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04/03/2015 à 17:53
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Habib Essid en 2011. Habib Essid en 2011. © Fethi Belaid / AFP

Pas de chance pour le gouvernement Essid. Entre inondations dans le Nord-Ouest et revendications sociales dans le Sud, il débute son mandat dans un climat social perturbé. Mais les plus grosses turbulences proviennent des grèves dans l’éducation nationale.

Depuis le mois de novembre 2014, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) ronge son frein en lançant des mouvements de mobilisation sporadiques. Avec la prise de fonction du nouveau gouvernement, elle lance désormais un vaste mouvement de grève dans l'éducation nationale et envisage de bloquer les examens pour exiger de meilleures conditions de salaires et de travail pour les enseignants.

Jusque là rien de particulier puisque les grèves, depuis la révolution de 2011, sont devenues un phénomène banal en Tunisie, mais le conflit entre syndicat et ministère est devenu un bras de fer entre deux hommes : Néji Jalloul, le ministre de l’Éducation nationale, et Lassaad Yaacoubi, secrétaire général du syndicat général de l'enseignement secondaire. Chacun donne de la voix et campe sur ses positions.

Lassaad  Yaacoubi estime que les enseignants ont droit à une augmentation puisqu’ils payent leurs impôts et qu’ils auraient ainsi un droit de regard sur l’emploi que l’État fait de leurs cotisations. Néji Jalloul, lui, s’offusque et dénonce la position du syndicat, le sommant de fixer et de respecter un calendrier d’examens.

État exangue

Les revendications sont légitimes mais l’État, exangue, n’a pour le moment pas les moyens de répondre aux demandes des enseignants. Il préférerait d’abord investir dans les infrastructures éducatives et revoir son organisation ainsi que le contenu des programmes. Ces mesures sont urgentes d’autant que tous les enseignants ne sont pas logés à la même enseigne. Ceux qui travaillent dans les zones rurales ou les régions déshéritées sont défavorisés par rapport à leurs collègues des villes.

En milieu urbain, les inégalités entre enseignants se fondent d'abord sur la matière enseignée : un professeur d’éducation physique ou civique n’a par exemple presque aucune chance d’arrondir ses fins de mois. En effet, sur les 100 000 enseignants du pays, 20 000 donnent des cours particuliers qui leur assurent un revenu complémentaire au noir qui peut atteindre 750 euros en moyenne par enseignant - soit plus que les 380 euros du salaire moyen. En fait, ce système, dit de "l’étude", pervertit l’enseignement public.

Car les dérives et le laisser aller depuis des décennies ont établi de nouvelles règles : en classe le professeur enseigne en général le strict minimum mais donne des compléments substantiels pendant les séances d’études à ceux qui peuvent se les payer. Une injustice et une ségrégation par l’argent dont pâtissent les démunis mais qui est ouvertement tolérée par le système, qui se prétend pourtant d’abord républicain.

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Frida Dahmani, à Tunis

 

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