Les fêtes de la transhumance et leurs troupeaux de brebis, de vaches et de touristes qui colonisent les routes constituent-elles une incivilité des temps modernes sous prétexte de célébrer une pratique ancestrale ?
Il n'y a plus — ou presque — aujourd'hui de montée dans les estives sans sa fête de la transhumance. éleveurs et commissions syndicales appuyés par les offices de tourisme ont fait de cette pratique ancestrale un événement marquant du calendrier des festivités locales, en amont de la saison d'été, voire pendant, comme au Hautacam.
Les touristes viennent de loin pour accompagner les troupeaux dans leurs quartiers d'été. Jacques Cauhapé, de Gerde, fils de berger, qui a lui aussi pratiqué la transhumance, s'étonne de voir comment elle s'opère aujourd'hui. «Il y a de nombreux accompagnateurs, dont parfois des touristes, lors de manifestations organisées, mais qui n'ont pas de grande utilité pour favoriser la circulation. Le bétail ne trouve pas son compte d'avoir à marcher aussi serré. Les routes sont totalement obstruées, tant par les bêtes que par les accompagnateurs. Un exemple d'incivilité moderne.»
Civisme
Jacques Cauhapé apprécie le folklore mais encore plus le civisme. Il lui est arrivé plusieurs fois d'être bloqué par des troupeaux et de devoir se faire le passage ou bien de se faire refouler. «On n'a pas à accaparer la route comme cela. Dans mon expérience personnelle et dans des circonstances analogues, nous mettions un point d'honneur à faciliter la fluidité de la circulation automobile sans intervention de la force publique. Les chiens, bien dressés à cette tâche, nous épargnaient bien des allers-retours.»
En général, la montée vers les estives ne s'effectue pas par les grands boulevards ni des axes majeurs de circulation. Les cortèges empruntent essentiellement des petites routes et des chemins.
Éric Abadie, éleveur à Campan et organisateur de la transhumance du Grand Tourmalet, rappelle que la montée dans les estives, c'est «un jour dans l'année. La date est connue à l'avance. Les gens font les choses en fonction». Il souligne, ensuite, qu'en partant de nuit, à 3 heures de Campan, cela ne gêne personne. «On n'emprunte la route que jusqu'à Sainte-Marie-de-Campan. On y est à 4 h 30. Ensuite, nous prenons le chemin de Peyrehitte jusqu'à Artigues, puis la piste jaune jusqu'au Tourmalet.» Le 14 juin, ce sont 2.000 brebis qui vont rejoindre les estives du Tourmalet. «On part tôt pour ne pas gêner les gens et éviter que les bêtes aient trop chaud. C'est mieux pour elles de monter par leur propre moyen. Elles stressent de monter par camion. Et pour nous, cela a un coût.» En matière de sécurité, Éric Abadie s'attache les services de Bagnères Assistance CB afin d'encadrer le cortège de la transhumance. Ce sera, cette année, la dernière fête de la transhumance pour Éric Abadie, qui réfléchit cependant à une autre animation pour communiquer sa passion de la vie pastorale, probablement plus axé sur la gastronomie.
Les transhumances à venir
Aulon, la Hourquette d'Ancizan et la Barousse, il y a trois fêtes de la transhumance au programme de ce samedi 7 juin.
La transhumance de Campan-Tourmalet se déroulera le samedi 14 juin.
Retrouvez les programmes de ces fêtes traditionnelles sur le site www.tourisme-hautes-pyrenees.com