Au Venezuela, l’inflation a été de 130 060 % en 2018

La Banque centrale du Venezuela a reconnu mardi l’état désastreux de l’économie du pays. Elle n’avait plus publié de chiffres macroéconomiques depuis trois ans.

Le Monde avec AFP Publié hier à 11h32, mis à jour hier à 11h36

Temps de Lecture 6 min.

A Caracas, au Venezuela, le 8 mai.
A Caracas, au Venezuela, le 8 mai. MARTIN MEJIA / AP

Le gouvernement du Venezuela a reconnu mardi 28 mai l’état désastreux de l’économie du pays. Après s’être abstenue pendant trois ans de publier des chiffres macroéconomiques, la Banque centrale du Venezuela (BCV) a finalement annoncé que l’inflation avait été de 274,4 % en 2016, 862,6 % en 2017 et 130 060,2 % en 2018.

Selon les chiffres de la BCV, le PIB national s’est pour sa part contracté de 47,6 % entre 2013 et 2018. La chute du PIB est calculée jusqu’au troisième trimestre de 2018, a précisé la Banque centrale.

Ces chiffres restent cependant éloignés des estimations du Fonds monétaire international (FMI), qui évalue l’inflation au Venezuela à 1 370 000 % pour 2018. Pour 2019, le FMI prévoit une inflation de 10 000 000 %.

Lire le reportage : Au Venezuela, une vie de pénuries : « Maduro nous a renvoyés au Moyen Age »

La grave crise économique que connaît le pays a amené plus de trois millions de Vénézuéliens à émigrer depuis 2015, selon l’Organisation des Nations unies (ONU). Dernièrement, la situation s’est encore compliquée avec les tensions politiques suscitées par la lutte de pouvoir entre le président socialiste, Nicolas Maduro, et l’opposant Juan Guaido.

Chute des exportations pétrolières

Arrivé au pouvoir en 2013 en tant que dauphin du président Hugo Chavez (1999-2013), Nicolas Maduro attribue l’effondrement économique du pays aux lourdes sanctions financières imposées par les Etats-Unis au Venezuela et à son entreprise pétrolière nationale, Petroleos de Venezuela (PDVSA).

Ces sanctions se sont aggravées depuis que Washington a apporté son soutien à Juan Guaido, chef du Parlement contrôlé par l’opposition, qui s’est autoproclamé président par intérim en janvier et a été reconnu comme tel par une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis.

La BCV a également donné mardi des informations sur les exportations pétrolières, qui représentent 96 % des revenus du Venezuela. Selon les chiffres de la Banque centrale, ces exportations ont chuté pour se situer à 29,81 milliards de dollars en 2018. Elles s’élevaient à 85,603 milliards de dollars en 2013 et à 71,732 milliards en 2014, lorsque les prix du pétrole se sont effondrés et que la profonde crise touchant les Vénézuéliens a éclaté.

Bien que les prix du pétrole se soient redressés à partir de 2016, une chute brutale de la production vénézuélienne a empêché un rebond des revenus. Selon les chiffres officiels, l’offre de pétrole vénézuélien, qui représentait 3,2 millions de barils par jour il y a dix ans, n’était que de 1,03 million de barils en avril.

Article réservé à nos abonnés Lire aussi Au Venezuela, « la vie est devenue un enfer »

Les importations ont elles aussi chuté en trois ans, passant de 57,183 milliards de dollars en 2013 à 14,866 milliards en 2018, ce qui explique les graves pénuries de produits de première nécessité. Les Vénézuéliens sont confrontés à des pénuries cycliques de produits alimentaires de base et à des pénuries chroniques de médicaments et d’autres produits de santé, auxquelles s’ajoute le manque d’essence, qui est en grande partie importée.

La BCV, fidèle au régime chaviste, avait cessé il y a trois ans de publier des données, sans expliquer cet arrêt. Auparavant, elle avait déjà réduit le nombre des chiffres qu’elle divulguait.

Réagissez ou consultez l’ensemble des contributions

Dans la même rubrique