AccueilActualités > 15.05.2013

La Suisse en 2020 sera plus latine, romande et lémanique

Les gouvernements des cantons romands sont légitimés à poursuivre la promotion active de leurs intérêts auprès de la Confédération.

Fin 2012, la Suisse comptait un peu plus de 8 millions d'habitants, soit 82'000 personnes de plus qu'en 2011, la croissance démographique se maintenant à un niveau élevé, du fait notamment de l'immigration. La population étrangère de notre pays a effet augmenté de 53'000 personnes par rapport à l'année précédente, pour un effectif total de plus de 1,8 million de personnes, dont 65% de ressortissants de l'Espace économique européen.

Cela posé, cette croissance démographique n'est pas uniforme entre les différents cantons, Appenzell Rhodes-Intérieures ayant même connu une diminution de sa population. A l'inverse, les cantons de Vaud, Valais et surtout Fribourg ont connu une nouvelle fois une croissance supérieure à la moyenne, de même que le Tessin et la plupart des cantons alémaniques se rattachant à l'espace métropolitain zurichois, à commencer par Thurgovie et Argovie. La population de notre pays continue donc de croître, mais surtout en Suisse latine et dans la métropole zurichoise, la croissance démographique de la métropole bâloise, du canton de Berne et celle des autres cantons, y compris ceux de l'arc jurassien, étant beaucoup plus modeste, voire négative.

Cette tendance va se renforcer ces prochaines années, puisque l'Office fédéral de la statistique prévoit, sur la base d'une actualisation d'un scénario démographique dit « moyen », que la Suisse comptera près de 8,6 millions d'habitants en 2020, dont beaucoup s'installeront dans les cantons de Vaud, Fribourg, Valais et Genève, ainsi qu'au Tessin.

En d'autres termes, la Suisse dans laquelle nous vivrons dans moins de dix ans sera encore un peu plus latine, romande et lémanique qu'à l'heure actuelle, ce qui ne manquera pas d'accentuer un certain rééquilibrage politique et économique, notamment entre la métropole lémanique et la Suisse alémanique dans son ensemble.

Concrètement, il est probable que le canton de Genève comptera, dès 2016, davantage d'habitants que le canton de Saint-Gall, quatrième canton alémanique le plus peuplé après Zurich, Berne et Argovie.

Ce basculement relatif du centre de gravité de notre pays vers l'ouest est d'autant plus probable que la population des cantons de Fribourg, Vaud, Genève et Valais, vieillira moins que la population de beaucoup de cantons alémaniques et du Tessin.

Les gouvernements des cantons romands sont ainsi légitimés à poursuivre la promotion active de leurs intérêts auprès de la Confédération, notamment pour obtenir des crédits ferroviaires et autoroutiers.

Il s'agira par contre pour ces mêmes gouvernements de tenir compte du déclin démographique de l'arc jurassien, qui a pour conséquence de créer un nouveau déséquilibre, cette fois-ci au sein de la Suisse romande. En ce sens, il faudra que les cantons romands en croissance n'oublient pas leurs voisins de l'arc jurassien, mais également que ces derniers prennent la mesure du défi démographique que doivent relever les autres cantons romands en général et ceux de Vaud et Genève en particulier.

Patrick Eperon, l'Agefi du mercredi 15 mai 2013

Mercredi 15 mai 2013
Catégorie(s): Articles de presse
Auteur/personne de contact: Patrick Eperon