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Rencontre May-Macron : une tentative de réconciliation autour du Brexit

Emmanuel Macron a reçu Theresa May dans sa demeure estivale de Brégançon. La dirigeante britannique a besoin du soutien des Européens pour assurer la survie du Brexit « doux » qu’elle défend contre une opposition croissante.

Emmanuel Macron a rencontré la première ministre britannique vendredi 3 août pour évoquer les relations franco-britanniques et la sortie de Londres de l’Unions européenne. Cette dernière a été reçue la résidence d’été de la présidence au fort de Brégançon (Var). Au sein de cette visite, très amicale, se trouve la question du Brexit (qui doit avoir lieu quoi qu’il arrive le 30 mars 2019) – ou plus précisément, quel Brexit choisiront les britanniques. May était venue défendre le livre blanc publié par son gouvernement il y a quelques semaines.

Un écho à l’appel lancé par le nouveau chef du Foreign Office, Jeremy Hunt, mardi 31 juillet à Paris : "Aidez-nous, sinon le Brexit sera une tragédie". La Première ministre britannique devait expliquer à Emmanuel Macron "la position de Londres dans les négociations sur le Brexit et sur l'avenir des relations avec l'UE", a confirmé l'Elysée avant la rencontre. Les négociations patinent entre Londres et Bruxelles stagnent en effet depuis plusieurs semaines. Un blocage qui a poussé à la démission du Ministre des affaires étrangères Boris Johnson et du chef-négociateur britannique Dave Davies.

Au Royaume-Uni, les divisions sont de lus en lus visibles, alors que la réalisation que le Brexit ne se fera pas en termes exclusivement britanniques et que de nombreux compromis sont à venir. D’après Christophe Bouillaud, professeur de sciences politiques à l’Institut d’études politiques de Grenoble, "les intérêts économiques organisés sont apparemment presque à 100% pour le maintien dans le Marché unique. C’est là tout le paradoxe de cette affaire : le Brexit, envisagé comme un choix indépendantiste, ou souverainiste, de la part du peuple britannique, ne correspond nullement à une poussée d’intérêts économiques correspondants"

Face à des compromis trop importants pour rester dans le marché européen, qui priverait de fait d’une partie du retour de souveraineté que le Brexit était censé redonner à Londres, la tentation serait donc une sortie sans accord – ou hard Brexit. C’est justement ce que redoutent les conservateurs modérés qui soutiennent encore Mme May, les travaillistes mais surtout les marchés. Les européens craignant aussi un tel dénouement, et rappelle que 80% de l'accord de retrait a déjà été écrit, alors que l’opinion publique britannique semble rabrouer.

Du côté français, Emmanuel Macron s’est dit prêt à un dialogue, tout en précisant qu’il ne voulait pas empiéter sur le travail des négociateurs européens. La ministre française des Affaires européennes Nathalie Loiseau a par ailleurs réaffirmé "le plein soutien de la France à Michel Barnier (négociateur officie de l’UE NDLR", dans un communiqué diffusé vendredi au lendemain de la rencontre. A travers ce type de rencontres bilatérales et informelles, les deux dirigeants veulent aussi jeter les bases de la future relation euro-britannique.

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