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Entretien avec Randa Kassis, opposante et intellectuelle syrienne porte-parole de la Coalition des Forces Laïques et membre du Conseil National Syrien

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Après les élections tunisiennes du 23 octobre qui ont consacré la victoire des islamistes d'Ennahda, Randa Kassis, une opposante syrienne laïque de premier plan explique en quoi la victoire de l'islamisme radical et l'échec des forces laïques ne sont pas des fatalités.

1)Vous faites partie de l'opposition syrienne à Bachar al Assad, vous êtres la porte-parole de la Coalition des Forces laïques syriennes, comment réagissez vous à ceux qui disent, après les élections tunisiennes, que les premiers révolutionnaires arabes majoritairement laïques et modernes, liés aux réseaux du Web, mais pas organisés en partis politiques structurés, risquent de se faire voler la révolution par les islamistes? -Pendant ces dernières décennies, nous avons observé la montée d'une pensée islamiste radicale qui, de mon point de vue, est arrivée à son apogée chez les populations arabes. Celle-ci est due à plusieurs facteurs: l'affaiblissement des partis laïques; la bonne organisation des mouvements islamistes et leur infiltration au sein des masses populaires, en y jouant un rôle social majeur. Par ailleurs, le sentiment de défaite lié à des échecs nombreux a contribué à les jeter dans une hystérie religieuse et à croire que l'Islam politique est le remède à tous leurs maux. Parallèlement, la censure de la liberté d'expression et de pensée exercée sur ces populations par ces régimes dictatoriaux et le soutien (ne l’oublions pas !) des États-Unis à ces mouvements islamistes depuis la guerre froide jusqu’à nos jours expliquent aussi les succès des partis islamistes liés aux Frères musulmans et à l’Arabie saoudite. Mais les choses ne sont pas dramatiques pour autant. En arabe, nous avons un proverbe qui dit : "le traitement d'une maladie se fait par la maladie même". Peut-être devons-nous accepter en effet une période de transition, qui verra ces mouvements gouverner momentanément et qui montrera à ceux qui croient à ce « remède magique » que les islamistes ne pourront pas résoudre leurs problèmes ni par la foi, ni par un Islam politique basé sur l'asservissement de l'individu. Pendant ce temps, nous, les forces laïques et démocratiques, devons unifier nos forces et préparer un programme à la fois culturel et politique, afin de répandre la conscience parmi ces peuples. 2) Pensez-vous comme d'autres analystes qu'une intervention internationale en Syrie est impossible ou fort difficile à cause des vétos russe et chinois notamment? -Une intervention militaire aérienne de la part de l'OTAN, ou l'obtention d'une zone d'exclusion aérienne est possible sur le plan technique. Ce qui manque pour le moment est la volonté de plusieurs pays et leurs déterminations à aider le peuple syrien pour renverser le régime d'Assad. Je crois que la relation entre hommes, en général, est basée sur la collaboration en vue d’intérêts supérieurs communs. Et dans ce cas, l'intérêt est d’édifier une stabilité régionale en éloignant le spectre d'une guerre civile, laquelle pourrait entraîner toute la région dans le chaos. Dans le moyens terme, l’objectif serait aussi de permettre une rupture de l'alliance syro-iranienne, puis d’entraver le chemin des islamistes en éradiquant tous les mouvements appelés « djihadistes ». En regardant la situation sous cet angle, une intervention militaire ou l'obtention d'une zone d'exclusion est fort possible. 3) Comment voyez-vous l'avenir de la Syrie, avez vous un plan d'action pour renverser le régime de Assad? -Sur le plan extérieur, il est vrai que le CNS a été manipulé et financé par des islamistes qui n'ont pas mis au point, jusqu'aujourd'hui, un plan de travail permettant de renverser réellement le régime de Bachar al-Assad. Actuellement, les forces laïques et démocratiques syriennes sont en pleine discussion pour prendre les mesures nécessaires dans ce sens et pour prendre une vraie position vis-à-vis du CNS qui n'a même pas encore décidé de la liste de ses membres et qui a exclu de ses décisions toutes les forces d'opposition syriennes laïques et démocratiques qui ont participé à sa conférence... Sur le plan intérieur, le rue syrienne est toujours agitée et déterminée à faire chuter ce régime. Je crois que c'est une question de temps afin que les forces d'opposition réussissent à se rassembler d'une manière démocratique. 4) Comment réagiriez-vous si Bachar Al Assad tendait la main à l'opposition et proposait enfin des mesures de démocratisation? -Le peuple syrien est le seul juge légitime, et c'est à lui d'accepter de tendre sa main à son "tueur d'enfants". Après tant des victimes qui ont péri dans des carnages quotidiens, je n’entrevois aucune possibilité de travailler avec ce régime répressif totalitaire qui ne peut changer ses méthodes et arrêter sa machine à tuer. Tous les opposants sont forcés de suivre la volonté de la rue qui réclame clairement son départ. 5) Craignez vous pour les minorités alaouites et kurdes que vous connaissez bien, et pour les chrétiens, si les Islamistes renversent un jour le pouvoir par la guerre civile ou par des élections gagnées après un renversement du régime? -En Syrie, les minorités ethniques et minoritaires forment entre 35 à 40% de la population. Elles sont toutes laïques par intérêt de conservation ou de survie, sans compter, les sunnites laïques qui forment 10 à 15% de la population. Alors, nous pouvons constater que les islamistes sont incapables d’imposer leur mode de vie et de s’imposer à la moitié de la population syrienne qui peut dans ce cas réagir puissamment et provoquer une instabilité dans le pays. En plus, n'oublions pas que les laïques commencent à avoir une expérience et ont confiance dans leurs propres capacités de mobilisation face à toute pensée totalitaire. Mais, il est vrai que nous ne pouvons pas ignorer un risque de guerre civile, lequel pourrait toucher toute la région si Assad ne cédait pas très bientôt son pouvoir à un gouvernement pluraliste de transition.
Anonyme

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Publié : 31/10/11 - 23h04
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