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La cour et le minaret
 
La cour et ses galeries s’imposent au monument par l’immensité de leur aire ; la longueur atteint les 90 m alors que la largeur approche les 72 m. Elle occupe le centre de l’édifice et semble avoir joué le rôle de forum à la cité romaine mais aussi de trop-plein pour la salle de prière. Son contour semble avoir été tracé, dès l’époque ommeyyade, avant même que Ziadat Allah I ne procède à la reconstruction de l’édifice. Al- Bakri nous apprend, en effet, que le gouverneur d’Ifriqiya, Bichr B.çafwân (721-727), demanda au calife omayyade Hichâm fils de ‘Abd al-Malik l’autorisation d’exproprier le jardin des Banû Fihr, «dans sa réponse, le calife donna l’ordre d’acheter ce terrain et de l’enclaver dans l’enceinte de la mosquée. Le gouverneur obéit ; puis il construisit, dans la cour de la mosquée, un bassin que l’on désigne aujourd’hui par le nom d’al-Mâjal al-Qâdîm et qui est situé à l’Ouest des nefs (Balatât)». Deux autres citernes furent creusées peu après. Actuellement, elles communiquent ; couvertes de voûte d’arêtes, leur contenance dépasse les 900 m3.

La cour est pavée de marbre et de pierre dans sa partie nord. La surface déclive et force les eaux de pluie à ruisseler dans un implevium (61) dont le décor géométrique est exécuté en marbre noir. Son centre est meublé d’arcs outrepassés en marbre blanc sculpté qui jouent le rôle de bassin de décantation et retiennent les impuretés. Ce système ingénieux qui porte la marque des andalous, nous rappelle certains décors de Midhat as Sultan à Tunis qui date du XVéme siècle et nous le retrouve à Dar Othman et au Mausolée de sidi Abid à Kairouan ; ces deux monuments datent de la fin du XVI e ou du début du XVII e siècle. Tout porte à croire que l’implevium de la cour de la Grande Mosquée de Kairouan est l’œuvre du Bey Mourad I e, lors des travaux de rénovation des plafonds de la salle de prière ; mais il est plus probable que ces travaux datent du règne du bey Mohammed, lorsqu’il transféra, en 108H/1676, sa capitale à Kairouan où il édifia, effectivement, une mosquée décorée de plusieurs panneaux en stucs qui comportent des formes géométriques, tracées en noir, analogues à celles du vasque de la cour de la Grande Mosquée de Kairouan.
Au milieu de cette cour se dresse un escalier qui se termine par un cadran solaire qui indique les moments de la prière, qui est gravé sur une plaque de marbre à caractères Naskhi; il est «fait par celui qui a besoin de son Seigneur, le compatissant et L'Indulgent, son serviteur Ahmad, fils de Qâsim Ammâr al-Sûsî», comme l’indique une écriture commémorative en Naskhi, datée de 1258 H/ 1843.
Des galeries bordent la cour sur les quatre faces. Elles datent de l’époque du prince aghlabite Abu Ibrahim Ahmad (242-249h/ 856-863J.C) comme semble l’indiquer la plupart des sources dont on dispose. Il est fort probable que la Grande Mosquée de Kairouan ne disposait pas de portiques, à l’époque de Ziyadat-Allah, bien que cet accessoire soit déjà présent dans d’autres mosquées musulmanes orientales. Les premiers portiques datés, en Ifriqiyya, apparaissent déjà à la Grande Mosquée de Sousse, en 237H/851J.C, c’est-à-dire onze ans seulement après la reconstruction de la Grande Mosquée de Kairouan par Ziyyadat–Allah, en 221-226H/836-841. Ce qui nous amène à ne pas émettre une opinion définitive en faveur de l’édification des portiques de la Grande Mosquée de Kairouan, par Abu Ibrahim Ahmed ; ils peuvent être tous, à part la galerie Narthex, antérieurs à son règne.
La galerie Narthex
Elle est formée de treize nefs de deux travées qui prolongent la salle de prière. Elles sont couvertes, essentiellement, de voûtes en berceau, d’arêtes ou de plafonds en bois, ce qui confirme que cette partie du monument a connu plusieurs campagnes de réfection et de restauration. Les colonnes portent des chapiteaux variés et des impostes sculptées de frises à décors végétaux dont l’élément prédominant est le fleuron et le demi-fleuron. L’origine évidente est la feuille de vigne étalée ou repliée sur son axe vertical ; elle est généralement, constituée de cinq ou de trois lobes. Ce décor floral stylisé s’enrôle le plus souvent sur une tige et forme un rinceau ou une grappe. Ainsi, ces impostes semblent résumer, à elles seules, tout le répertoire décoratif aghlabite. Cette flore, héritée de Byzance, a subi déjà, en Syrie ommayyade, une stylisation assez prononcée, mais, pratiquement aucune de ces formes connues n’est exactement comparable à celle qu’adopteront les Aghlabites. En Syrie, la flore a conservé, encore le plus souvent, ses caractères naturels. Le décor floral kairouanais apparaît plus stylisé et plus mûr que celui des monuments ommeyyades de la galerie narthex de Khirbat al Mafjar et Qasr al-Mashta ou la mosquée al Aqsa. La façade est constituée d’arcades jumelées.
   
       
   
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