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mardi, 24 décembre, 2019
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Kaci Tansaout. Coordinateur du CNLD : «Il n’y a aucun signe d’apaisement»

24 décembre 2019 à 10 h 06 min

– Plusieurs procès de détenus d’opinion et politiques sont prévus cette semaine alors que d’autres ont été reportés par la justice. Pourriez-vous faire le point sur l’évolution de la situation ?

L’acteur Abdelkader Djeriou a été relâché, avant-hier. Son avocat a annoncé que le procureur du tribunal de Tlellat a décidé de classer définitivement le dossier Djeriou alors qu’il devait être convoqué pour une comparution directe. Il y a aussi 13 détenus du hirak qui ont été libérés, hier, après avoir purgé une peine de 6 mois de prison.

Il y a également le procès du capitaine de bord Hamza Djaouadi, dont la date n’a pas encore été fixée. Sinon, le reste des procès ont été reportés au 5 ou 19 janvier 2020. La justice continue de fonctionner avec le téléphone. Je ne comprends pas pourquoi elle continue à reporter les procès des détenus.

A titre d’exemple, le procès de Mustapha Bendjama, journaliste et rédacteur en chef du journal Le Provencial, édité à Annaba, a été reporté pour la troisième fois. Il lui est même interdit de participer aux marches et autres manifestations. Il est aussi frappé d’interdiction de sortie de territoire national. Son sort ne diffère pas des détenus d’El Harrach. La justice est toujours aux ordres. Rien n’a changé. Le nombre des arrestations a augmenté depuis les élections du 12 décembre.

Beaucoup de personnes sont quotidiennement convoquées par la justice pour entrave à la campagne électorale. Il n’y a aucun signe d’apaisement de la part du régime. Pour preuve, les demandes de libération provisoire de Karim Tabbou et de Fodil Boumala ont été rejetées par la justice.

– Le nouveau président Tebboune n’a toujours pas évoqué le dossier des détenus politiques et d’opinion, dont la libération figure parmi les mesures d’apaisement réclamées par le hirak. Un commentaire…

Durant la campagne électorale, il n’a pas soufflé mot sur le sort des détenus, à l’instar des autres candidats. Abdelmadjid Tebboune, un produit du système, a servi l’ancien président déchu Bouteflika pendant 20 ans. Pour se prévaloir du peu de légitimité, il a annoncé qu’il serait retiré le titre «excellence» traditionnellement accolé à celui de président de la République, et dit souhaiter être appelé simplement «M. le président».

Or, il était celui qui a usé jusqu’à la corde de ce vocable. On est dans la continuité du 5e mandat. Tebboune a été désigné par Gaïd Salah et attend ses consignes pour se prononcer. S’il jouissait de ses prérogatives, il doit assumer ses pouvoirs et ses positions. S’il veut se targuer d’un peu de légitimité, il va demander pardon au peuple algérien et aux détenus politiques et d’opinion injustement incarcérés.

Par définition, le chef de l’Etat n’a pas les pouvoirs de grâce. C’est plutôt le Président qui dispose de ce pouvoir. Mais Tebboune est affaibli. D’ailleurs, il vient de reconduire le même gouvernement désigné par Bouteflika. Tout le monde sait qu’il n’a aucun pouvoir de décision. On n’attend rien de lui et on refuse toute offre de dialogue.

– Quelles sont les conditions d’incarcération des détenus ?

Les conditions de détention sont mauvaises dans l’établissement pénitencier d’El Harrach (Alger), de l’avis même de détenus. Le dernier témoignage en date est celui de Messaoud Leftici, qui vient de recouvrir la liberté.

Il était en isolement depuis le début décembre parce qu’il avait refusé d’obtempérer à une décision de l’administration lui enjoignant de faire des travaux d’intérêt public. Selon ses avocats, il a été placé dans une chambre de deux mètres carrés, dépourvue de lumière. Quand il allait à la rencontre de ses avocats, il avait les yeux incommodés par la lumière.

– La solidarité citoyenne avec les détenus et leurs familles est-elle toujours de mise ?

Il y a un extraordinaire élan de solidarité en Algérie et à l’étranger envers les détenus et leurs familles. A titre d’exemple, les avocats bénévoles qui défendent les détenus sont en train d’écrire leurs noms dans l’histoire.

La solidarité s’exprime aussi à travers le suivi psychologique des détenus et de leurs familles par des psychologues bénévoles. Lors de notre dernière réunion, des représentants des victimes des récentes violences policières de Bouira ont pris contact avec le CNLD.

Il y a un travail qui se fait au niveau des hôpitaux de Bouira, Tizi Ouzou et Béjaïa pour prendre en charge ces blessés. Il y a aussi des médecins d’Alger qui sont volontaires. Sur le plan juridique, il y aura prochainement des poursuites judiciaires contre les auteurs des violences policiers survenues à Bouira.

– Les membres du CNLD, à la pointe dans la défense des détenus du hirak, font-ils l’objet de pressions de la part des services de sécurité ?

Le CNLD est visé depuis quelque temps. Vendredi dernier, Farid Hami a été kidnappé à Alger en marge d’une marche, avant qu’il ne soit relâché. Il y a aussi Mme Briki, membre actif à Alger, qui a été interpellée, il y a de cela un mois, par des civils avant une marche antirégime.

Dans certaines wilayas comme Annaba, Tlemcen et Oran, les services de sécurité ont interrogé des manifestants arrêtés sur leurs liens avec le CNLD, selon des témoignages. En dépit de ces pressions, les familles de détenus continueront à marcher tout comme les détenus qui ont été libérés jusqu’ici.

Nous tenons, par ailleurs, à dénoncer les arrestations et les intimidations envers les avocats lors des manifestations du 12 décembre. Nous dénonçons aussi les arrestations de plusieurs journalistes et les intimidations qu’ils subissent dans l’exercice de leur métier.  


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