C’est le début de l’opération “mains propres parmi les oligarques qui ont gravité autour du clan présidentiel. Le communiqué du procureur de la République près la cour d’Alger diffusé un 1 avril, confirme l’ouverture d’enquêtes sur la corruption et les transferts illicites de capitaux vers l’étranger et annonce avoir ordonné des interdictions de sortie du territoire national à l’encontre de plusieurs suspects.
Rien de bien surprenant, tant le régime a toujours procédé de la même manière en temps de crise et face à la grogne de la rue. Il a toujours “coupé” des têtes pour sauver la sienne.
Lors des évènements d’Octobre 88, le régime s’était empressé de se débarrasser du tout puissant patron du FLN de l’époque, Mohamed Cherif Messaadia, après que les manifestants l’accusaient d’être impliqué dans la crise financière. Le “Messaadia sarak el maliya”, scandé par la population a été fatal à l’ancien président du Sénat, sous la présidence de Bouteflika.
Plus de trente ans plus tard, et face aux manifestations sans précédents que connait le pays depuis le 22 février, le régime déclenche des actions judiciaires contre des hommes qu’il a pourtant protégé durant toutes ces années. Presque tous ceux auquel il s’attaque aujourd’hui, se sont enrichis sans que la machine judiciaire ne sourcille ou que le parquet ne s’autosaisisse pour déclencher des enquêtes financières, alors que les scandales de corruption étaient de notoriété publique.
Aujourd’hui face à la rue qui demande des comptes, le régime veut se redonner une légitimité auprès d’une population qui réclame son départ et a décidé de sacrifier une dizaine d’hommes d’affaires. La première victime est Ali Haddad. Celui qui a durant de longues années gravité au plus près du clan présidentiel et bâtit une fortune colossale grâce aux marchés publics n’a plus la “clé magique”, le mot de code utilisé par ses pairs businessman au sein du FCE pour expliquer sa proximité avec Saïd Bouteflika et sa capacité à obtenir les plus gros marchés.
Depuis la fin annoncée de l’ère Bouteflika, Ali Haddad se savait dans l’œil du cyclone. Il avait démissionné du FCE et pris soin de liquider ces parts dans l’entreprise “Fertial” cédé à Sonatrach pour plus de 38 millions d’euros avant de tenter de passer en Tunisie par le poste frontalier de Oum Taboul.
Face aux revendications de la population qui réclame la chute du régime et le jugement de tous ceux qui ont trempé dans la corruption, les enquêtes déclenchées contre les membres de trois familles ont peu de chance de satisfaire les algériens. Le pouvoir à tort de croire que cette fois-ci il pourra passer entre les gouttes.