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La coupole du Bahou
 
Le porche central, qui s’élève à 7 m et sur lequel repose la coupole du Bahou, est formé d’un grand arc appareil, de plein ceintre outrepassé et brisé qui repose sur des chapiteaux corinthiens que portent deux belles colonnes de marbre veiné. Cet édifice n’est pas sans nous rappeler les arcs de triomphe romains qui prolifèrent partout en Afrique antique. On distingue, de part et d’autre de l’axe constitué par ce portail d’honneur, six arcs disposés d’une façon rythmée et harmonieuse à raison d’un petit arc suivi de quatre arcs moyens de même grandeur et enfin d’un autre petit arc. Contrairement aux arcs de la salle de prière, ceux-ci sont outrepassés et brisés. Leur prototype est apparu dans l’art musulman en Orient, à l’époque ommeyyade, comme c’est le cas à la citerne de Ramla et à Khirbat al Mafjar. Son utilisation se poursuit à l’époque Abbaside, à l’exemple du Palais d’Ukhaidhar et de la mosquée Ibn Tulun à Fostat. Mais, même si l’arc kairouanais a suivi l’exemple des arcs ommeyyades qui se distinguent par la présence de deux rayons qui s’éloignent du 1/10 de l’axe, il est plus proche de l’arc abbasside par l’allure de son outrepassement. D’autre part, l’arc outrepassé et brisé kairouanais se distingue par un arrondissement continue sans une brisure nette. Ce type d’arc fut complètement marginalisé en Orient alors que son utilisation se répandit en Ifriqiya, à l’époque fatimo-ziride. La façade de la galerie Narthex semble avoir été restaurée ou remaniée à l’époque hafside, comme l’atteste la présence de plusieurs chapiteaux hafsides qui surmontent les colonnes.
Le dôme, lui-même, constitue certainement une médiocre réplique de la première coupole, celle qui fut édifiée par Abu Ibrahim Ahmed, en 862. Tout porte à croire qu’elle était analogue à la coupole du Mihrab. Selon Al Bakri, «elle est environnée de trente-deux colonnes de beau marbre; à l’intérieur, elle est couverte de sculptures magnifiques et d’arabesques travaillées avec une netteté admirable. Toutes les personnes qui la voient n’hésitent pas à déclarer qu’il serait impossible de trouver ailleurs un plus beau monument», l’actuelle coupole date de 124H/1828. De l’extérieur, elle paraît constituée d’une base carrée, dont chacun des quatre côtés est composé de trois fenêtres inscrites dans des niches arrondies. Le tambour que constitue la zone intermédiaire, est composé de seize niches surmontées d’arcs outrepassés. La calotte semi-sphérique est côtelée et porte des arêtes aiguës. Intérieurement, la base est formée aux angles de trompes en demi-voûtes d’arêtes. Le passage à la zone médiane est assuré par des colonnettes qui surmontent seize fenêtres qui portent la calotte circulaire. Ce prototype de coupole s’est répandu à Kairouan, au XVIIIè et XIXè s. On le rencontre au mausolée de sidi Amor Abada à Kairouan, qui fut édifié au milieu du XIX e s., ce qui semble confirmer la date attribuée à la reconstruction de la coupole du Bahou, postérieure à la campagne des travaux menées à la galerie narthex, à l’époque hafside.
Mais, qu’elles soient le fruit d’un plan mûrement réfléchi ou l’aboutissement d’une série de modifications plus ou moins accidentelles, les proportions et les dispositions générales de la façade de la galerie-narthex constituent, dans leur état actuel, un ensemble d’une rare beauté dont l’impressionnante majesté n’a son égale nulle part ailleurs dans les monuments musulmans. On ne peut, certes, rester indifférent devant la pureté des lignes qui se décrochent en degrés successifs, arabesque que couronne la blanche coupole du Bahû, érigée sur le bleu du ciel. Ainsi est évitée la lourdeur ou la banalité à laquelle on aurait pu s’attendre avec cette galerie longue et relativement basse. C’est d’abord le mur crénelé qui rompt la sévère unité de la terrasse et relance en hauteur la ligne horizontale du nord supérieur de la façade, composant un ensemble quasi-indépendant : au centre, un grand arc appareillé encadré de piliers saillants et de deux arcs moins élevés qui le bordent de part et d’autre, puis, en retrait sur la façade, c’est la base carrée défoncée de niches à fond plat qui supporte un tambour polygonal, lui-même surmonté du dôme côtelé que termine le «jâmûr». Ces trois arcs, inscrits dans cette maçonnerie, constituent un ensemble triomphal qui pourrait se suffire à lui-même.
Les autres portiques
Le portique oriental est constitué de deux nefs couvertes par des voûtes en berceau. Celui de la façade présente dix-sept arcs en plein cintre outrepassé qui retombent sur des colonnes jumelées adossées à des piliers, à l’exemple de la galerie-narthex. Le portique occidental est également formé de deux nefs, mais, il est composé de quatorze arcades en plein cintre outrepassé seulement. Le portique nord se limite à une seule travée qui abrite des dépôts et des dépendances de la mosquée. L’angle nord-ouest est occupé par l’ancienne salle des ablutions, très probablement antérieure à l’époque hafside, lorsque l’Imam prédicateur de la grande mosquée, Abd Allah al-Haskuri, édifia une nouvelle midha, en dehors de la mosquée. L’ancienne salle se distingue par sa façade décorée de losanges en pierre sculptée de motifs floraux et géométriques d’une facture très médiocre qui nous empêche de les attribuer à l’époque aghlabite bien qu’ils offrent des similarités certaines avec les carreaux sculptés du tympan du Mihrab de la Grande Mosquée de Sousse.
Les portiques semblent avoir été l’objet de plusieurs réfections surtout à l’époque hafside, comme le confirment quelques indices. En effet, plusieurs chapiteaux datent de cette période, ce qui atteste une reprise des maçonneries. D’autre part, on observe que les arcs des quatre façades des portiques sont encadrés d’une moulure couronnée d’un nœud à la clef qui enserre une céramique verte. Ce motif que l’on retrouve au porche de Lalla Rayhana qui date de l’an 716H/1316, n’apparaît, en Egypte, qu’à l’époque ayyûbite, à partir du XIVè s. Ces travaux de restauration ou de rénovation des portiques peuvent donc, être contemporains de la campagne de consolidation de l’enceinte et de l’édification des porches de la façade occidentale qui date de l’époque d’al Mustansir, en 693 H /1294. A-t-on respecté l’agencement primitif ou procéda-t-on à des remaniements importants ? Il est difficile de porter un jugement définitif sur la question. En outre, les différences de niveaux des deux galeries latérales semblent indiquer deux étapes de reconstruction. On est tenté de considérer que celle de l’est est plus ancienne et de penser que le portique occidental fut restauré, à l’époque mouradite, comme semble le confirmer la présence d’un panneau sculpté en pierre qui comporte un décor en bouquet de fleurs se terminant par le croissant, emblème des Ottomans.
Lors de cette campagne de réfection, plusieurs chapiteaux et colonnes furent récupérés du site fatimo-ziride de Sabra al Mansuriyya, c’est ainsi qu’une de ces colonnes est gravée d’une inscription en écriture koufique en relief qui porte le texte suivant :
«Basmala : Ceci est une des choses dont Half Allâh, fils de Gazi, al Aâîrî, a, par testament, ordonné la construction et cela (a été achevé) en ramadân de l’année 402(27mars-25avr.1011). Dieu l’en récompense et lui accorde pardon et miséricorde !»
Certains archéologues ont malencontreusement cru pouvoir conclure que les galeries de la Grande Mosquée de Kairouan connurent une campagne de restauration à l’époque ziride.
   
       
   
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