Nazarbaïev réélu président du Kazakhstan avec 97,7 % des voix

L'âge et la santé de Noursoultan Nazarbaïev, au pouvoir depuis vingt-cinq ans, laissent penser que ce cinquième mandat sera son dernier.

Par Publié le 26 avril 2015 à 20h58 - Mis à jour le 27 avril 2015 à 11h42

Temps de Lecture 3 min.

Le scrutin présidentiel anticipé organisé dimanche 26 avril au Kazakhstan n'a livré aucune surprise : selon la commission électorale centrale lundi, l'inamovible président Noursoultan Nazarbaïev est réélu avec un score de 97,7 % des voix pour un nouveau mandat de cinq ans à la tête de ce pays d'Asie centrale immense et riche de son sous-sol.

Même ce chiffre exceptionnellement haut était attendu. « Nazarbaïev voudra faire mieux qu'Islam Karimov », son homologue ouzbek réélu fin mars avec 90,39 % des voix, glissait perfidement – et anonymement – un opposant rencontré peu avant le scrutin. La participation a atteint le chiffre record de 95,22 %, selon la commission.

Les deux rivaux désignés par le pouvoir pour donner à l'élection une apparence d'ouverture obtiennent des scores à la hauteur de leur notoriété et de leur exposition médiatique. Le premier, un communiste « antioccidental » obtient 1,87 % ; le second, syndicaliste « écologiste », 0,63 %.

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Y a-t-il eu fraude ? Difficile de le dire, et les conclusions de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), invitée à observer le scrutin, étaient encore attendues dimanche soir. Le chiffre de la participation – 95 % – paraît particulièrement élevé, tant la campagne a été amorphe. Pratique classique en Asie centrale, les entreprises publiques avaient par exemple reçu des quotas de participation à remplir.

En 25 ans à la tête du Kazakhstan, M. Nazarbaïev a bâti un système autoritaire et immensément corrompu qui ne tolère aucune contestation. En 2007, un amendement constitutionnel a supprimé, pour lui et seulement pour lui, la limite fixée à deux mandats successifs.

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Le « leader de la nation », titre qu'il s'est octroyé en 2009, jouit néanmoins d'une popularité réelle. S'appuyant notamment sur l'argent des matières premières (pétrole en premier lieu, mais aussi gaz, uranium et autres métaux), il a su imposer le Kazakhstan sur la scène internationale et manoeuvrer habilement entre les appétits des puissants voisins russe et chinois. Surtout, il a su maintenir la stabilité d'un pays jeune, immense et multiethnique.

Phase de turbulences

Son âge, 74 ans, et sa santé, notoirement mauvaise, laissent penser que ce cinquième mandat sera le dernier du président. Nombre d'observateurs estiment même que le président n'accomplira pas son mandat en intégralité et que la date de l'élection, initialement prévue en 2016, a été avancée pour donner un nouveau souffle au régime au moment d'aborder le dossier de la succession. Dimanche, lors d'une conférence de presse en marge du scrutin, M. Nazarbaïev a d'ailleurs effleuré le sujet, indiquant qu'il mettrait rapidement en place des « commissions chargées de réfléchir à des réformes institutionnelles ».

Le dossier est d'autant plus délicat que le Kazakhstan aborde une phase de turbulences. L'agression russe contre l'Ukraine a fortement crispé les dirigeants kazakhs. Astana a beau être un allié de Moscou, avec qui il a cofondé l'Union eurasiatique, le pays a constamment, depuis son indépendance, cherché à s'émanciper en cherchant de nouveaux partenaires. Le scénario d'une déstabilisation orchestrée par la Russie, qui pourrait notamment s'appuyer sur la minorité russe (25 % de la population), est dans toutes les têtes.

Les menaces sont aussi d'ordre économique. Depuis l'indépendance, le Kazakhstan s'est développé de manière spectaculaire notamment grâce à ses réserves abondantes de matières premières. Son PIB par habitant devrait dépasser cette année celui de la Russie. Mais il souffre durement de la baisse des prix du pétrole, et subit de plein fouet le contrecoup du ralentissement russe. En 2015, la croissance devrait ralentir à 1,9 %, loin des 6 % en moyenne qu'il connaît depuis dix ans. Un mot fait particulièrement peur, tant à la population qu'aux autorités : dévaluation. Après une première baisse du cours du tengue en février 2014 (19 %), une deuxième vague paraît inévitable. Elle pourrait atteindre 50 %. En 2011, c'est un mécontentement social et non politique qui avait déclenché les troubles les plus graves de l'histoire du pays, à Janaozen, dans l'ouest, où la grève des ouvriers du pétrole s'était soldée par plusieurs dizaines de morts.

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