le problème de façon empirique.

Elise Tenret, sociologue de l’éducation et maître de conférences à l’université Paris-Dauphine a entrepris d’interroger 766 étudiants sur leur relation au mérite. Son enquête, réalisée en 2006-2007 dans l’académie de Caen, révèle que si les étudiants semblent encore «loin de s’être détournés du modèle méritocratique», ils rejettent l’idée qu’il ne repose que sur les études.

Alors, « à quoi bon être diplômé ? », interroge la chercheuse, provocatrice, dans le sous-titre de son livre.

Les étudiants savent le diplôme essentiel pour réussir dans la vie (à 45,5%) mais ne sont pas dupes de ce bout de papier.

Pour eux, il joue un rôle jugé trop important dans la recherche d’emploi (à 41,4%) d’autant qu’il ne reflète pas l’acquisition de compétences utiles dans le travail. La volonté, la motivation, la rigueur, la sympathie ou la capacité d’adaptation ne se lisent pas sur un diplôme et sont pourtant essentiels dans le milieu professionnel.

VOLONTE INDIVIDUELLE ET DETERMINATION

Pour ces futurs diplômés, la méritocratie, qu’ils défendent par ailleurs, ne doit pas se fonder sur la valeur du diplôme mais sur la volonté individuelle et la détermination.

Pourtant, malgré ce rejet, les étudiants s’accordent pour affirmer que le diplôme justifie un niveau de salaire plus élevé, considérant l’investissement en temps et en argent pendant les études comme suffisant pour légitimer un salaire. Ambivalence et cynisme de ces étudiants qui évoluent dans un monde moribond où règne la peur du déclassement social.

Aglaé de Chalus

“Les étudiants et le mérite. A quoi bon être diplômé ?”, par Elise Tenret. Collection Etudes & recherche, Observatoire de la vie étudiante/La documentation française, 158 pages, 18 euros.

22 mars 2011

Insupportables ces collègues qui manquent de motivation! 

Une enquête menée par Office Team, marque du cabinet de recrutement Robert Halff, en septembre et octobre 2010 auprès de 2054 dirigeants, financiers ou responsables des ressources humaines dans 10 pays (Allemagne, Autriche, Belgique, France, Italie, Luxembourg, Pays-Bas, Suisse, Brésil et Dubaï), révèle ce qui plaît - ou déplaît - aux salariés dans leur environnement professionnel.

Le manque d’implication des collègues dans leur travail constitue ainsi l’élément le plus gênant au bureau pour 44% des Luxembourgeois et 31% des Français.

C’est le critère le plus cité par l’ensemble du panel (30%).

Juste derrière, montré du doigt par 26% des Luxembourgeois, 21% des Italiens, 19% des Français et 18% des Belges, les collègues qui colportent ragots et rumeurs est ce qui énerve le plus les salariés interrogés.

27% des Autrichiens désignent ce qui est le plus agaçant dans leur environnement de travail comme étant les collègues qui utilisent les idées des autres et les présentent comme étant les leurs. C’est un reproche également cité par 19% des Allemands et des Hollandais.

RESPECT DE L’EQUILIBRE VIE PRIVEE-VIE PROFESSIONNELLE

A l’inverse, ce qui est le plus important pour les personnes interrogées est le respect de l’équilibre vie privée6vie professionnelle, un critère cité par 24% des salariés, notamment par les Autrichiens (34%), les Suisses (33%), les Hollandais (29%) et par 25% des Français.

A la question « Qu’est ce qui est le plus important pour vous dans votre environnement de travail », les répondants indiquent :

- “Travailler avec des collègues que l’on apprécie” ressort auprès de 21% des répondants.

- “Travailler avec un manager que l’on respecte et qui nous apprend beaucoup” suit avec 19%.

- “Le sentiment de sécurité de l’emploi, de travailler dans une entreprise stable” est apprécié par 11% des sondés, qui sont 10% à espérer “travailler avec des équipements à la pointe de la technologie”.

Et vous, avez-vous un manager formidable? Vos collègues sont-ils géniaux? Et votre entreprise vous donne-t-elle un avant-goût du paradis?!…

Trop de précarité dans la fonction publique territoriale

Alors que le gouvernement a rendu ses propositions le 7 mars pour réduire les contrats précaires dans la fonction publique, le Conseil supérieur de la fonction publique territoriale (CSFPT) publie un rapport inquiétant (lien vers le rapport : http://www.csfpt.org/documents/032011/16031116505123LaprcaritdanslaFPT.pdf) sur l’état de la précarité dans la « territoriale », adopté le 16 mars.

C’est en effet dans les collectivités locales que la proportion de contrats précaires est la plus forte : plus d’un agent sur cinq occupe un poste de non-titulaire (23,5%) dans la fonction publique territoriale (FPT) contre moins de 14% dans la fonction publique d’Etat et hospitalière.

25% DE TITULAIRES A LA REUNION

Dans les DOM-TOM, cette proportion atteint des sommets : seuls 55% des employés des collectivités locales de Martinique sont des fonctionnaires titulaires, 45% à Mayotte et seulement… 25% à la Réunion.

Les non-titulaires, appelés aussi contractuels, n’ont pas le titre de fonctionnaire et ne profitent donc pas de l’avantage du statut.

Leur rémunération est aussi beaucoup plus faible (1576 euros en moyenne contre 1779 euros pour un titulaire).

LES FEMMES SURREPRESENTEES

Les femmes sont surreprésentées parmi les non-titulaires : deux tiers des contractuels sont des femmes, alors qu’elles représentent 60% des effectifs totaux de la FPT.

Le rapport du CSFPT rappelle que l’emploi de contractuels dans la fonction publique est autorisé « à titre dérogatoire, et dans des cas limitativement énumérés », soulignant que les emplois permanents doivent normalement être occupés par des fonctionnaires.

Pourtant les chiffres le prouvent, cette règle est loin d’être respectée : 223 000 non-titulaires sur les 450 000 de la FPT occupent un poste permanent.

REGULARISER

Le Conseil Supérieur de la fonction publique territoriale préconise de régulariser la situation de ces non-titulaires qui occupent un contrat à durée indeterminée.

Un appel qui devrait être entendu puisque dans les propositions rendues le 7 mars, le gouvernement suggère de titulariser progressivement les contractuels qui occupent déjà un contrat à durée indéterminée au moyen d’un concours spécifique étalé sur trois ans.

Les syndicats doivent se prononcer avant le 31 mars. Un projet de loi devrait être présenté fin juin.

Aglaé de Chalus